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    Une banale histoire humaine

    Johànn
    Johànn


    Messages : 6
    Date d'inscription : 25/10/2011

    Une banale histoire humaine Empty Une banale histoire humaine

    Message par Johànn Mar 25 Oct 2011 - 19:10

    [ Comme ce personnage commence enfin à "vivre" en rp, je me permet de remettre ici la copie du texte posté anciennement sur l'autre forum. Ce petit (hem...) texte contient tout le passé du personnage. Ah oui, n'y voyez aucune prétention d'écriture. Et oui, c'est un reroll. ]


    Les bruits de pas résonnent dans la ruelle, ceux d’une course éperdue, haletante, d’un homme qui fuit droit devant lui Il se tourne souvent pour voir par-dessus son épaule, tenter d’apercevoir ce qu’il fuit. Homme ? Bête ? L’obscurité d’une nuit sans lune ne laisse rien deviner en son sein. Il court toujours, trébuchant, se rattrapant à la paroi et repartant de plus belle. Enfin il s’arrête à l’abri d’un porche, se croyant hors d’atteinte, protégé par le renfoncement du mur qui le cache aux regards. Le souffle court, plié en deux, il tente de reprendre ses esprits. Alors qu’il se croit déjà sauvé, l’ombre paraît se refermer sur lui, une main gantée de noir se pose sur sa bouche, appliquant fermement le chiffon sur son nez. Tout se brouille tandis que la drogue engourdit ses sens. Noir… si… noir.

    " Alors, on revient parmi nous ? " Une voix moqueuse traverse les brumes de l’esprit qui se réveille, celle d’un homme. Le regard s’affirme, la tête se relève et tente de localiser l’origine de la voix. Enfin il peut le voir, mettre une image sur celle-ci. Assis à califourchon sur une chaise, un mètre à peine le sépare de son agresseur ; des yeux gris-vert, une chevelure rousse piquetée de gris dont les mèches mi-longues sont en bataille, le visage à découvert, celui d’un homme dont les rides ne permettent plus de cacher l’avancée de l’âge. Il peut autant bien avoir 30 ans que 50, car les épreuves de la vie, bien plus que l’âge, semblent avoir posées sur lui leur empreinte indélébile. Voyant que sa victime revient à elle, il se lève, repousse la chaise contre le mur et vient se planter debout devant lui, mains sur les hanches, toisant son prisonnier. " Randy Tahal Laugton, j’ai un message à vous remettre de la part de quelqu’un qui vous connaît bien. Le dernier. " L’homme à terre essaye de remettre en ordre le fil de ses pensées, tandis qu’il constate que ses poignets et ses jambes sont fermement entravés. La panique qui commence à monter en lui, à emplir son regard, n’échappe pas à celui qui le toise toujours et le fais même sourire. Le sourire de quelqu’un qui observe une mouche engluée dans une toile dont l’araignée se rapproche inexorablement.

    " A.. attendez ! Comment ça, le dernier ?! Qui vous envoie !?? " La voix tremble, dégoulinant la peur et la panique. Il commence à imaginer, à entrevoir la vérité. Pour seule réponse, son agresseur met sa main dans la poche de son pantalon et en sort un petit paquet qu’il déballe consciencieusement. Un objet est lâché à hauteur du visage de l’homme à terre, heurtant le sol avec un petit bruit clair ; la bague, car c’est une bague, tournoie un moment avant de se retomber, immobile, semblant le narguer. Ses yeux s’écarquillent de terreur lorsqu’il voit l’écusson de la chevalière, qu’il comprend qui lui a tendu ce piège et pourquoi ; il sait désormais que son sort est scellé. La terreur s’empare de ses traits, il veut crier, hurler sans doute, mais un coup de pied bien envoyé le coupe net dans ses velléités. " Tss pas de ça, cher ami. Elle a tenu à vous faire dire que l’héritage serait en de bonnes mains avec elle, et qu’il ne fallait pas vous inquiéter pour ça ". Le ton est badin, comme si tous les deux discutaient mondanités dans un quelconque salon huppé. Tout en parlant, l’homme à la chevelure rousse a sorti une courte dague de l’étui accroché à sa ceinture. La faisant miroiter à la lueur des flammes des chandelles, il a l’air d’apprécier le tranchant de la lame avec gourmandise. A ses pieds, le prisonnier est abattu, assommé par le choc de la révélation. Et puis il implore d’une voix faible. " Je vous en prie… Il doit y avoir un moyen... Je... je peux payer… " Un silence lourd et pesant lui répond. Il se met à sangloter. " A-alors vous pouvez au moins me dire qui vous êtes ? P-pourquoi vous faites ça ? ". Cette idée à l’air de plaire à l’intéressé, car il sourit en abaissant la dague. Puis il reprend la chaise et s’installe face à sa future victime, penché en avant, les bras sur les genoux. " Oui, pourquoi pas. Ca, je peux bien vous le dire, comme dernières volontés. Oh oui, écoutez donc mon histoire, celle d’une vie brisée, avant que je m’empare de la vôtre. "





    " Je suis né Johànn Maximilian De Lothian, second fils de Richard De Lothian, un riche commerçant de Gilnéas lui même fils, petit-fils et arrière petit-fils de marchand, trois ans après mon frère Eloy.

    J’ai toujours été le mouton noir de la famille comparé à mon frère toujours si discipliné, si studieux, si proche de mon père. Pas comme moi… Je passais mon temps dehors, parmi les palefreniers et les garçons de ferme, les paysans et les gamins des bas quartiers, à courir dans la boue, monter aux arbres et, plus tard, draguer les filles et tester tout ce que la vie me présentait au lieu d’étudier la finance et le sens des affaires si chers à mon géniteur. Je faisais le désespoir de mes parents qui fondaient de grands espoirs sur leur descendance. Pensez donc, le manoir familial était entouré d’hectares de terres, chose rare à Gilnéas. Notre flotte de navire était parmi la plus grande du royaume et rapportait chaque mois des montagnes de tissus, d’épices, de produits rares et recherchés en provenance des terres exotique du sud et, plus tard, de Kalimdor. Nous étions couramment invités aux réceptions officielles et mon père fini même par être anobli, ce qui ne le rendit qu’encore plus arrogant qu’il ne l’était déjà. Je ne supportais pas ma famille, mon père surtout qui n’avait de cesse de me harceler et de tenter de me faire rentrer dans le rang, sous le regard satisfait de mon frère qui prenait un grand plaisir à me voir me faire humilier sans arrêt. Seule ma mère m’était d’un quelconque réconfort, elle à qui j’osais, parfois, parler de mes envies de liberté.

    Et puis il y eut l’incident. L’année de mes quinze ans, j’étais plus insupportable que jamais. Adolescent fugueur et insouciant, me rebellant contre l’autorité parentale de plus en plus souvent, ma mère avait réussi à me faire étudier en échange de la promesse de mon entrée au grand bal de l’été du Roi Grisetête, qui régnait d’une poigne de fer sur notre patrie. Et toute la jeunesse dorée du royaume se pressait à ses réceptions, moi y compris, afin de frimer devant les belles jeunes femmes et de pouvoir dire " j’y étais ". Et j’y étais effectivement. Ce soir là, je tombais en admiration devant le premier amour de ma vie ; elle était belle, du même âge que moi avec de grands yeux noisette taillés en amande, de longs cheveux noirs sagement tressés, une allure de princesse et un sourire ravageur avec juste ce qu’il fallait de timidité pour me faire littéralement craquer. Je ne sais aujourd’hui même plus son nom, mais je me souviens très bien qu’elle était une cousine éloignée du Roi, ce qui signifiait intouchable. Mais qui ne faisait que renforcer son attrait, à mes yeux de jeune insolent et insouciant.
    Je l’abordais sans détours et j’avoue sans fausse modestie qu’elle ne resta pas longtemps insensible à mes charmes. Il faut avouer que j’étais plutôt gâté par la nature, grand, mince et de belle allure avec ce que mes amies des bas quartiers appelaient " une belle petite gueule " sans oublier un solide sens de la gouaille aiguisé par des années de pratique. La sympathie fût immédiate, et réciproque. Nous nous mangeâmes des yeux toute la soirée sous le regard réprobateur des adultes avant la séparation forcée que la bienséance nous imposa.

    Toute la journée du lendemain je ne pensais qu’à elle, ma douce, mon sublime rêve. C’est sans doute ce jour là que je commis l’acte le plus inconsidéré de ma courte existence. Le soir même, sachant où elle était logée pour les quelques jours qu’elle passait au manoir royal, je déjouait la surveillance des gardes et rejoignît la propriété à l’écart qui était réservée à sa famille. Escaladant sans peine un chêne centenaire qui bordait son balcon, je vérifiais qu’elle était seule et frappait à sa fenêtre. Je vous laisse imaginer sa surprise lorsqu’elle m’aperçu ; j’était à ce moment très fier de mon arrivée. Elle me fit entrer dans sa chambre, apeurée à l’idée qu’on me voit ainsi sur son balcon et me réprimandât vertement. Je me souviens lui avoir alors offert mon sourire le plus désarmant avant de me baisser et de lui effleurer les lèvres qu’elle avait douce comme de la soie, caressant sa peau de pêche, noyant mon regard dans le sien. Jamais je n’oublierai ce contact. Jamais je n’avais touché une fille aussi ravissante et aussi parfaite qu’elle. Ce soir là, je transgressais toutes les règles et toutes les convenances en m’appropriant une fille de sang royal. Elle ne parût pas décontenancée de mon audace car elle ne s’y refusa pas longtemps.

    Malheureusement, il est impossible de garder un tel secret bien longtemps car, à Gilnéas, les murs ont des oreilles et les rumeurs vont plus vite qu’une balle de fusil. Deux jours après, j’étais convoqué avec mon père au manoir Grisetête. De toute urgence et en toute confidentialité. L’affaire pris une tournure de scandale allant jusqu’à menacer l’avenir de l’entreprise de mon père, sa réputation et le devenir de son nom même. J’avais commis une faute des plus impardonnable qui soit ! Mon père aurait pu me tuer sur place en apprenant mon acte mais, en bon commerçant qu’il était et bien conscient de la nécessité de préserver son propre sang, il parvint à discuter – et obtenir – pour moi une punition qui fût jugée par tous comme appropriée et honorable, sauvegardant ainsi les apparences. Il n’aurait pas fallu que tout cela s’ébruite. Ainsi, il proposa de me faire poursuivre mes études chez un de ses cousin qui s’était établi en Lordaeron et faisait lui aussi négoce des produits importés par mon père. Avant la fin de la semaine, j’étais ainsi envoyé en exil forcé dans un lieu inconnu, chez des gens inconnu, pour une durée qui promettait d’être longue. Jamais je ne revis la jeune fille ni eu de nouvelles d’elle.





    Lordaeron. Jamais encore je n’avais vu de cité aussi vaste, aussi prospère et faisant montre d’autant de faste et de puissance. Oh bien sûr, notre cité aussi était belle et puissante, mais elle restait toujours entourée d’une aura d’austérité dont Lordaeron n’avait cure. La cité des hommes montrait loin à la ronde ses hautes tours aux dômes étincelants surmontés de flèches d’or et de pierres précieuses, affirmant à tous sa hautaine suprématie. J’ai tout de suite aimé cette ville tellement plus vivante et plus moderne que Gilnéas. Je logeais chez le cousin de mon père, dans une chambre sous les toits confortable mais sans superflu. Visiblement, il avait reçu comme instruction de me faire vivre à la dure. Ca n’était pas pour me déplaire, même si le confort des draps de satin et les domestiques toujours à portée de voix sont un luxe auquel on peine à se défaire. La journée, je travaillais à son échoppe, d’abord comme vendeur puis bientôt à la comptabilité où, je dois bien le dire, je trouvais un certain plaisir à manier les chiffres. Le soir, je traînais en ville, allant me perdre dans ses ruelles bruyantes et colorées, admirant la richesse de son architecture, goûtant aux mets exotiques de ses tavernes – certaines mettaient même des bières naines en vitrine. Je vivais enfin, et pour la première fois de ma vie, une existence libre et loin des miens. La punition attendue ne fût au bout du compte qu’une bénédiction m’amenant quelques uns de mes meilleurs souvenirs. Et puis il y eût Eleanore…

    Ce cousin avait deux filles dont la plus jeune, Eleanore, apprenait le métier en accompagnant les délégations commerciales, toujours à la recherche de plus de débouchés. J’étais là depuis deux mois lorsque je la rencontrais pour la première fois. Elle venait de rentrer du royaume voisin de Strom et me fît grande impression. Presque aussi grande que moi, mince et fragile, elle était aussi blonde que les blés de printemps avec des yeux d’un bleu pâle et un visage finement dessiné au large sourire qui ne s’effaçait jamais. Ce ne fût pas un coup de foudre immédiat, mais le courant passa rapidement entre nous et bientôt, nous restions ensemble même en dehors du travail. Elle était mon aînée de deux ans, plus mûre et plus réfléchie et riait beaucoup de mes histoires de jeune chien fou que je racontais en y ajoutant nombre de détails piquants. Je lui avouais ma flamme au soir du nouvel an. J’avais à peine 16 ans, elle, 18. Le mariage fût prévu au printemps, avec l’accord et la bénédiction de nos parents respectifs. Mon père espérait enfin me voir rangé et ma mère était aux anges ; j’étais le premier à me marier, mon frère fréquentant alors une fille d’une famille de la noblesse de Gilnéas qu’il épouserait l’année suivante. Tout allait pour le mieux dans le meilleur des mondes.

    La rumeur des menaces qui s’annonçaient au nord parvint rapidement à la cité et devint en quelques jours le sujet de conversation privilégié de tous. Je ne m’en inquiétais tout d’abord pas, car Lordaeron et sa puissance militaire pouvait, je n’en doutais pas, faire front à n’importe quelle danger. C’était ignorer l’ennemi que nous avions en face, un ennemi plus décidé et plus retord que jamais. Alors que les mouvements de troupes s’intensifiaient, on parla beaucoup d’un nouvel accord d’alliance entre les royaumes du nord, dont Gilnéas. Mais il apparût assez vite que le Roi Genn n’avait nullement envie de se lancer dans une mobilisation qu’il jugeait désastreuse pour son propre peuple. C’est là que l’idée du mur germa dans les têtes des ministres les plus influents du conseil. Pendant l’année, j’avais reçu des lettres de ma famille, ma mère surtout, me faisant part de l’évolution politique de mon pays. Et puis, à la fin de l’été, une lettre au ton alarmant qui m’incitait à revenir rapidement si je souhaitais encore pouvoir le faire. En effet, la construction du mur allait bon train et il serait terminé avant l’hiver. Une fois les portes refermées, je n’aurai sans doute plus la possibilité de retourner chez moi. Eleanore et moi en discutâmes longuement. Bien sûr, elle aimait ses parents et sa ville, mais je fini par la convaincre que nous serions plus en sécurité derrière un mur infranchissable que dans une cité dont les murailles affichaient déjà les noms des premiers morts. A l’automne, je pus enfin admirer la splendeur des vastes champs de pommiers de Gilnéas, recouvrant la plaine de leur tapis de feuilles couleur de rouille. J’étais de retour chez moi, une année à peine après mon départ forcé et je ramenai avec moi l’amour de ma vie. Si j’avais su, alors, que j’emmenais avec moi les germes du désespoir… Que ne donnerai-je pas, aujourd’hui, pour revenir à cette période et faire un autre choix.

    La vie continua de manière paisible pour nous, bien à l’abri derrière les hautes murailles qui isolaient désormais Gilnéas du reste du monde. Officiellement, nous n'avions plus aucun lien avec l’extérieur par ordre royal, mais mon père parvint, avec bien sûr des connivences en haut lieu, à maintenir de discrets contacts avec quelques navires qui continuaient à sillonner les mers pour nous amener tout ce dont la haute société gilnéenne pouvait manquer, navires dont les équipages étaient plus proches de corsaires, voir de pirates, que de marins de commerce d'ailleurs, plus enclins aux risques et grassements payés pour. Mais grâce à eux, ma famille pût continuer à vivre dans l'opulence et jamais nous n’avons eu conscience du mal qui envahissait le reste du monde. Et les années passèrent. Mon frère se maria, signant une union de convenance bien plus que d’amour ; mon père avait enfin ses deux fils à ses côtés dans ses affaires ; le royaume continuait son existence paisible et recluse. Enfin, comme la cerise sur le gâteau, Eleanore m’annonça qu’elle était enceinte. J’étais au comble du bonheur.

    Alicia vit le jour au début du printemps l’année de mes 20 ans, saluée par la renaissance de la nature après un hiver qui fût particulièrement rude. Sa naissance difficile nous fît craindre le pire autant pour elle que pour ma femme et nous décidâmes alors de ne plus avoir d’autres enfants, sur conseil des médecins. La mère était trop fragile pour courir le risque d’une seconde grossesse et risquait d’en mourir, d’après eux avec une quasi certitude. Mais ça ne gâchait en rien notre bonheur ; notre petite fille était un rayon de soleil pour nous et, pour la première fois de ma vie, je vis mon père sourire face à ce petit être qui découvrait le monde. Il avait donc un cœur… Sans doute cette révélation me rapprocha un peu de lui et me fît prendre conscience du temps qui passe. Avec mon frère par contre, l’entente ne fût jamais cordiale et nous finirent par nous éviter consciencieusement, chacune de nos confrontations virant à la prise de bec. Il me jalousait pour avoir repris ma place dans le giron familial après mes erreurs de jeunesse. Jamais il ne me pardonna d’être revenu. J’appris par ma mère qu’il avait eu deux filles, des jumelles, que je ne vis jamais. Mais j’étais bien trop occupé à admirer ma propre fille, à m’émerveiller devant chacun de ses progrès, pour m’offusquer de cet état de fait. Et chaque année qui passait m’apportait son lot de petits bonheurs quotidiens.

    Une ombre se posa sur ma femme et je ne le remarquais pas. Trop occupé par mon travail, trop pris par d’anciens amis avec qui j’avais renoué, je ne vis pas ma propre femme, mon amour éternel, s’enfoncer lentement dans une profonde dépression. Sa famille, sa ville, sa vie d’avant, tout lui manquait. Le gris du ciel de Gilnéas, le brun des façades, les pavés noirs, tout contrastait terriblement avec l’univers qu’elle connaissait avant. Même les gens d’un abord si froid ici lui rappelaient cruellement l’ouverture des gens du nord. Devant moi, elle montrait toujours un visage souriant mais l’étincelle de ses yeux finit par disparaître, sauf quant elle était avec Alicia. C’était sans nul doute la seule chose qui lui permettait de tenir bon, son îlot de bonheur. Notre fille atteint ses dix ans en devenant une enfant vive et intelligente, dont la beauté éclipsait presque celle de sa mère. Gaie et espiègle, elle faisait ma fierté et la joie de ses grands parents. Son avenir lui promettait une vie radieuse, j’en étais persuadé. Pour l’occasion, sa dixième année et mes trente ans, une grande fête fût prévue pour le début de l’été. Les préparatifs m’occupèrent encore plus que d’habitude et je délaissai ma femme, ignorant les signaux alarmants qu’elle lançait. Elle mangeait de moins en moins, était souvent malade et souriait de moins en moins. Même la présence de notre petit ange n’arrivait plus à lui rendre un semblant de joie de vivre. Et j’étais aveugle à tout ça. Comment ai-je pu ne pas le voir…

    Un soir où je rentrai plus tôt que d’habitude, je trouvai la porte de la maison fermée, le verrou tiré de l’intérieur. Nul ne répondit à mes appels et mes coups sur la porte ne firent que résonner dans la demeure qui semblait vide. Je commençai à m’inquiéter et fît le tour pour entrer par la porte de service qui, elle, avait un verrou que je pouvais ouvrir de l’extérieur. Je rentrai dans ma maison, étreint par une sourde angoisse. Le silence pesant régnait en maître, les rideaux étaient tirés, l’intérieur soigneusement rangé et nettoyé comme si ses occupants ne devaient plus y revenir. J’appelai les noms de mes deux amours mais seul l’écho me répondit faiblement. Je montai lentement à l’étage, craignant ce que je pouvais y découvrir. Enfin, j’arrivai à notre chambre et poussai doucement la porte. Je réprimai un cri d’effroi en découvrant ma femme, ma moitié, ma douce et tendre Eleanore, pendue à la poutre centrale, un tabouret gisant à ses pieds, morte. Je parcourai fébrilement la pièce du regard, hagard, choqué, et une idée terrifiante me vint à l’esprit. Je fis demi tour, courrant dans le couloir, manquant de m’étaler sur le tapis si cher aux motifs exotiques. Enfin, je m’arrêtai devant la porte de la chambre de notre fille d’où aucun son ne parvenait. Mon cœur battait la chamade, prêt à rompre me semblait-il, je déglutit tout en posant une main tremblante sur la poignée. Redoutant une vérité pire encore que mes craintes les plus folles, j’ouvris lentement, restant quelques instants sur le seuil pour laisser à mes yeux le temps de s’habituer à l’obscurité emplissant la pièce aux volets clos. Et là je la vis… Mon petit ange, mon enfant si jeune, si innocent, était allongé sur le lit, son beau regard vert fixant un plafond qu’elle ne voyait plus. Je criai en faisant les quelques pas qui me séparait d’elle, la pris dans mes bras tandis que je ne pouvais y croire, que je l’appelais, passant ma main dans sa chevelure d’or comme je l’avais si souvent fait pour la réveiller. Mais elle ne se réveillerait pas, cette fois. Plus jamais. Avant de mettre fin à ses jours, sa propre mère, celle que j’avais tant aimé, avait étouffé sa fille – ma fille - avec le cousin qui trônait en ce moment même sur le lit. J’étais anéanti. Détruit. Je serrais le petit corps déjà froid contre moi, pleurant, sanglotant pendant des heures sans le lâcher. Ma vie venait de s’effondrer sous mes pieds.





    Elles furent enterrées dans le cimetière de notre famille, en bordure de la forêt où j’allais jouer, enfant. Je restais devant les deux monticules de terre fraîche longtemps après tous les autres, réfléchissant à ma propre existence désormais vide de sens. Eleanore m’avait laissé une longue lettre où elle s’excusait de me laisser seul, où elle me disait qu’elle ne pouvait plus résister à l’ombre qui la rongeait, critiquant mes absences, appelant de tout son cœur une aide qui n’était pas venue. Elle y disait aussi qu’elle n’avait pu se résoudre à laisser la chair de sa chair affronter sans elle les épreuves de la vie, ne voulant pas la laisser perdre son innocence face à un monde si noir, si cruel, si insupportable qu’elle ne voyait plus d’autres solutions. Elle s’y excusait tant et plus… mais cela ne me les ramènerait pas. Après ça, c’est comme si les liens qui me rattachaient encore à une vie honnête et normale s’étaient brisés sans espoir de retour. Je tentais de reprendre ma vie d’avant, mais j’étais incapable de me concentrer, de travailler. Je passais mes soirées dans les tavernes les plus glauques de la ville, à ruminer des idées de plus en plus noires, aidé par la boisson qui prit rapidement une importance vitale à mes yeux. Puisque je ne pouvais vivre avec ce chagrin, je le noyais sous un océan d’alcools forts à toute heure du jour et de la nuit. Je devins une loque, un débris incapable de faire quoique ce soit. Mon père me renvoya en m’ordonnant d’arrêter de boire. Ma mère me rendit visite, mais j’étais tellement désagréable avec elle que je fini par l’insulter en lui montrant la porte. Je ne voulais voir personne et surtout pas les miens.

    J’étais fichu. Un mort vivant pour qui la vie n’avait plus de raison d’être. Je pensais de plus en plus à les rejoindre. Un soir où, de nouveau, je m’étais enivré jusqu’à me faire jeter hors de toutes les tavernes, je me tenais debout sur les bords du canal qui traversait la ville, les yeux rivés sur le surface miroitante de l’eau en contrebas. Je soliloquais à mi-voix, l’esprit embrumé par l’alcool, prêt à m’y jeter et me laisser m’y noyer. C’est alors qu’il vint à moi. Je le reconnu facilement malgré mon état, grâce à ses yeux vairon ; on n’oublie pas une chose pareille. C’était une vielle connaissance que je n’avais pas revue depuis mon départ pour Lordaeron, une petite frappe des bas quartiers qui, enfant, avait été pris d’affection par un des caïds du coin. Il s’appelait Livio. A l’époque, nous avions fait les quatre cent coups ensemble. Il semblait désormais avoir grimpé les échelons tout en restant dans le milieu. Bien sûr, il était au courant de ma déchéance et il en était désolé. Il compatissait. Je ne me souviens pas des mots qu’il dit ce soir là, mais le lendemain je retrouvais dans la poche de ma veste un nom et une adresse. J’allais sur place, mû par la curiosité. Je n’avais plus rien à perdre. C’était un magasin d’articles ésotériques fait de bric et de broc, situé dans un immeuble qui avait connu des jours meilleurs, à la périphérie des quartiers commerçants. Il était tenu par une femme qui, comme la maison, avait elle aussi connu des jours meilleurs. Elle semblait sans âge, tirant lentement sur une fine cigarette, un jeu de tarot de l’ancienne mode posé devant elle. En me voyant, elle se leva et m’accueillit comme si elle m’attendait. J’étais sale, négligé, je ne me lavais plus, ne me rasais plus. J’avais un peu honte mais elle ne paru pas le remarquer. M’invitant à la suivre, elle m’installa dans l’arrière boutique où, malgré mes protestations, elle me prépara un déjeuner d’œufs et de jambon. C’était simple, mais je n’avais rien mangé d’aussi bon depuis des lustres. S’excusant, elle retourna à sa boutique en me demandant d’attendre celui que j’étais venu voir. Il avait du retard. Comme si j’avais pris rendez vous…

    Ils avaient besoin de quelqu’un qui avait une bonne réputation, qui ne pouvait être suspecté et qui n’avait rien à perdre. Exactement mon profil. Ils avaient des visées sur un bourgeois qui faisait une ascension rapide en écrasant la concurrence par des moyens plus ou moins avouables. Seulement il avait des protections hauts placées, était intouchable politiquement et s’était entouré d’une armada de gardes. C’était simple : je me faisais introduire chez lui sous un prétexte quelconque, le tuait, et certainement me faisait prendre. Au pire, niant toute implication avec eux, je me faisais exécuter dans la semaine ; au mieux j’étais tué sur place par ses gardes. Pourquoi pas. Me faire recevoir par lui fût facile, tout le monde avait entendu parler de ma tragique histoire. Il me suffisait de lui faire croire que je cherchais de l’aide ou du travail. Une fois dans son cabinet privé, je l’exécutai en priant le ciel pour que la panique ne m’en empêche pas. Heureusement pour moi, ou malheureusement selon les points de vue, je parvins à m’en sortir en accusant un domestique qui avait eu la mauvaise idée d’entrer après mon crime et que j’avais dû faire taire. Soudain, je n’avais plus envie de mourir. Le seul témoin faisait un parfait coupable, surtout une fois mort lui aussi et je passais ainsi pour un miraculé, moyennant une petite mise en scène.
    Après ça, je pris une décision irrévocable. Je mis ma maison en vente, ne gardant rien de ce qu’elle contenait, à part quelques images des jours heureux et l’alliance d’Eleanore. Je coupais les ponts avec ma famille en leur envoyant une lettre d’adieu et retournai à la boutique. Ils allaient me former, m’entraîner, faire de moi leur instrument froid et efficace ; j’avais découvert dans le fait de donner la mort un exutoire à mon chagrin, une manière de laisser sortir la rage qui m’habitait. Que le semblant de vie qui m’habitait encore serve au moins à quelque chose.

    Si j’avais toujours été en bonne forme physique, ça n’avait rien à voir avec ce qui m’attendait. L’entraînement dura des mois, intense, durs, sous les instructions de mon ami d’enfance. Combien de fois je m’effondrai en maudissant le sort ? Mais je m’étais donné un but et si je ne le tenais pas, je n’avais qu’à retourner au canal. Avec le temps, cette idée ne me plaisait plus du tout. Je n’avais plus touché une goutte d’alcool non plus depuis ce fameux jour. A croire que le fait d’ôter la vie m’avait rendu plus capable d’affronter mes problèmes en face ; en tout cas, il y a une chose de vraie : c’est toujours la première fois la plus difficile, après, on s’habitue. La vieille femme de la boutique se faisait appeler Bonnie et c’était réellement comme une mère pour tous les gens du groupe. Elle s’en occupait, les grondait, les consolait, les soignait. Elle réglait aussi leurs problèmes personnels, les aidait pour tout ; leurs factures, leurs histoires de cœur, tout. C’est elle qui m’initia au tarot ancien, un jeu qui ne se pratiquait presque plus ailleurs qu’ici. C’est plus qu’un jeu de carte. Cela m’a permis de me distancier du présent et de moins me soucier de l’avenir. Elle m’a dit un jour que mon destin n’était pas lié à Gilnéas. Je ne voyais pas comment j’aurai pu aller ailleurs, à l’époque. Nous vivions toujours en vase clos, occupés seulement à nos problèmes internes et aux nombreuses querelles entre familles, entre concurrents, entre nobles… Et il y avait toujours besoin de petites mains pour les basses besognes. Je ne tardais pas à effectuer mes premières missions et à y démontrer un certain talent.

    Les années passèrent ainsi, faites de routine, et ma nouvelle vie me plaisait malgré le dégoût que j’avais au départ dans le fait de tuer mes semblables. Mais même ça fini par passer. Et ce n’était pas si courant. La majeure partie de nos activités se concentraient sur le vol, l’espionnage et l’extorsion. Si j’y avais trouvé une nouvelle famille, je n’avais toutefois pas complètement oublié la mienne et parfois, j’allais en cachette voir ma mère qui, à chaque fois, fondait en larme en me suppliant de revenir à une vie d’honnête homme. C’était la seule à être plus ou moins au courant. Mon père ne m’avait pas adressé la parole depuis des années. J’ignorais tout de mon frère. J’avais renié jusqu’à mon nom et tout le monde me surnommait " Courant d’air ". A peine ici, et déjà là bas ; j’étais rapide et discret, d’où mon surnom. Peu de gens connaissaient mon origine, parmi mes compagnons. Notre petite organisation de quartier avait pris de l’ampleur avec le temps et fini par être impliquée dans une trame bien plus vaste. Les gens, une partie des gens, commençaient ouvertement à critiquer la politique isolationniste du Roi Genn, perpétuant celle de son père. Il y avait des gens haut placés parmi eux, des bourgeois, des nobles. De tout. Et nous. Sauf que nous, ce n’était pas par idéologie mais bien parce que nous étions payés pour les servir, et plutôt bien. Pour ma part, je n’avais que faire d’une ouverture des portes, je dirai même que c’était le dernier de mes soucis.





    Les rumeurs commencèrent à l’automne. Celle d’une étrange invasion, de morts suspectes. De jour en jour, la panique monta dans la population et personne ne pouvait mettre un nom sur l’ennemi insidieux qui avait infiltré notre petit monde. Les gens étaient pour beaucoup dans l’ignorance des dangers qui se pressaient à nos frontières et qui convoitaient nos terres. Et ils ignoraient encore plus les moyens développés pour les contrer… Et l’épidémie commença. Le Roi et ses hommes tentèrent d’étouffer l’affaire, mais en quelques mois ça avait pris une telle ampleur que c’était devenu impossible de le cacher plus longtemps. De mystérieuses créatures nous avaient envahi, mi-homme mi-loup, et leur provenance était sujette à toutes les interrogations. Personnellement, je soupçonnais que le gouvernement n’était pas tout blanc dans cette histoire. Je n’étais pas le seul, car nous avions été chargés de découvrir des documents secrets dans un des bureaux du ministère de l’armée. Une des missions les plus difficiles à réaliser de ma vie. Pour cela, il a fallu des semaines de préparation et une dizaine d’hommes. Et bien sûr, ce fût un fiasco total. Le soir de l’infiltration arriva, dirigée et préparée par mes soins ; mais nous allions tomber dans un piège préparé par l’armée. Attendu, la plupart de mes compagnons furent tués avant même de pouvoir effectuer un geste de défense. Nous avions été dénoncés ; jamais je ne su par qui. Moi et quelques survivants désignés comme les meneurs nous retrouvâmes en prison, accusés de haute trahison et d’espionnage. Ce qui équivalait, en ces temps de troubles où la guerre n’était pas loin, à une condamnation à mort sans même de procès. Cette fois, j’étais certain de payer enfin l’échec de ma vie.

    Alors que je rongeais mon frein derrière les barreaux, passant en revue mon passé pour y trouver un peu de réconfort, dehors, les événements se précipitaient. Les Réprouvés tentaient d’ouvrir une brèche dans nos murs depuis des années et, aidés par la horde, ils y arrivèrent enfin. Ce fût, pour la première fois de son histoire, la guerre ouverte à Gilnéas. Et nos défenses tombèrent les une après les autres. Je n’ai rien vu des combats et des horreurs de l’extérieur, je n’en ai eu que des échos par les histoires des survivants. Ce que je sais, c’est qu’à la prison, il y eu une émeute. Nous ne voulions pas mourir comme des chiens, bloqués dans nos cellules. Les gardes dépassés finirent par sortir en bloquant les issues. Finalement, par je ne sais quel miracle, je parvint à m’enfuir en profitant de la cohue ambiante. Beaucoup d’autres ont fait pareil, certains y sont restés. J’ai eu de la chance, c’est tout. Une fois dans la ville, je n’en croyais pas mes yeux. Partout, des barricades, des cadavres humains et lupins, des cris et des combats. L’odeur des incendies se mélangeait à celle de la poudre et de la mort.

    C’est en me faufilant à travers les ruelles étroites que je connaissais si bien que je fus pris par surprise par une de ces bêtes. Il sauta sur moi d’une terrasse en hauteur, griffant mon dos et mordant mon épaule alors que, d’instinct, je m’étais roulé en boule pour me protéger. Avant de pouvoir réagir, une salve de fusil l’avait envoyé voler à deux mètre de moi. Je me relevai et eût à peine le temps de voir un visage jeune et féminin qui me regardait durement. Elle me demanda si j’avais été touché, si j’avais été mordu. Quelque chose me fit me méfier et je répondis que non, juste des égratignures. Je ne sais pas pourquoi elle m’a cru. Les femmes ont souvent cru ce que je racontais sans poser de questions. Elle me pris par la main et m’amena sur la place principale de la cité, là où les derniers défenseurs organisaient l’évacuation de la ville sur les hauteurs des falaises, mieux protégées que la plaine. Evitant de croiser un regard qui aurait pu me dénoncer, je me fondait dans la foule et suivît le mouvement lors du départ. Je vis le Roi Genn sur un destrier gris, prêt à lancer le dernier assaut pour protéger nos arrières, son fils à ses côtés. Quoique que j’aie pu en penser, il avait une allure fière et digne qui m’impressionna. Depuis ce soir là, je n’ai plus jamais revu aucun de mes compagnons, ni Livio, mon ami aux yeux vairons, ni Bonnie et j’ignore totalement ce qu’il est advenu des membres de ma famille.

    Le reste n’est que détail. Les premiers symptômes se développèrent peu de temps après parmi les réfugiés; nous fûmes mis à l'écart au fur et à mesure. Heureusement, ils avaient trouvés un moyen de " soigner " ce léger souci... Le nombre de Gilnéens se réduisait à vue d'oeil et ils ne pouvaient se permettre de perdre encore plus de citoyens, même si ceux-ci étaient légèrement " différents " après coup. Le Roi lui même passa dans le village de fortune avec un mot pour chacun, un regard apaisant. Il avait perdu son fils lors des combats mais restait toujours aussi fier. Et, enfin, l'ordre vint d'évacuer Gilnéas tout entier. De partir loin, quitter les terres qui nous avaient vu naître. L'exode commença, aidé par ces étranges êtres que sont les elfes de la nuit; mais je ne parti pas avec eux. Je me glissai dans la forêt et évitai les poches de Réprouvés présentes dans la région. Passant par le nord du continent, je traversai les vieux royaumes dont j'avais été bercé par les histoires de mon enfance: Arathi, Strom, Menethil... Je survivais de mon mieux, chapardant de la nourriture lorsque c'était possible. Traversant les montagnes, je parvins sur les terres des nains où je restais un moment, les regardant vivre. Puis, continuant vers le sud, je fini par arriver à Hurlevent, le fameux royaume humain qui avait pris la place de Lordaeron après sa chute. Et voilà, voilà toute mon histoire. "


    Arrivé à la fin de son récit, Johànn se relève lentement, s'étire et bâille puis repousse à nouveau la chaise sur le côté. Son prisonnier a-t-il réellement écouté ses paroles, où n'était-ce qu'un prétexte pour gagner du temps? Cette idée n'a pas l'air de troubler le voleur. " Depuis que je suis ici je survis en faisant ce que je sais faire de mieux. Assassinat, vol... Comme vous le voyer, très cher ami, j'y suis plutôt doué. Vous ne trouvez pas? Allons cessez de geindre. Je vous promets que cela ne sera pas si désagréable. Je vous remercie de votre écoute, d'ailleurs; j'aime bien parler de moi, vous savez. " Tout en prononçant ces paroles, il a ressorti la dague de son fourreau et la tient négligemment en main. A ses pieds, comme reprenant du poil de la bête, l'homme se tort dans tous les sens, lançant des regards désespérés autour de lui et implorant d'une voix brisée où se mêlent des sanglots. " Chuut, de toute manière vous n'irez pas le répéter. Et vous commencez à m'agacer. Mais comme je suis gentil, je ne lui dirai pas, en faisant mon rapport, que vous avez pleuré comme un chiard. Juré. " Il se baisse vers sa victime, le forçant à redresser la tête et, d'une geste ample et rapide, lui tranche la carotide. Puis il lâche l'homme secoué de spasmes, les yeux écarquillé, son sang se répandant rapidement sur le plancher, se redresse, nettoie la lame avec un bout de chiffon qu'il remet soigneusement dans sa poche et s'en va d'un pas léger. Sur la chaise, avant de partir, il dépose une carte. Une seule preuve de son passage. La carte de l'ancien tarot portant le signe du jugement, symbolisant un dénouement, une fin.


    Juste avant l'aube, la ville retenti d'une longue plainte lugubre, le hurlement à la mort d'un loup, quelque part dans la cité, empli d'une infinie tristesse et qui dure et dure jusqu'aux premiers rayons du soleil avant de s'éteindre comme il avait commencé, ne laissant plus que le silence.
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    Message par Johànn Jeu 17 Nov 2011 - 19:45

    CHRONIQUE DE VOYAGE - Bon baisers de Forgefer.

    Depuis ma fuite de Gilnéas, j’errais dans les terres du nord, évitant les habitations, les bêtes et les monstruosités réprouvées qui pullulaient dans la région. Je ne m’approchais que des fermes isolées afin de chaparder quelque aliment, observant parfois la vie tranquille de ces familles qui seraient bientôt décimées, elles aussi. Et puis je continuais ma fuite au sud, toujours plus bas, toujours plus loin de chez moi. Mon état de Worgen m’amenait une force et une résistance inégalée, sans aucun doute la seule raison de me survie dans les terres arides ; je devenais tellement une bête, au premier sens du terme, que je chassais et dévorais le gibier cru et entier sans me dégoûter. Mais reste que je préfère toujours un steack bien préparé à un lièvre sanglant… Très vite, je prenais la décision de taire ma nouvelle nature, voyant bien l’effet que mon apparence avait sur les quelques personnes que je croisais en forme de Worgen : terrorisées, elles fuyaient, quand elles ne tentaient pas de me pourchasser. Comme je n’avais aucune envie de mettre prématurément fin à mon périple, il me fût facile de prendre cette décision.

    J’arrivais aux premiers contreforts de Dun Morogh à la moitié de la saison froide. Depuis le début, j’avais fui les nains comme j’avais fuis les humains du Nord mais là, je décidais avoir suffisamment maîtrisé ma nouvelle condition pour m’approcher des villes ; j’avais eu en effet tout loisir de constater que je pouvais décider de ma transformation et que je pouvais rester tout à fait humain en faisant un simple effort de volonté. Cela avait des avantages certains. Ainsi, aux yeux de tous et officiellement, je serais humain, uniquement humain. Je traversais toute la contrée enneigée de nuit, profitant de la protection de la fourrure du Worgen et ne me montrait qu’aux portes de Forgefer, sale, fatigué et en haillons, tel le réfugié va-nu-pieds que j’étais devenu. Là, je constatais très vite deux choses : l’hospitalité des nains n’est pas un vain mot et leur ouverture d’esprit est proportionnellement inverse à leur taille.

    Alors que je me décidais à faire la manche dans une des salles passante de la grande cité de pierre, je fus très vite abordé par un de ses habitants ; un nain bourru, costaud, à la barbe grise et noire en bataille. Il n’y a pas de mendiants, à Forgefer, et je compris très vite pourquoi. Un nain ne laisse jamais quelqu’un dans la dèche. Jamais. Ainsi, l’inconnu me proposa quelques petits boulots pour le décharger. Il avait trop à faire, me disait-il, et plus assez de bras à la maison. Ce n’était pas forcément tout à fait vrai, mais ça m’arrangeait bien. Je me retrouvais chez lui l’après-midi même, une maison modeste à moitié creusée dans la roche, à 2 kilomètres à peine de la cité. Le nain était un charbonnier – forgeron et il m’envoyait chercher du bois, chasser, faire tous les menus travaux nécessaires au bon fonctionnement de la petite forge. Jamais il ne me posa de question quant aux traces de griffes et de dents dans le gibier ramené, comme il ne me demanda jamais non plus pourquoi je disparaissais des nuits durant. Je bénissais les dieux d’avoir mis un être tel que lui sur ma route, au moment où je n’envisageais plus d’espoir pour mon avenir proche.

    Ce nain avait un fils qui étudiait l’ingénierie gnome depuis 10 ans. Bien sûr, après autant de temps, il avait acquis des compétences certaines mais ça arrangeait bien son maître de le laisser apprenti et de le laisser se charger de tous les travaux ingrats. Il ne se plaignait pas trop et s’y retrouvait en faisant de moi son propre apprenti, à ma demande. Avec lui, j’appris beaucoup et rapidement. Sur la mécanique, l’automatisation des machines, je perfectionnais mes connaissances en explosif et il m’apprit aussi à piloter mon premier gyrocoptère, non sans mal. Je me fracturais l’omoplate au premier essai et un pouce au second. Mais je peux dire aujourd’hui que grâce à lui, je maîtrise le vol autant que la monte et en restant modeste, j’ai toujours été un très bon cavalier. C’est ainsi que je passais mon premier hiver hors de ma patrie depuis mon retour en Gilnéas, entre corvées et mécanique.




    CHRONIQUES ACTUELLES - Et maintenant Hurlevent.

    Au retour de la belle saison, je quittais mes hôtes non sans une once de regret et repris ma route. J’arrivais à Hurlevent au début de l’été et j’y trouvais très vite quelque chose de familier qui me rappelait la ville-état de Gilnéas, en plus grand et en plus cosmopolite. Son port, ses bas-quartiers avec les habituelles tavernes louches, ses beaux quartiers huppés peuplés de nobles coincés, son palais et ses gardes partout… Vraiment, j’ai très vite aimé cette ville, je m’y sens bien. A l’aise. Mais toujours sans le sou et sans abri. C’est un côté de cette vie que je trouve fatiguant et, quelque part, bien ironique. Moi, le fils de bourgeois friqué, comptable, commerçant rangé bien pépère, devenu hors-la-loi et sans domicile fixe après avoir regardé de haut les ratés de la société… Même dans la pègre de Gilnéas, je me considérais comme mieux qu’eux. Et là, j’étais vraiment tombé tout en bas. Plus bas, je pouvais pas, y a pas. Quoique. Un cadavre de réfugié anonyme dans les canaux, en y réfléchissant, ça pourrait être pire. Mais je ne suis pas du genre à m’apitoyer sur moi-même, plus maintenant. Hors donc, j’adore cette ville qui me le rend si mal.

    Quand il fait beau, je m’installe en haut de la cité, vers le lac et la zone agricole, et je m’endors en voyant les étoiles ; je pense toujours à ma fille en les voyants. Pas que cette pensée me réconforte, mais j’imagine ce qu’elle serait devenu. Je la vois souvent au hasard d’une fille croisée dans la rue ; la nostalgie d’un père est inguérissable… Mais ce n’est pas le propos. Revenons à mon quotidien : quand il fait trop froid, ou trop mauvais, je me faufile à travers les hangars du port pour y trouver abri. La journée, je flâne à travers les rues commerçantes et les grandes artères, un peu de vol à l’étalage, quelques détroussements de bourse suffisent à me faire vivre au jour le jour. Parfois, quand je peux, je vais tendre l’oreille dans quelques tavernes, à l’affût d’une affaire plus conséquente pour arrondir les fins de semaines. C’est rare, mais ça arrive. Un client mauvais payeur, une histoire d’adultère ou ce genre de chose où il est nécessaire de faire appel à un gros bras pas trop connu du quartier. Finalement, je me suis fait quelques (fausses) amitiés qui me permettent de m’en sortir un peu mieux. Et parfois, je tombe sur pire que moi et m’en sors avec quelques bricoles plus ou moins désagréables. Les risques du métier…

    J’étais pourtant décidé à sortir de « tout ça ». Trouver un vrai boulot honnête, une chambre, une gentille fille. Pourquoi pas… Non en fait, on oublie la fille ; si j’ai toujours gardé l’alliance d’Eleanore c’est bien pour ne plus me laisser avoir par une fille. Bref, j’ai eu envie de retrouver une vie de citoyen ordinaire, mais on dirait que je ne suis pas fait pour. Déjà, essayez de trouver du travail quand la présentation s’arrête à quelque chose comme : « Salut, je suis Gilnéen, Worgen, j’ai 40 ans, je connais 36 façon de tuer un homme et je sais tenir les comptes d’un commerce ». Vous voyez le genre, ça le fait mauvais. Et je préfère encore faucher le sac d’une petite vieille que de me présenter comme manutentionnaire au port. Question de fierté, peut être mal placée, mais j’ai pas passé 20 ans de ma vie à être mon propre responsable pour en arriver là. Peut-être plus tard ; si vraiment l’hiver arrivant, j’en suis toujours réduit à faire les fonds de poches des passants, je me pencherai dessus. D’ailleurs, si vous avez du boulot, je suis ouvert à tout ce qui peut me permettre d’utiliser mes compétences… TOUTES mes compétences.
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    Message par Johànn Ven 27 Juil 2012 - 17:01

    CHRONIQUES ACTUELLES - Une soirée comme une autre, Hurlevent.

    Chapitre 1. Juste mon boulot.

    Je sentais dans ma main droite le poids parfaitement équilibré de mon arme, une dague courte et effilée au fil si tranchant qu'il aurait pu ouvrir un parchemin par le sens de la longueur. J'avais devant mes yeux le corps encore secoué de spasme de ma cible ; un homme gros, chauve et dont le ventre rebondi n'arrivait pas à être contenu par une quelconque chemise. Son regard me fixait encore alors qu'il ne voyait plus, une ouverture béante à la place de la gorge et une flaque écarlate qui allait s’élargissant sur la parquet qui avait accueilli sa chute. J'avais fini ce pour quoi j'étais venu, il me restait une dernière partie à exécuter si je voulais profiter de mon payement... Me tirer en vitesse de ce qui n'allait pas tarder à salement ressembler à un piège à rats !

    Au moment même où les hommes de main du gros lard, alertés par les bruits, se décidaient enfin à venir en renforts et poussaient la porte de la pièce, je sautais à travers la fenêtre dans un très esthétique jaillissement de verre. J'entendis les exclamations de surprise derrière moi tandis que les gars découvraient leur patron raide mort et baignant dans son sang ; l'instant d'après, tandis que je me réceptionnais sans mal dans la cour du niveau inférieur, j'entendis les sifflements des premières balles à mes oreilles. J'espérais que les tireurs mettraient un peu de mauvaise volonté dans leur visée, sachant que leur patron ne leur était pas forcément sympathique, et détalait comme un lapin en glissant sur la dallage humide. Un petit crachin de début de soirée avait décidé de tomber entre-temps, faisant ressortir une légère brume du sol surchauffé par l'après midi de plomb qui venait de s'écouler. Quelque part, ça m'arrangeait, parce que la luminosité ambiante allait contrarier mes poursuivants. Je savais que la cour était fermée de toute part et que ma seule solution allait être de passer par les toits ; j'avais consciencieusement effectué mes repérages les jours précédents et me dirigeait automatiquement là où je savais trouver un empilement de caisse dans un coin qui me faciliterait la tâche.

    C'est zigzaguant comme un poivrot qu'on vient de mettre à la porte mais bien plus rapidement que ce qu'un poivrot serait capable de faire que je traversais la cour et arrivais là où je voulais aller. Un premier bond me vit atterrir au sommet des caisses, un second saut me fît attraper la corniche du toit, un dernier rétablissement par une torsion du bassin et j'étais debout sur les tuiles. Finalement, être un Worgen n'avait pas que des désavantage et je sourit mentalement à la pensée de telles acrobaties devenues si faciles à effectuer au vu de mes nouvelles capacités. Le temps de grimper et mon sourire mental s'évanouit ; l'averse de balles recommença, ricochant sur les tuiles, la façade, faisant éclater le bois de la corniche derrière moi. J'avais l'étrange impression d'être pourvu d'un bouclier invisible. Au moment où cette pensée me traversai l'esprit, une des balles vint traverser le cuir de mon armure au niveau de l'épaule et je fini par me convaincre qu'ils étaient seulement trop loin pour m'ajuster mais que ça n'allait pas tarder à chauffer pour ma carcasse si je continuai à m'attarder stupidement. C'est à moitié à quatre pattes que je filais sur les tuiles brûlantes qui commençaient à être détrempées par le crachin qui s'épaississait.

    Craignant vaguement qu'ils n’envoient quelque griffon ou autre engin voilant à ma poursuite, je détalai ainsi sur deux pâtés de maisons avant de me laisser glisser à terre en me laissant tomber sur un balcon puis profitant de volets et d'une colonnade. Je me retrouvai sur les dalles mal ajustées d'une ruelle étroite entre lesquels des herbes folles tentaient de forcer le passage ; je comptais le temps de deux respirations et repris ma course, enfilant ruelles sur ruelles, changeant souvent de direction, perdant ainsi mes éventuels poursuivants dans le labyrinthe du vieux quartier de la ville. Au bout d'un moment d'une telle course, je me plaquais dans l'encoignure de deux bâtiments qui tombaient en ruine et attendis, tous mes sens en alerte. Cinq, dix minutes passèrent. Rien, pas un bruit à des pas à la ronde, j'étais parfaitement seul si ce n'est le passage furtif de quelques rats en quêtes de nourriture.

    Je me concentrai et repassais sous ma forme humaine. J'avais toujours l'impression d'ôter un déguisement, mais lequel étais devenu un déguisement ? Laquelle étais ma vraie forme, la réalité ? Cette pensée stupide m'assaillait à chaque fois et chaque fois je la renvoyais d'un soupir d'ennui. Je dégrafai ma cape, la retournai, et la remis ; l'envers avait la couleur d'un manteau quelconque, brun-rouille, et ressemblait plus à un manteau qu'à une cape ; je m'en servis pour masquer ainsi l'armure en cuir d'un noir mat qui avait suivi mes proportions (j'avais la chance d'être grand de nature et avait après des mois de recherches, fini par trouver un maître travailleur du cuir capable de fabriquer une armure souple et ajustable mais qui m'avais demandé une somme astronomique que j'avais pu baisser quelques peu après un âpre marchandage). Après ce rapide déguisement, certain que personne ne penserai à un humain roux à l'air d'un type quelconque en cherchant un Worgen gris et menaçant, je me remis en marche d'un bon pas, baissant la tête sous la pluie qui avait fini par se décider à tomber pour de bon et remontais la colline en direction du quartier des mages.


    Chapitre 2. Foutus souvenirs.


    A travers l'averse qui tombait sans discontinuer depuis ma fuite, les fenêtres illuminées de la taverne de l'Agneau Assassiné avaient l'air d'un hâvre sûr et accueillant. Restant un moment devant la porte, immobile, comme hésitant, j'écoutais les rumeurs familières. Rires gras, cris, discussions animés, bruits de verres et de chaises raclant le sol, et par dessus le tout, la voix basse et forte de Jarel, le tavernier ordonnant qu'on lui fasse de la place pour aller servir ses clients. Je me demandais encore une fois pourquoi c'est vers moi qu'il étais venu pour demander de l'aide. Ce type, le gros lard, était depuis peu le nouveau caïd des bas quartier, réussissant par un sale coup à éliminer le précèdent et prenant sa place. Seulement, dans le milieu, il y avait des règles que ce type n'avait pas tardé à ignorer sans vergogne. Quadruplant le montant des taxes, voulant gérer d'une poigne de fer toutes les affaires des quartiers pour son seul intérêt, il s'était en un temps record attiré l’hostilité des commerçants sur lesquels il voulait faire régner sa loi. Ceux-ci étaient bien d’accord de faire partie d'un système immuable de protecteur / taxateur, mais il y avait dans le milieu des choses qui ne se faisaient pas. Ainsi quelques uns s'étaient réunis en grand secret et avaient décidés de favoriser un rival du type que j'avais buté ce soir. Ca avait le mérite d'être clair, rapide et efficace.
    Je me demandais en quoi j'avais pu m'attirer la sympathie de Jarel, qui m'avait proposé le contrat, et en quoi il savait que je serais capable de le faire. Puis je me dit que mon ardoise grandissante chez lui n’était peut être pas pour rien là dedans, ni le fait qu'il m'avait vu parfois remplacer le gros Joel, le videur, pour le débarrasser des indésirables. En tout cas, tout ça avait abouti à ce moment où je posais la main sur la poignée de la porte et entrai finalement.

    Un instant, le brouhaha et l'agitation ambiante m'étourdirent et je revis une scène familière, pas si vieille que ça. Je me surpris à chercher des yeux un grand type maigre aux cheveux noir de jais qui allait me saluer de son large sourire, m’accueillir d'une tape dans le dos qui me donnerait l'impression que mes poumons se décollaient et me poser son immuable question « Alors vieux, toujours pas mort ?! » de sa voix chaude et rocailleuse. Mais je savais qu'il ne serait pas là, qu'il ne serait plus jamais là, et mon humeur s'assombrit tandis que ma vision s'habituait à la clarté de l'endroit. Ébrouant mes cheveux ruisselants de pluie, j’avançai jusqu'à une table éloignée, juste à côté de l'escalier qui menait au sous sol et m'installai dos au mur, gardant mon manteau. Ici, de toute manière, j'étais personne et tout le monde à la fois. Les gens ne se mêlaient pas des affaires des autres, réunis pour se changer les idées, faire des affaires plus ou moins louches ou trouver un peu de réconfort humain. Le réconfort en question, ce soir là, s’appelait Sahra et avait un sourire à faire fondre le pire des voyous, un regard du bleu le plus pur et une longue chevelure auburn. J'étais à peine installé qu'elle m'amenait déjà sur un vieux plateau métallique un verre, une bouteille du meilleur bourbon de Jarel et une double portion du plat du soir : des tranches de porc façon maison, avec une sauce aux champignon, des galettes de pommes de terres et quelques légumes frais. Rien qu'à ce traitement, je savais que ma seule présence ici lui annonçais ma réussite sans même qu'il même qu'il me pose la question; peut être même que la rumeur étais déjà arrivée à ses oreilles. Elle m'offrit en prime son sourire le plus enjôleur, celui qu'elle réservait au meilleurs clients, tout en dressant devant moi plat et boisson. Au passage, elle effleura ma main qui était en train de rouler une cigarette et me chuchota que ce soir, après le service, elle m'attendrait. Je savait que c’était une prime que Jarel m'offrait. Je devais vraiment lui avoir tapé dans l'oeil. Ou alors c'est parce qu’il savait qu'avec ce que je lui devait, il n'aurait pas à me payer la totalité du prix prévu. Peu importait. Je sourit à Sahra, la congédiait d'une amicale tape sur ses fesses rebondie et allumait ma cigarette. Il fallait que je me détende avant tout.

    A travers la fumée, je voyait le monde autrement. Mon souper refroidissait mais je n'en avais cure. Comme à chaque fois après un boulot de ce genre, je sentais une immense vague de mélancolie remonter et je n'arrivais pas à l'en empêcher. En plus, le regard vide de la serveuse tandis qu'elle me chuchotait à l'oreille me mettait mal à l'aise. Un autre regard me revînt en mémoire, éclatant soudain comme je m'y attendait le moins. Un regard d'un bleu clair, si clair que parfois, on aurait dit qu'il était blanc, surmonté d'une chevelure blond paille. Eleanore. Ma femme. Elle aussi avait le regard vide quant je l'ai trouvé dans notre maison, morte, suicidée. Ca faisait un bail que je n'y avais pas pensé. Elle me regardait comme si elle me reprochait son propre malheur et je savais qu'elle avais raison. Merde. J'écrasais ma cigarette à moitié consumée dans le cendrier en céramique et passais mes mains dans mes cheveux. Heureusement que j'étais encore mouillé de la pluie, car sinon j'aurais juré sentir une larme ou deux descendre sur mes joues. Je regardais l'assiette et le verre en me demandant lequel me ferait le plus de bien et décidait de commencer par le verre. Plusieurs verres. J'avais oublié à quel point ôter la vie, même d'un type pareil qui méritait dix fois pire, me foutait la gerbe. Je devenais trop vieux pour ces conneries, vraiment. Après m'être éclairci l'esprit grâce au bourbon, je m'attaquai finalement au plat, parce que après tout, la faim se moque des états d'âme et que je devais bien avouer qu'une ballade sous la pluie, ça creusait. Le porc n'étais même pas complètement froid et pourtant j'avais l'impression de m'être laissé engloutir par mes souvenirs pendant un temps astronomique. Je revenais à la réalité, celle d'une assiette à moitié froide, d'un verre à moitié plein et d'une serveuse à l'arrière train ferme qui m'attendrait à la sortie. Je fini par sourire bêtement en me disant qu'après tout, si j'étais en vie et qu'une jolie fille pouvait chauffer mes nuits, c'est que tout n'allais pas si mal. Et je reléguais les souvenirs d'Eleanore et du cadavre du gros type au fin fond de mon subconscient, jusqu'à la prochaine fois...


    [ PS : Partant de la chose que la contamination Worgen, etc, me diront certains bien pensant, qu'est-ce que Johànn va faire avec une fille, et bien c'est simple. Il connaît depuis bien longtemps les fantastiques préservatifs Direx© en boyau de mouton surchoix améliorés par quelques mage fantasque du Kirin Tor (un mage qui savait bien vivre, en passant). Extra-fins, extra-résistants et à prix convenable chez tout vos revendeurs! Tester, c'est approuver! ]

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