Chapitre 13: Aaaaaaah, EL DIABLO, EL DIABLO!
Allocution du président du fan-club d'Akavar (3 membres), Gaqkua:
« Camarades, amis, raclures, bonjour.
Oublions quelques instants cette chère Strangleronce. Oublions Schpunzer, oublions Lamya, oublions les raptors, les murlocs, et toutes ces conneries. Le temps d'un épisode maudit, laissez vous transporter dans un tout autre univers, où les lois de la science et de la raison n'ont pas cours. Vous me direz, c'est un peu déjà le cas. Oui. Mais là, c'est pire. Muhahahahahaha! »
Notre petite histoire commence dans un cabinet de notaire gobelin. « Mon dieu, pas un notaire! » me direz-vous! Et bien si.
Akavar trépignait d'impatience sur sa chaise, en lançant des regards plein d'envie dans le document que décachetait le notaire, un gobelin à moustache noire bien lissée. Le démoniste était vêtu d'un étrange peignoir rose bonbon. A sa gauche se tenait Carrona, dans une ravissante robe noire de deuil. Voilà, ça c'est pour le côté glamour de l'épisode. A la gauche de Carrona, était installé Flaadrom, en costume cravate, impassible. A la droite d'Akavar, on trouvait Charthang, qui pleurait à chaudes larmes sur le plancher, ainsi que Krayvur, aussi impassible que Flaadrom, lui aussi en costume cravate (mais taché de sang quand même). Enfin, à la droite de Krayvur, siégeait ce bon vieux Varimathras, qui regardait lui aussi le testament du notaire avec impatience.
Notaire: Donc, voici le testament officiel de Sir Gaqkua, également connu sous le sobriquet de Jojo l'Embrouille, et de « Chupacabra ». Testament rédigé il y a une semaine, la veille de sa mort funeste.
Akavar: Triste accident de fer à repasser.
Notaire: Bon, donc. « Je soussigné Gaqkua lègue à Akavar la moitié de ma fortune personnelle, pour une valeur de 15000 pièces d'or, en vertu de notre amitié sincère, mais néanmoins très virile. »
Akavar: Mince, je m'attendais à repartir bredouille.
Varimathras: La suite, la suite!
Notaire: « A Carrona, je lègue un quart de ma fortune, 7500 pièces d'or, parce qu'elle est sculptée comme une déesse, laisse tomber quoi mec. »
Carrona: Euh, c'est gentil j'imagine.
Varimathras: Crevard de Gaqkua, il va rien nous rester à nous autres!
Notaire: « A mon vieux pote Varimathras, je lègue le quart restant de ma fortune, en l'honneur du bon vieux temps où on parcourait le monde sur nos motos gobelines, encore fougueux et les cheveux aux vents. »
Varimathras: Ok, j'ai rien dit.
Charthang: Et moi?
Flaadrom: Et moi?
Krayvur: J'étais sûr qu'il allait rien me filer.
Notaire: « A Krayvur je lègue ma collection de poignards, une centaine de lames de provenance douteuse, je sais qu'il en fera bon usage. »
Krayvur: Cool.
Notaire: « A Flaadrom, je rends le caleçon que je lui avais volé, perdu au jeu, puis regagné au jeu, et que j'avais gardé dans un coin au cas où il faudrait encore miser une connerie pour me refaire pendant une partie. »
Flaadrom: C'est là qu'il était!
Notaire: « Charthang, tu peux aller crever gueule ouverte par contre. »
Varimathras: Hahaha, mort de rire!
Charthang: C'est vraiment injuste, après tout ce que j'ai fait pour lui. Quand je pense qu'Aka ramasse la moitié du pactole alors qu'il se pointe à l'ouverture du testament en PEIGNOIR ROSE!
Akavar: J'avais plus rien à me mettre.
Notaire: Que personne ne bouge, il y a une condition à ce testament!
Krayvur: Bah tiens, c'est étonnant.
Carrona: J'espère qu'il va rien nous demander d'écoeurant, comme Gaqkua savait si bien le faire de son vivant.
Varimathras: Et encore, à chaque fois que je me farcis l'ouverture d'un testament, le mec exige qu'on passe une semaine dans une maison hantée. Gaqkua va m'épargner ça.
Notaire: « HEP HEP HEP, je vous vois déjà vous jeter avidement sur mes biens comme des porcs dans un tas de boue! Mais ça ne va pas se passer comme ça! Pour toucher vos parts, vous devrez... passer une semaine dans une maison hantée! Hahahahaha. » Et après ça, il y a encore une dizaine de pages de « Haha ».
Varimathras: BORDEL!
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Notaire: Voilà le manoir où vous devrez rester pendant sept jours. Des gardes se chargeront de vérifier que vous ne vous échappez pas en escaladant les clôtures rouillées. Ils sont armés, et en plus ils ont de l'alcool, alors si vous sortez, ça sentira très fort la bavure.
Akavar mis ses mains dans les poches de son peignoir en admirant la bâtisse délabrée où il devait vivre. La maison avait des fenêtres calfeutrées avec des planches en bois pourris, une lanterne poussiéreuse éclairait faiblement la porte d'entrée, qui semblait à la fois impressionnante et terrifiante de par sa stature. Le manoir était entouré d'un vaste jardin. Du côté ouest et sud, de nombreux arbres morts, surtout le squelette pendu à l'un d'eux, invitaient d'ordinaire les gens à éviter de s'approcher. Du côté nord, une falaise. Les maisons hantées sont toujours construites au bord d'une falaise, c'est comme ça, j'y peux rien. Du côté est, encore quelques arbres gris, une fontaine horrible défoncée avec une statue toute aussi défoncée, qui devait jadis représenter un ange. Le démoniste aurait juré avoir vu quelqu'un les regarder depuis une des fenêtres du manoir.
Akavar: C'est super glauque ici, Gaqkua a bien choisi.
Flaadrom: En plus, il fait un temps pourri.
Notaire: Cette maison a un lourd passé. Une jeune mariée s'est suicidée dans cette maison. L'endroit a également servi de refuge à un tueur en série, qui égorgeait ses victimes dans cette baraque. Après, il y a eu un couple qui montait une affaire d'hôtellerie. Le mari est devenu fou à cause de la maison, il disait entendre des voix et voir des silhouettes dans les couloirs la nuit, alors il a tué tout le monde avant de se donner la mort. Un riche magnat qui avait conclu un pacte avec des démons a vécu ici une centaine d'années aussi. On a également soupçonné la maison d'être la résidence d'une secte impie, d'une bête mi-homme mi-loup, d'un réseau terroriste, d'Arthas, d'un dragon noir et d'une réunion du « comité des amis des gentils fantômes ». On a retrouvé les mecs découpés en morceaux, on a écarté la thèse du suicide, et clôt l'enquête.
Charthang et Carrona s'évanouirent. Krayvur haussa un sourcil en ricanant. Akavar souffla du nez. Flaadrom jeta un regard inquiet vers le petit bois du sud, où un cri étrange monstrueusement humain venait de se faire entendre.
Varimathras: Roh, ça va être chouette les copains!
Notaire: Nous acceptons que vous invitiez dans cette folle aventure trois amis pour vous prêter main forte, il se trouve que l'espérance de vie dans ce manoir est aujourd'hui aux alentours des trois jours pour un groupe de cinq. Le choix revient aux trois plus gros héritiers, Akavar, Carrona et Varimathras.
Akavar: Je choisis Corfi, le tauren.
Carrona: Je peux faire venir ma cousine Vallina?
Notaire: Entendu, nous préparons le transfert de ces deux-là. Varimathras, qui choisissez-vous?
Varimathras: Ramenez mon vieux pote Gothic le Moissonneur!
Krayvur: La classe, tu connais Gothic?
Varimathras: Ouais, on a vendu des cookies en porte à porte à Dalaran il y a deux ans, Gothic, Bolvar et moi. C'était pour une oeuvre caritative.
Flaadrom: J'ai beaucoup de mal à m'imaginer la scène.
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Gothic: Vari, t'es super lourd, il est vraiment horrible ce manoir, pourquoi tu me demandes de l'aide à moi? J'ai un boulot stable à Naxxaramas moi!
Corfi: Une maison hantée hein? Je ne crains pas les esprits.
Flaadrom: Moi les esprits, ça me donne la gerbe.
Akavar: Flaadrom! Ton langage voyons!
Flaadrom: C'était une imitation de notre ami Gaqkua. Paix à son âme.
Carrona: Et Vallina, vous arrivez à la téléporter?
Notaire: Elle arrive.
Une succube gracieuse apparut aussitôt, dans une combinaison de cuir moulante. Krayvur et Flaadrom lâchèrent des râles. Un filet de bave coulait de la bouche béante de Varimathras.
Vallina: Salutations, êtres inférieurs.
Akavar: Ouais salut.
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Vallina: Donc, vous voulez que je vive une semaine avec des larves pathétiques dans un manoir pathétique?
Carrona: Allez, sois sympa!
Vallina: D'accord, mais je veux un esclave attitré!
Flaadrom: MOI! MOI! Choisissez-moi maîtresse!
Akavar: Flaadrom, tu me soulèves le coeur.
Notaire: Assez de blablas, gardes, caillassez ces engeances répugnantes de mort-vivants et de démons jusqu'à ce qu'ils entrent dans la propriété.
Corfi: Eeeeh, je suis un tauren moi!
Les gardes se munirent de cailloux pointus, mais toute la bande avait préféré rentrer sans faire de vagues, pas spécialement friands de lapidations.
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Varimathras et Krayvur entreprirent l'exploration de la maisonnée, après avoir perdu un défi qui consistait à faire tenir dans sa bouche cinq oranges en même temps contre Charthang. Aussi devaient-ils s'atteler au repérage des lieux. Il s'avéra rapidement que le premier étage était maudit et hanté jusqu'à la moelle, et que les chambres situées au deuxième étage étaient en nombre insuffisant pour assurer le confort de tous. Aussi, Charthang, Akavar et Corfi furent désignés par le bas-peuple pour occuper la chambre du premier étage, sans qu'on leur eut demandé leurs avis.
Après une fin d'après-midi passé à flâner dans le salon, et à brûler des portraits affreux, tout le monde partit se coucher avec appréhension.
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Un peu plus tard, dans la chambre maudite du premier étage maudit...
Charthang: Je suis sûr d'avoir entendu quelqu'un gratter à la porte!
Akavar: Dis pas de conneries et laisse nous pioncer.
Corfi: Ouais, t'es vraiment pénible Charthang!
Charthang: Ok. Ok. HAHAHA, tout va bien. Voilà.
De façon relativement inexplicable, la porte de la chambre commençait à suinter du sang. Le marcheur du vide grinça des dents en cherchant une issue de secours. Il s'attarda sur la fenêtre, jaugea la possibilité de se jeter du premier étage jusque dans la cour. Seulement, il vit en contrebas une bande de zombies affamés en prise avec Krayvur, qui semblait s'amuser.
Seulement, il vit en contrebas une bande de zombies affamés en prise avec Krayvur, qui semblait s'amuser comme un petit fou.
Charthang: Bon, tout va bien.
Akavar: On a compris! Dors!
Cette fois, les grattements à la porte laissèrent place à des tambourinements secs, et à des claquages de poignée. On entendit également un ricanement d'outre-tombe.
Charthang: PUT*** HEUREUSEMENT QUE TOUT VA BIEN, PARCE QUE SINON JE SAIS PAS COMMENT ON FERAIT!
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Au même moment, devant la maison, Krayvur achevait son dernier assaillant, et jugea préférable de laisser sa dague plantée dans le crâne dégoulinant du zombie à la tronçonneuse. Au cas où.
Krayvur: On peut même plus aller pisser tranquille...
Le voleur écrasa la main du zombie qui venait de lui empoigner la cheville.
Krayvur: Pas touche à mon divin mollet.
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Plus haut, au deuxième étage, dans le chambre de Gothic le Moissonneur et Krayvur, le nécromancien cédait clairement à la panique, vu que le voleur ne revenait pas.
Gothic: Soit il lui est arrivé quelque chose en chemin, soit c'était une très grosse envie.
Des bruits de pas furtifs quasiment inaudibles furent pourtant parfaitement entendus par Gothic, aux aguets, qui se réfugia sous son lit. D'affreux chuchotements transpercèrent le silence de la nuit.
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Devant la porte de la chambre de Gothic, Flaadrom faisait de son mieux pour suivre sa maîtresse Vallina. Tout deux marchaient le plus doucement possible pour n'effrayer personne. Loupé.
« -On doit vraiment aller à la cuisine maintenant? Chuchota le démon à la démonette.
-Oui, j'ai faim, serviteur. Veillez à ce que personne ne nous suive ou ne nous dévore vivant. » Répondit la succube elle aussi dans un chuchotement.
Flaadrom déglutit en soufflant du nez, vit une ombre traverser le couloir, et s'acquitta d'un gémissement de bon ton vu les circonstances.
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Varimathras courrait dans le salon du rez de chaussée, et renversa un bibelot usé par terre. Le seigneur de l'effroi enchaînait les acrobaties improbables, s'accrochait au lustre en hurlant. Un comportement étrange, certes, mais après tout, qui sommes-nous pour le juger?
Varimathras: Ouaaaais, j'ai pas peur, j'suis un pur ninja! Yihaaaaa!
Le démon décrocha du mur une magnifique hache artisanale de grande qualité et la fit tournoyer entre ses doigts.
Varimathras: Yeah! Sans limites est mon... POUVOOOOIR!
Varimathras balança la hache dans un mur, qu'elle transperça sans problème. S'ensuivit un cri féminin déchirant de l'autre côté du mur abimé par l'arme tranchante.
Varimathras: Il est temps pour moi de m'éclipser, car voilà quelqu'un. Hahaha. Ni vu ni connu, pur ninja, je disparais dans la nuit. Hyper classe.
Le nathrezim défonça la porte du salon d'un coup de pied, fit une roulade sur le côté en mimant avec ses mains un revolver, puis cria « PAN PAN » avant de détaler dans le couloir.
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Vallina n'avait pu réprimer un cri d'effroi, quand le tranchant d'une hache vint traverser le mur face à elle, manquant de peu de finir sa course sur son joli minois.
Vallina: Tu devais me protéger Esclave!
Flaadrom: Excusez-moi maîtresse, j'étais en plein affrontement avec un spectre sans tête. Je l'ai battu mais le temps qu...
Vallina: SILENCE! File moi le saucisson à côté de toi.
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C'est à l'aube que Carrona se réveilla tranquillement, étira ses bras, se brossa les dents et se recoiffa rapidement, avant de rejoindre en nuisette ses colocataires, réunis dans le salon.
Carrona: Bonjour tout l'monde! J'ai bien dormi cette nuit!
Akavar: C'était pourri, Charthang a passé la nuit à gueuler.
Corfi: Et à gémir.
Akavar: Et à grimper au plafond, à se retourner la tête à 180 degrés, à nous vomir dans la figure, puis à insulter nos mères, à propos de leurs pratiques sexuelles en enfer.
Charthang: J'ai paniqué.
Krayvur et Flaadrom ne répondirent rien, se contentant de regarder la succube en nuisette. Ils avaient la bouche un peu sèche.
Varimathras: En tout cas, je vois que nous sommes tous encore vivants!
Akavar: Il y a même un mec en plus par rapport à hier, c'est dire.
Tous levèrent la tête de leurs céréales et virent la personne qu'un Akavar en peignoir rose pointait distraitement du doigt. C'était une genre de dame dans une grande robe noire, avec une faux dans la main droite. Tout le monde quitta le salon en criant et en agitant les bras, sauf le démoniste.
Akavar: Vous êtes pas très polis, je trouve, ce matin, les mecs. Vous pourriez me passer la confiture mademoiselle? Merci beaucoup.
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Krayvur: Eh, Vari. Viens voir, y a une grotte sur cette falaise en fait!
Le seigneur de l'effroi cessa immédiatement sa tentative d'approche auprès de Carrona (qui bronzait en bikini dans le grand jardin, alors qu'il n'y avait pas de soleil) et se précipita vers le voleur qui se penchait dangereusement au bord de la dite falaise.
Varimathras: Où ça, où ça?
Krayvur: Là, en dessous.
Varimathras: Ah ouais, trop la classe. Il faut qu'on aille voir. Dis, on peut aller voir? Hein, dis, on peut?
Krayvur: Je vais nous chercher une corde.
Corfi: Pendez-vous avec, tant que vous y êtes.
Krayvur: Dégage Corfi, laisse les gens irresponsables parler entre eux.
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Au même moment, sur la terrasse de la maison...
Akavar: Donc, vous êtes la cousine de Carrona. Ok. Vous auriez pas deux trois anecdotes humiliantes à me lancer sur elle, que je puisse raconter des trucs dans mes soirées bridges?
Vallina: Dégage, abruti.
Akavar: Morue.
Flaadrom: Akavar, laisse ma maîtresse tranquille maintenant! Les disputes sont mauvaises pour son teint.
Akavar: Oh toi, le gros soumis, ça va hein. Bon allez, au revoir alors.
Flaadrom: Salut. Tu devrais enfiler autre chose qu'un peignoir rose, ça fait pas sérieux...
Akavar: Je fais ce que je veux.
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Charthang, allongé sur le sol dans le grand salon, ruminait de bien sombres pensées, et espérait survivre à cette horrible semaine. Soudain, un gros caillou fracassa la fenêtre face à lui. Etait-ce l'oeuvre du Diable?
Un mot était accroché à la pierre. Le marcheur du vide le déchiffra lentement, il lisait très mal.
« Je sais ce que tu as fait. »
Charthang: Raaaah! Cette histoire de meurtre revient me haaaanteeeer!
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Akavar, assis sur une chaise à bascules, contemplait les étendues boisées devant lui, en jouant de l'harmonica, quand une pierre vint lui percuter le front.
Akavar: QUI OSE ENVOYER DES PIERRES SUR UN MEC EN PEIGNOIR? Tiens, un message.
« Je sais ce que tu as fait. »
Akavar: Et alors? Tout le monde sait ce que j'ai fait, y a pas de quoi en faire des histoires. Franchement, il aurait pu trouver mieux comme phrase choc pour son caillou.
Le démoniste jeta négligemment le caillou à ses pieds et reprit son morceau d'harmonica.
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Varimathras et Krayvur descendirent de la falaise en rappel à l'aide de la corde, et pénétrèrent dans l'étrange grotte dissimulée sur la paroi.
Krayvur: Il fait sombre ici.
Varimathras: Si j'me fais buter, tu t'charges d'appeler ma femme.
Krayvur: Muhahaha, elle est bien bonne!
Varimathras: Merci.
Le voleur et le démon sursautèrent quand un homme couvert de haillons s'extirpa de la pénombre et leur fit face.
Krayvur fit lentement glisser une dague le long de sa manche.
Inconnu: Salut! Bienvenue dans le demeure de Joe Joe Klanker!
Varimathras: Salut. Qu'est-ce que vous êtes ici?
Joe: Bin, c'est là que je vis.
Krayvur: T'es un genre de squatter c'est ça?
Joe: Avant j'étais le jardinier du manoir. Maintenant, je suis juste un mort-vivant qui erre sans but dans une grotte. Muhahaha, tremblez!
Krayvur: Nan, j'suis aussi un mort-vivant, donc tu me fais pas peur. En plus, t'es mal sapé. Et mon pote c'est un seigneur de l'effroi, alors bon.
Joe: Mince, j'aurai essayé... Sauf qu'en fait, je ne suis pas un mort-vivant! C'était un leurre, une feinte!
Varimathras, Faudrait savoir.
Joe: En fait, je suis... CONTROLEUR DES IMPÔTS!
Varimathras: Fuyez!
Varimathras et Krayvur quittèrent la grotte à toutes jambes, escaladèrent la falaise à mains nues en gémissant. Ils reprirent leurs souffles une fois en haut, mais ils virent alors que Joe Joe Klanker les suivait, une valise pleine de paperasses sur le dos, et gravissait lui aussi la falaise à mains nues.
Joe: HAHAHA, c'est une simple visite de contrôoooooole.
Krayvur: Viens, on va se planquer dans le grenier!
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DING DONG! DING DONG!
Gothic: Ouais ouais, j'arriiiive.
Gothic ouvrit la porte en soupirant, et poussa un cri. Kel'Thuzad se tenait sur le perron, l'air furieux.
Kel'Thuzad: Alors comme ça, on préfère glander dans un manoir hanté que de bosser! Quand je t'ai pas vu pointer ce matin, je me suis renseigné, Razuvious m'a dit que tu étais ici mon p'tit salaud!
Gothic: Non mais attendez boss, je file un coup de main à un ami en fait...
Kel'Thuzad: Tu sais que j'ai déjà reçu trois plaintes de raids d'aventuriers? Comme quoi c'était un scandale, quand ils ont voulu mettre la main sur ton butin, ils t'ont pas trouvé?
Gothic: Oh, je euh...
Kel'Thuzad: Ils ont menacé d'aller voir chez notre concurrent, Yogg Saron, si tu n'étais pas là quand ils repasseraient la semaine prochaine. Tu me fous en l'air mon commerce là! J'avais déjà cet imbécile de Thaddius, constamment en congé maladie, si toi aussi tu t'y mets, ça va pas l'faire!
Gothic: Je reviens la semaine prochaine sans faute monsieur.
Kel'Thuzad: Tous les frais hebdomadaires seront retenus sur ton salaire.
Le seigneur liche fut soudainement renversé par ce qui ressemblait à un ouragan miniature qui s'engouffra dans la maison, en fait Krayvur et Varimathras, qui gueulaient « PLACE! PLACE! » dans toute la baraque, suivi de près par un homme en haillons qui leur réclamait leurs fiches de paie de ces six derniers mois, les yeux injectés de sang.
Kel'Thuzad: Sont-ce... des amis à vous?
Gothic: Euh non.
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Un caillou heurta le visage de Carrona, qui se releva de son transat en pestant.
« Je sais ce que tu as fait. »
Carrona: Nooooon! C'est faux, ce n'était pas moi, personne n'a trouvé de preuves!
La succube regarda autour d'elle, les yeux embués de larmes, paniquée, en cherchant le monstrueux « corbeau » qui avait lancé cette maudite pierre.
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Et enfin, après une autre dizaine d'anecdotes inutiles, la nuit tomba sur le manoir. Un conseil de guerre se tint dans le salon. A l'ordre du jour, la question de Joe Joe Klanker, du mystérieux maître-chanteur, et surtout, un rappel des consignes de sécurité pour la soirée à venir.
Akavar: Pour ce soir, chacun dort dans les chambres habituelles. J'insiste sur le fait de DORMIR, il paraît que la plupart d'entre nous a été assez stupide pour se balader au milieu de la nuit, notamment Krayvur, Varimathras, ou Flaadrom. Les mecs, on sait que vous êtes des cas désespérés, voire carrément des glandus paumés, mais même moi et Charthang on a su rester tranquille, c'est dire si vous êtes tombés bas. Je sais que vous étiez dehors, c'est le fantôme des Noëls passés qui me l'a dit alors que je prenais ma douche. Le fantôme des Noëls présents a confirmé.
Krayvur baissa la tête, Flaadrom roula les yeux au plafond, et Varimathras rougit. Vallina ricana.
Akavar: A ce propos, y a plus d'eau chaude.
Carrona: Aka!
Akavar: Bon, sinon. La rumeur veut que Krayvur et Varimathras, encore eux, aient enfermé un contrôleur des impôts dans le grenier. Comme je veux pas d'ennuis avec le fisc, personne rentre dans le grenier. Toute façon, y a rien à voir là-bas. Si quelqu'un laisse ce monstre sortir de sa geôle improvisée, je ne donne pas chère de nos comptes en banque.
Krayvur: Je fais bosser deux assassins stagiaires au noir en plus.
Akavar: Enfin, Carrona est venue me voir en pleurs, comme quoi elle avait reçue un message plus ou moins lugubre d'un éventuel corbeau, ou maître-chanteur si vous préférez. J'en ai moi-même reçu un.
Charthang: Hé, moi aussi!
Akavar: Je pourrai éventuellement accuser une des horreurs sans nom qu'abritent cette baraque, de la culpabilité de ce crime, mais comme nous constituons une joyeuse bande de sociopathes hautement instables, exception faite de Carrona, je préfère penser que l'un de nous est l'auteur de ces messages.
Carrona: Si je le chope ce petit fumier, ça va barder pour son matricule, c'est moi qui vous le dit!
Corfi: En tout cas, c'est pas moi le maître-chanteur, je le jure! C'est pas mon écriture d'ailleurs.
Akavar: Comment tu peux le savoir sans avoir vu les mots laissés?
Corfi: Euuuuuuuuuuh, tiens, si on allait se coucher?
Akavar: Bonne idée, on résoudra cette affaire plus tard. C'est bien trop compliqué pour moi. Et restez dans vos lits, bordel.
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Charthang: Vous avez entendu la voix ce coup-ci les mecs? Elle vient de crier « Zul »!
Akavar: Tu vas pas nous faire le coup de la panique tous les soirs Charthang!
Corfi: Si j'ai pas mes huit heures de sommeil, je réponds plus de rien.
Charthang: Mais on va se faire tuer! Ou manger! Ou découper en morceaux d'abord, puis manger ensuite, je sais pas bien comment les spectres bouffent les gens. D'ailleurs, est-ce qu'un spectre mange des gens?
Corfi: Que quelqu'un le fasse taire.
Charthang: Il paraît que c'est à cet étage que se sont passés la quasi-totalité des meurtres du manoir depuis les trois derniers siècles.
Corfi: Il paraît que je m'en fous, mais on a jamais pu le prouver.
Une voix de femme commençait à chanter une affreuse petite musique depuis le couloir devant le chambre des trois individus. Le marcheur du vide poussa un long gémissement en se recroquevillant à côté de l'armoire du fond de la pièce. Akavar dormait déjà à poings fermés. Les grattements reprirent contre la porte, qui laissèrent place pratiquement aussitôt à des coups sauvages et des grognements animaux. Charthang décida que c'en était assez, il attrapa la hache de Corfi, un antique tromblon miteux suspendu au mur, et sortit de la chambre en hurlant.
Corfi: Grrrr, moins fort...
Le tauren plaça son oreiller par dessus sa tête en grommelant.
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Gothic: Krayvur, tu crois qu'on va tous crever?
Krayvur: J'dirai que le risque est non-nul.
Gothic: Pourquoi je me suis embarqué là-dedans?
Krayvur: Avec les pouvoirs que t'as, je m'étonne que tu t'inquiètes.
Gothic: J'ai plus de mana, je peux regen qu'à Naxxaramas.
Krayvur: C'est bête. Bon, je vais me faire une petite virée à l'extérieur, à plus.
Gothic: Mais Akavar te l'a interdit!
Krayvur: Les recommandations d'un mec en peignoir rose, tu sais où je me les carre?
Le mort-vivant quitta la chambre, sourire aux lèvres, laissant seul et désespéré Gothic le Moissonneur.
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Flaadrom: Maîtresse, vous devriez rester dans la chambre! J'ai vu passer une bande de cavaliers fantômes sans têtes dans le couloir il y a cinq minutes. Ils pratiquent la chasse à cour. J'ai demandé au chef du groupe ce qu'ils chassaient exactement, ils m'ont parlé d'une bête mi-homme mi-loup qui sort parfois du bois dehors pour s'aventurer dans le manoir.
Vallina: Personne ne s'oppose à moi et à mon charme démoniaque! Garde la chambre. Et que je ne te reprenne pas à fouiller dans mes sous-vêtements!
Flaadrom: Bien madame.
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Varimathras se gratta la fesse droite, assis sur son lit, et semblait torturé par de sombres pensées. Le démon cherchait l'inspiration, pour sa symphonie de Destruction en ré mineur. L'illumination fut, et le seigneur de l'effroi se précipita vers son orgue personnel (volé dans le grenier dans la journée, alors qu'il enfermait Joe Joe Klanker avec l'aide de Krayvur, et rapporté dans ses quartiers). Varimathras joua alors un hymne endiablé au carnage et à l'anarchie.
Varimathras: Destructiooooon is so very cool... So veryyyyy coooool... And euuuh, order is for fool. I go to swimming-poooooool. Bon, niveau paroles, c'est pas encore ça, mais je tiens le bon bout.
L'orgue explosa soudainement dans un fracas assourdissant, la déflagration réduisant en bouillie l'intégralité de la pièce. Varimathras épousseta son visage couvert de suie, interloqué par cette explosion inopinée. Un spectre vert dégueulasse et ricaneur fit son apparition devant le démon, qui ne sourcilla pas, malgré les trainées vertes ectoplasmiques que laissait le fantôme derrière lui.
Spectre Vert: Muhahahaha, tu m'as libéré de ma prison musicale en jouant la bonne partition! Coup de bol.
Varimathras: T'es encore un vieux mec bidon je parie.
Spectre Vert: Je suis l'Horreur, la Terreur, Celui qui Tue, le Monstre caché sous ton lit, ou dans ton placard, je suis le Cauchemar qui détruit tes rêves super chouettes, qui t'envoie à la place à l'école en slip et euh, tout ça quoi. Je vais à nouveau répandre la mort et la désolation sur mon passage, pour les millénaires à venir. Et ce sera bien fait pour vous. Jusqu'à ce qu'un autre neuneu enferme mon être dans un autre lieu improbable. Mais d'ici là, j'aurai bien répandu mort et désolation, quand même. Alors ça me va.
Varimathras: D'accord.
Spectre Vert: J'ai placé une bombe dans la cave! Si tu ne la désamorces pas très vite, toute la maison va s'écrouler !
Varimathras: T'as fait ça quand? Je t'ai pas lâché des yeux!
Spectre Vert: Un magicien ne révèle jamais ses tours.
Varimathras: Pété de rire, comment tu crains mec! Bon, je vais à la cave, on se revoit là-bas...
Varimathras claqua la porte derrière lui, alors que le spectre vert s'agaçait de tomber sur quelqu'un qui ne le prenait pas au sérieux.
Spectre Vert: On va voir ce qu'on va voir, monsieur « J'ai des cornes et des ailes et j'ai peur de rien »!
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Commentateur sportif 1: Nous assistons ce soir encore à un show stupéfiant, cher ami!
Commentateur sportif 2: En effet, l'arrivée inopportune de ce fantôme vert remet en cause tout ce que nous savions alors sur les orgues hantés.
Commentateur sportif 1: De même, la virée nocturne de Krayvur suscite bien des questions. Que va t-il lui arriver?
Commentateur sportif 2: Sans parler de la crise de panique du démon bleu, qui va probablement se faire buter! En même temps que Vallina, du moins je l'espère, elle est très antipathique.
Commentateur sportif 1: Et cette histoire de maître-chanteur! Qui est-ce donc? Nous nous demandons bien qui se cache derrière ces horribles messages de haine!
Commentateur sportif 2: Bah, ça paraît évident que c'est Corfi.
Commentateur sportif 1: LALALA, j'ai pas entendu, laissons donc s'instaurer un climat de tension!
Commentateur sportif 2: Time to pronostic! Voici les miens: Seul Carrona et Akavar vont survivre. Parce qu'ils sont pistonnés et sont clairement les chouchous de l'auteur!
Commentateur sportif 1: Justement, je pense l'inverse, les chouchous de l'auteur sont souvent ceux qui morflent le plus, à l'instar de Gaqkua, Charthang ou Akavar. Par contre, pour Carrona, elle est un peu la chose sacrée, elle n'aura rien. Je la mets comme seule survivante!
Commentateur sportif 2: Je parie sur une fin atroce pour Corfi et Gothic le Moissonneur, et une fin héroïque pour Varimathras.
Commentateur sportif 1: Je pense que c'est Flaadrom qui va s'en prendre le plus dans la tronche.
Commentateur sportif 2; Assez de pronostics, retournons dans cet épisode maudit. Je vois le public bailler.
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Krayvur quitta la maison en sifflotant. La nuit était extrêmement sombre, nulle lumière ne venait éclairer les environs. Krayvur aimait ça. Le voleur réfléchit longuement à sa prochaine destination. Plutôt la mare poisseuse, où l'assassin avait entendu des bruits intéressants dans la journée? Ou plutôt le petit bois inquiétant ou vivaient sans doute de biens amusantes créatures griffues à déchiqueter? Le mort-vivant décida finalement de s'attaquer au nettoyage méthodique du bois, déjà parce que les créatures griffues c'était très attrayant, et ensuite parce que l'eau poisseuse, ça ne facilite pas les mouvements.
Krayvur dégaina sa dague fétiche, et sautilla en direction des arbres grisâtres aux branches acérées.
Il écrasa au passage la main desséchée d'un autre zombie qui tentait une sortie de terre au mauvais moment.
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Charthang rampait dans les couloirs du deuxième étage, en criant. Quelque chose le heurta et s'effondra. Vallina.
Vallina: Que faîtes-vous allongé au milieu du chemin, imbécile?!
Charthang: JE L'AI VU! JE L'AI VU!
Vallina: Voir qui ça?
Charthang: EL DIABLO! EL DIABLOOOOOOO!
Vallina: El Diablo? Kesako?
Charthang: El Diablo viendra te manger toute crue, et dansera ensuite une samba sur ton squelette.
Vallina: Qu'il essaie.
Charthang: El Diablo transformera ta vie en corrida!
Le marcheur du vide se roula par terre, la bouche pleine d'écumes.
Charthang: EL DIABLOOOOOOOOOOO!
Vallina: Ok, allez au revoir hein. Je dois commettre un meurtre atroce, c'est la voix geignarde d'une mariée fantôme qui me l'a dit dans mon sommeil.
Puis, la succube reçut inopinément un maracas pointu dans la gorge, qui mit fin immédiatement à toutes velléités. Un homme à moustaches, avec un sombrero et une tenue de catch moulante (avec les inscriptions E.D (El Diablo) sur le torse, cousus à la main par sa mamie) venait de provoquer le premier décès de la semaine. L'homme se lissa ladite moustache, en récupérant son maracas tranchant.
El Diablo: Personne n'a le droit de se désintéresser d'El Diablo, muchacha. Connais ta place dans l'univers, et abandonne ta vie au magnificient El Diablo!
Le marcheur du vide se laissa rouler discrètement sur le côté jusqu'au fond du couloir, pendant qu'EL Diablo était lancé dans son discours interminable à propos de ces « muchachas » qui ne respectaient plus les hommes, les vrais, et qui devraient plutôt laver les fesses des gosses que de traîner dans les pattes des hommes, les vrais.
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Une cave humide. Une bombe. Un seigneur de l'effroi. Et un spectre vert dégueulasse.
Varimathras: C'est une bien belle bombe dîtes. Alooors, donc, euuuuuh, quel fil je dois couper?
Spectre Vert: Hahahaha, tu croyais que j'allais te le dire?
Varimathras: Bon, ça va être vite réglé, faut pas m'faire chier moi.
Le démon piétina la bombe bien comme il fallait, puis l'écrasa entre ses mains griffues, la réduisant à l'état d'un minuscule cube compact sans danger. Le nathrezim balança ensuite le cube avec un désintérêt total dans un coin de la cave. Le spectre vert était soulevé d'indignation.
Spectre Vert: Eh mais non, c'est d'la triche aussi!
Varimathras: Bah quoi?
Spectre Vert: Tu vas me le payer, stupide démon mineur!
Varimathras: Etant donné que j'ai plus de 18 ans, et que je ne porte pas de pioches, pourquoi m'appelez-vous démon « mineur »?
Spectre Vert: VA... CHIER...
L'esprit malin traversa un mur pour envisager un nouveau plan diabolique, laissant derrière lui une impressionnante quantité d'ectoplasmes. Varimathras avait déjà cessé de s'intéresser à ce spectre minable, et traquait dans la cave la trace d'une éventuelle entrée secrète qui mènerait à une cave à vins cachée. Varimathras ne restait pas concentré longtemps sur la même chose.
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Et enfin, le soleil se leva. Akavar, affublé de son éternel peignoir rose, se versa une tasse de café, assis confortablement dans un large fauteuil du grand salon. Corfi le rejoignit vite, renfrogné, et grogna un « bonjour ». Arrivèrent ensuite Carrona, Flaadrom, Gothic le Moissonneur et... Et c'était tout. Akavar fit une moue pensive.
Akavar: Euh, il en manque là. Il est déjà onze heures.
Carrona: Il manque dooonc... Voyons voir. Krayvur, Charthang, Varimathras et ma cousine Vallina.
Flaadrom: Et Gaqkua.
Akavar: Gaqkua est mort.
Flaadrom: Ah oui, j'avais oublié!
Corfi: Gaqkua est mort?!
Akavar: Bah oui, c'est pour ça qu'on est là après tout, pour l'héritage!
Corfi: Mais enfin... J'avais compris qu'on était ici pour une histoire de fromage non?
Akavar: De... fromage... ?
Corfi: Non c'est pas ça? Une histoire de chedar tombé du ciel... Et d'une prophétie autour de ce chedar... C'est pas pour ça que je suis là?
Akavar: Bah non. T'es là pour nous aider à survivre toute cette semaine, histoire qu'on touche le pactole.
Corfi: Ah. Du coup, j'ai commencé à collecter du fromage dans toute la maison pour rien moi?
Akavar: Carrément.
Carrona: Et si on parlait plutôt des mystérieuses disparitions de cette nuit?
Akavar: Allons vérifier dans les chambres déjà.
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Plus tard, après une fouille rapide des chambres et du reste de la maison, on ne trouva finalement que le cadavre de Vallina quelque part dans les couloirs distordues du second étage. Personne ne regretta ce décès. A part Flaadrom, et encore. On s'interrogea rapidement sur le pourquoi du comment de l'état apocalyptique dans laquelle était la chambre de Varimathras, puis Akavar s'intéressa au coeur du mystère, à savoir les disparitions d'une bonne partie de la bande.
Akavar: Comment tous ces pignoufs ont fait pour se volatiliser?
Gothic: Hum, pour Krayvur, il a dit qu'il voulait se faire une balade dans la propriété, alors il est parti au milieu de la nuit.
Flaadrom: Maîtresse Vallina est sortie aussi, je ne sais pas pourquoi. Il est étrange de la retrouver à l'étage maudit.
Corfi: Maîtresse Vallina? Roh, tu me fais pitié.
Akavar: Charthang a paniqué aussi, il a quitté notre chambre en hurlant à la mort.
Gothic: Et mon ami Varimathras?
Un bref silence tomba.
Akavar: Bon, pour Varimathras, on ne sait pas. Il a du péter un autre câble et courir cul nu dans le jardin. Un truc comme ça.
Gothic: Oui, c'est son genre.
Akavar: Heureusement que j'ai dit et répété qu'il fallait pas sortir de sa chambre.
Flaadrom: Finalement, quand on regarde bien, on se rend quand même compte que tous les disparus font, comme par hasard, partie de la bande des gros stéréotypes des débiles profonds insouciants, qui passent leurs temps à s'attirer des ennuis de leur plein gré. Mis à part Charthang, qui est juste un gros demeuré de base, nos pertes, ce sont un voleur psychopathe qui passe son temps à trancher tout ce qui a le malheur de se dresser sur son chemin, en cherchant toujours l'affrontement où qu'il aille, une succube égocentrique qui se pense invulnérable et intouchable, et un seigneur de l'effroi doté de la mentalité d'un gosse de cinq ans, et qui n'a aucune notion du danger.
Corfi: C'est vrai que vu comme ça...
Flaadrom: Ma conclusion est la suivante: les gens qui ont disparu cette nuit étaient destinés à disparaître, par pure stupidité. Donc, nous ne sommes plus que cinq, mais nous, nous résisterons. La maison s'est chargée en une nuit d'éliminer les quatre plus gros boulets du groupe.
Akavar: Oui, ça paraît logique. Bon, je vais dans le jardin.
Carrona: Moi aussi.
Corfi: Moi, je vais râper des carottes dans la bibliothèque, à plus.
Gothic: Bon bah... Je vais me recoucher tiens.
Flaadrom: On enterre pas Vallina?
Akavar: Nan.
Flaadrom: Donc, y a déjà eu quatre morts mais tout va bien?
Akavar: Oui.
Flaadrom: Ah bon.
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Dans le jardin, deux transats étaient dépliés, malgré l'absence totale de soleil, comme d'habitude.
Akavar bourrait sa pipe (volé dans un tiroir) en écoutant Carrona geindre de leurs malheurs.
Carrona: Je veux pas mourir! Mourir c'est vraiment, vraiment nul!
Akavar: Yep, je confirme. Regarde dans quel état la mort m'a mis.
Carrona: Tu me rassures pas là!
Akavar: De rien.
Le démoniste tira une bouffée de sa pipe en se flattant mentalement d'être aussi désopilant.
Carrona: J'ai entendu un cri dans le bois là-bas! Tu l'as entendu?
Akavar: Non désolé, j'ai pas entendu, les sanglots intempestifs d'une succube m'empêchaient d'entendre quoique ce soit.
Carrona: Mais! Mais! Tu es méchant avec moi aujourd'hui!
Akavar: Y a plus Gaqkua, y a plus Charthang, et Flaadrom n'est pas là. Il me faut bien un bouc émissaire.
Carrona: Espèce de.. de crétin bouseux!
La démone, offusquée, retourna à l'intérieur du manoir en claquant la porte violemment derrière elle. Akavar se félicita une fois de plus pour son comportement exécrable. Un autre cri inhumain surgît des bois. Cette fois, le mort-vivant l'avait bien entendu.
Akavar: Crie tant que tu veux, je me ferai pas couillonner à aller voir ce qui se passe. Même si c'est tentant.
D'autres cris résonnèrent au loin, cette fois au niveau du portail de la propriété, qui fut forcé par deux individus montés sur des karts. Le premier était un gobelin moustachu habillé en rouge, avec une casquette rouge marquée d'un M. Le deuxième était un nain moustachu en vert, avec une casquette verte marquée d'un L. Les gardes à l'extérieur décidèrent de refermer derrière eux, par flemme, leur seul objectif étant de garantir que personne ne sortait de la propriété hantée. Les gardes recommencèrent à boire, à fumer, et à jouer aux cartes en racontant des blagues salaces.
Le gobelin, Mariano, pointa du doigt Akavar affalé sur son transat à son ami nain Lugiano, et les deux compères se rendirent jusqu'au démoniste en émettant d'étranges onomatopées du genre « Yahoooo! » ou « Here we goooo! ».
Mariano: Bonjour. Euh, c'est chouette par chez vous.
Akavar: Salut. Merci. Beau temps pour la saison n'est-il pas?
Lugiano: Trêve de politesses, nous sommes venus piller vos réserves de fromage, et contaminer votre eau potable! Suite à quoi nous nous éclipserons dans les ténèbres en gloussant, et vous maudirez dix fois nos noms en tombant à genoux!
Akavar: Ok. Allez voir le tauren Corfi à l'intérieur du manoir, c'est lui le Grand Préposé au Fromage ici.
Mariano: Merci beaucoup monsieur, vous êtes bien aimable.
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Varimathras, dépenaillé et complètement bourré, sortit en titubant de la cave à vins secrète, après avoir « examiné avec beaucoup d'attention » l'ensemble de la réserve. Le démon, toujours à l'affut d'une nouvelle aventure palpitante, entreprit une fouille méthodique de la cave où un drame explosif avait été évité plus tôt. Alors que Varimathras entonnait un hymne à la joie tout en dépiautant un fauteuil miteux à la recherche d'un trésor de pirates ou de samouraïs, sans succès, quand le spectre vert réapparut en sortant tout droit d'une vieille lampe de génie poussiéreuse.
Spectre Vert: C'est re-moi! Je pensais que tu frotterai la lampe, donc je te préparai une surprise et tout, pouf j'apparais quand tu frottes la lampe, mais en fait tu me fais de la peine à t'acharner comme ça sur ce fauteuil innocent.
Fauteuil: Oui, je ne veux de mal à personne!
Spectre Vert: Outre ce fauteuil qui parle, ma venue annonce bien d'autres péripéties, bien d'autres épopées mythiques, dans l'unique but de mettre un terme à ce monde! Muhahahaha!
Varimathras: Tiens, tu tombes bien, viens m'aider à trouver des trucs.
Spectre Vert: Je ne suis pas là pour ça, pauvre minable. Cette fois, je mets en place mon plan B!
Varimathras: Tu vas encore poser une bombe de tarlou**?
Spectre Vert: SILENCE! J'ai sorti du grenier une pendule qui envoie dans le passé! Héhé! Elle a été déposé là par le trisaïeul de...
Varimathras: « Baîlle »
Spectre Vert: Ok ok. Bref. Il a été difficile de la déplacer, déjà parce que je suis immatériel, je te raconte pas la galère. Ensuite parce qu'il y avait un type hargneux dans le grenier qui me demandait si j'avais payé la taxe d'habitation.
Varimathras plaça ses deux mains sur ses joues en ouvrant grand la bouche, le regard empli d'effroi.
Varimathras: Tu l'as laissé s'échapper?
Spectre Vert: Tu voulais que je l'arrête comment? En criant très fort?
Varimathras: Tu poses des bombes et tu déplaces des pendules, mais en gros, t'es quand même avant tout un nullard.
Fauteuil: J'vous l'fais pas dire.
Spectre Vert: Bon, ça suffit, place à la pendule magique! Pour l'utiliser, il a fallu que j'arrive à une puissance de 2,21 gigowatts! Et pour ça, j'ai volé un générateur à des terroristes gnomes. Et je l'ai placé dans la pendule. Haha.
Varimathras: Bien joué MacGyver. Bon, tu permets, je prends congé. Joe Joe Klanker va me traîner devant la justice s'il me trouve.
Spectre Vert: Oh non, tu restes!
Le fantôme pénible déplaça les aiguilles de la pendule en poussant un rugissement tout à fait diabolique, puis jeta cet objet maudit droit sur Varimathras. Et le démon se volatilisa, en ne laissant derrière lui qu'une odeur de vin rouge.
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Carrona se rendit dans sa chambre, furieuse contre Akavar et contre cette maison. En entrant dans la pièce, elle s'écroula dans son lit, et se fit mal. Un livre semblait avoir été laissé là. La succube rouspéta, vit que le livre était le journal intime de Charthang, eut un sourire sarcastique et condescendant, et ouvrit à une page au hasard. Carrona s'inquiéta de découvrir au fil des pages une seule inscription « El Diablo makes Charthang a dull demon », inscription répétée à l'infini sur une centaine de pages.
Charthang apparut alors dans l'encadrement de la porte, le visage métamorphosé par la folie. Carrona trouva par miracle une batte de base-ball sur une armoire, et la brandit pour tenir le démon obèse à l'écart. Celui-ci, ravagé de tics nerveux, s'approcha lentement de la succube, le regard meurtrier, le ton menaçant.
Charthang: Qu'est-c'que tu viens faire ici?
Carrona: C'est ma chambre! Tu euuuuh, est-ce que tu veux qu'on parle?
Charthang: D'accord... Parlons...
Le marcheur du vide attrapa son journal intime, le feuilleta rapidement, alors que Carrona reculait encore. La chambre était grande, c'était déjà ça de gagné.
Charthang: De quoi veux-tu que nous parlions?
Carrona: Euh, ah euuuuh, je sais pas. On pourrait parler du fait que tu ne vas pas me tuer.
Charthang: Il est temps que nous parlions... d'Akavar.
Carrona: Akavar?
Charthang: Il est temps que nous décidions ce que nous devons faire de ce démoniste.
Charthang s'avança encore, les doigts crispés, un sourire horriblement malfaisant sur les lèvres. Carrona recula encore en sanglotant. Et en moulinant dans le vide avec sa batte.
Charthang: Que devons-nous faire de lui?
Carrona: Ne... Ne t'approche pas de moi!
Charthang: Allons, je ne vais pas te faire de mal. Donne-moi la batte. Donne-moi la batte.
Flaadrom entra alors dans la chambre, sans remarquer qu'un drame se jouait sous ses yeux.
Flaadrom: Carrona, où est-ce que t'as mis ma crème pour les pieds? Tiens, Charthang! On te croyait décédé.
Charthang: Donne-moi la batte Carrona.
Carrona: Recule!
Flaadrom: A quoi vous jouez?
Charthang: Flaadrom! Tu es en train de foutre en l'air ma scène du psychopathe qui s'attaque à la demoiselle sans défense parce que le manoir l'a rendu fou! C'est la scène de ma vie.
Carrona profita de cet instant d'inattention pour envoyer sa batte saluer amicalement le front moite du démon fou.
Flaadrom: Ah d'accord. Je ne comprends rien à ce qui se passe.
Carrona: Aide-moi à le virer de là!
Flaadrom: On a qu'à le jeter par la fenêtre.
Carrona: Mais il va s'échapper!
Flaadrom: Penses-tu, j'ai toujours jeté tous mes détritus par la fenêtre où que je sois, aucun d'entre eux n'est jamais revenu me chercher querelle.
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Gothic le Moissonneur, son sac-à-dos sur l'épaule, se dirigea d'un pas sûr vers le portail de la propriété. Il ne resterait pas une seconde de plus dans ce manoir de fou, surtout depuis qu'il avait vu un mexicain moustachu scander « El Diablooo! » dans la cuisine. Surtout depuis qu'il s'était fait marcher dessus par une bande de cavaliers sans tête à la recherche de gibiers dans sa propre chambre. Et surtout depuis qu'un contrôleur des impôts avait fait irruption dans sa salle de bains sans prévenir en réclamant les factures d'eau de la maisonnée. Gothic en avait légèrement ras-le-bol de toute cette histoire étrange autour de ce manoir hanté, à l'intérieur de laquelle une multitude d'histoires invraisemblables, sans queue ni tête, semblaient suivre leurs cours sans se soucier outre mesure des lois de la physique, ou des règles élémentaires du bon goût.
Le Moissonneur donna deux coups de poings dans le portail pour se faire remarquer.
Gothic: Ouvrez-moi, je veux sortir d'ici.
Garde : Allez vous adresser au bureau des réclamations.
Gothic fit un pas sur le côté pour se placer face au bureau des réclamations, où une gobeline outrageusement maquillée se faisait une petite manucure.
Gothic: Mademoiselle?
Gobeline: Oui?
Gothic: J'aimerai sortir d'ici s'il vous plaît.
Gobeline: Oui, vous avez les papiers nécessaires à cette démarche?
Gothic: Quels papiers?
Gobeline: Sans une attestation d'assurance, une lettre officielle du notaire, et votre carnet de santé, je ne peux accéder à votre requête.
La moutarde monta au nez de Gothic, qui sauta par dessus le comptoir du bureau des réclamations, colla deux-trois beignes à la gobeline, escalada la clôture, et tenta une évasion sauvage. Malheureusement, un pan de sa robe s'était agrippée aux fils de fer barbelés, aussi les gardes gobelins montrèrent toute l'étendue de leurs connaissances en matière de passage à tabac et de bavures policières. C'est ainsi que s'acheva la vie inutile de Gothic le Moissonneur, tabassé à mort à coup de matraques et de gourdins par une vingtaine de gobelins alcooliques.
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Corfi brandissait avec vivacité une bouteille brisée en direction de Mariano et Lugiano, qui se préparaient précautionneusement à l'affrontement.
Corfi: Essayez juste de vous barrer avec le Fromage Sacré! Essayez pour voir. J'vais vous arracher la tête et les accrocher au mur!
Mariano: Mamamia!
Lugiano: Yaho! Boule de feu verte!
Le tauren protecteur du fromage reçut en pleine figure ce concentré d'énergie inattendu.
Corfi: Mes yeux! Depuis quand les nains envoient des boules de feu dans la figure des honnêtes gens?!
Lugiano: Rends-toi sans discuter.
Un sombrero en acier trempé, aux rebords tranchants passa sous le nez de Lugiano, qui fit instinctivement un bond en arrière. Un espèce de mexicain en tenue de catch se lissait la moustache à quelques mètres de là, et rattrapa son sombrero qui revenait comme un boomerang.
Corfi: C'est qui encore ce zouf?
Mariano: Va t-en, stupide mexicano!
El Diablo: Comment osez-vous adresser la parole au grand, au superbe, au fulminant El Diablooo!
Lugiano: El Diablo?
El Diablo: Personne n'échappe à ma sainte colère! En garde, hombres!
Corfi: Non mais là, on est occupés.
El Diablo: Hablas mucho!
Corfi: Gné?
Lugiano: On vient juste embarquer votre fromage nous hein.
El Diablo fit une galipette en avant, esquiva sans peine les boules de feu rouges et vertes qui lui étaient lancés, attrapa Lugiano, le plaça tête en bas, fit un pas en avant avec Lugiano dans ses bras, retourna le nain sur le côté, fit deux tours sur lui-même, et finalement éclata la tête du malheureux sur le plancher.
El Diablo: BAILE DE LA MUERTE!
Mariano: Tu l'as tué! Salaud!
El Diablo: Qui veut passer en deuxième?
Corfi: Je vais enfoncer ta tête dans ton fondement en un rien de temps, le mexicain. Mince, j'ai pas ma hache, Charthang est parti avec, la nuit dernière!
El Diablo: Combat à mains nues! MANOS NUDOS!
Corfi et El Diablo se lancèrent l'un vers l'autre en criant, sourires aux lèvres. Mariano profita de la confusion pour se soustraire de là, en emportant un énorme morceau de chedar sur son dos.
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Akavar, toujours assis au même endroit, jouait de l'ukulélé en évitant de penser au fait que tout ses compagnons avaient disparus maintenant. Il n'avait plus de nouvelles de Carrona et Flaadrom, il avait ricané en apercevant Gothic se faire tabasser par des gardes bourrés au niveau du portail, et il avait envoyé deux individus louches chercher des noises à Corfi. Mieux valait jouer un morceau endiablé d'ukulélé que de ruminer sur son sort après tout. Sans prévenir, le corps inerte de Charthang vint s'effondrer à deux mètres du transat. Le démoniste jeta un oeil au dessus de lui et vit Flaadrom et Carrona à une fenêtre lui hurler de foutre le camp, comme quoi Charthang était fou, un truc comme ça. Il se contenta de les ignorer poliment, blasé.
Le gobelin Mariano, en rouge, réapparut à l'encadrement de la porte d'entrée, et fila droit vers son kart, du fromage sur son dos.
Akavar: Vous vous êtes arrangés avec Corfi?
Mariano: Arrangés? Ce fromage a été dûment volé. Vous ferez gaffe en retournant à l'intérieur, y a un maboul qui cause en espagnol.
Akavar plissa les yeux, fronça les sourcils, et articula lentement.
Akavar: Vous... avez... volé... ce fromage?
Mariano: Pas le temps de causer, ciao!
Akavar: Le vol... est un crime... grave...
Une habituelle saute d'humeur typiquement Akavarienne agita le mort-vivant, qui décida qu'il était temps d'en finir avec ce gobelin moustachu. Cet énergumène étrange tentait de s'échapper sur son kart, et fuir avec le fruit de ses rapines, cela ne serait pas toléré. Il grimpa sur le kart abandonné de Lugiano et partit à la poursuite du pilleur.
Celui-ci posa une série de peaux de bananes derrière lui pour ralentir le démoniste. Akavar, pour se venger, s'empara d'une des carapaces vertes qui reposaient dans un compartiment derrière le kart, et la projeta avec force vers le kart rouge de Mariano. Le gobelin fut touché, cria « Whawhawhawhawhaaa! », son kart fit un bond vertical avant de retomber sur le sol et de repartir à toute vitesse.
Le gobelin envoya son sourire le plus sarcastique et cynique à Akavar en lui désignant du doigt le champignon qu'il tenait dans sa main gauche, qu'il enfonça dans le compartiment prévu à cet effet, ce qui eut pour effet d'envoyer une décharge d'énergie importante au kart, qui accéléra sauvagement et disparut dans les bois.
Akavar: Damned!
Le démoniste retourna dans son transat, tout penaud.
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Et vint à nouveau le coucher du soleil, avec son habituelle réunion du conseil de guerre. Le conseil semblait déserté, seul trois personnes firent actes de présence: Akavar, Carrona, et Flaadrom. Soit deux de moins depuis la dernière réunion matinale. Seul Akavar ne manifesta aucune inquiétude.
Akavar: Bien, donc. Les nouvelles de la soirée. Corfi a été assassiné froidement à coup de poings, vraisemblablement par un esprit frappeur de la maisonnée. Gothic a fait plus amples connaissances avec les matraques des gobelins à l'extérieur. Autre chose?
Carrona: Charthang est devenu fou et rôde sans doute dans les parages.
Flaadrom: Et en prime, on a quasiment plus de chedar.
Carrona: Il me semble également avoir aperçu le contrôleur des impôts au troisième étage, quelqu'un l'a libéré.
Flaadrom: Et de la gelée verte ectoplasmique est étalée partout dans la cave.
Akavar: En résumé: trois morts confirmés donc: Vallina, Corfi, Gothic. Comme par hasard, ce sont les trois loosers qu'on a appelé en renfort. Varimathras et Krayvur, on a toujours pas de nouvelles. Charthang est dans le camp des méchants maintenant, des méchants défenestrés en plus, les pires de tous. Il reste donc le héros, la potiche de service, et le faire-valoir du héros.
Flaadrom: Comment ça « Faire-valoir »?!
Carrona: Comment ça « Potiche de service »?!
Akavar: Allez, assez causé, je vais me coucher, à demain matin.
Carrona: Attends! On pourrait dormir tous ensemble dans la même chambre ce soir? Je le sens super mal ce coup-là.
Akavar: Voyons, je dors depuis trois nuits à l'étage maudit, et j'ai pas reçu une égratignure...
Flaadrom: On peut pas en dire autant de tes deux compagnons de chambrée.
Carrona: Allez, on dort tous ensemble, c'est moi qui décide. Flaadrom, je t'ai à l'oeil.
Flaadrom: Merci, c'est très agréable...
Akavar: On piaule à l'étage maudit ou bien ça aussi, ça vous fout la trouille?
Carrona: Non, on va dans une chambre tranquille du troisième étage.
Akavar: Bande de faibles.
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Varimathras n'appréciait pas d'être ainsi envoyé dans le passé, à l'insu de son plein gré. C'est vrai quoi! Surtout qu'il ne reconnaissait pas l'endroit où il était. On aurait dit Strangleronce.
Varimathras: J'espère qu'on est pas où je pense, ça fait quasiment dix épisodes qu'on est à Strangleronce bordel!
Le seigneur de l'effroi entendit distinctement les échos d'un combat, non loin. Le démon arriva à l'extrémité d'une de ces petites falaises dont l'auteur de ce récit avait le secret. En contrebas, un gnome à moustaches vertes était sur le point d'en finir avec son adversaire, qui ressemblait à Akavar, mais en moins décomposé, et en plus furieux.
Le démoniste était recouvert de blessures et allongé par terre, les dents serrés.
Schpunzer: Cette fois-ci, c'est la fin pour toi Akavar, aucun dragon rouge, aucun diablotin idiot, et aucun voleur ne viendra te soustraire à ton destin! Tu vois! Au final, c'est moi l'plus fort t'sais. Je suis désolé de ne pas pouvoir te laisser assister au décès d'un autre de tes camarades, mais celui auquel tu as assisté doit être suffisant. ADIEU DELAN! T'AS VU!
Varimathras, poussé par son instinct, attrapa un caillou à ses pieds, et l'envoya droit sur le crâne du gnome, qui fut troublé une petite seconde par le projectile. Akavar profita de cette seconde pour envoyer un déluge de magie sur le gnome, qui fit un vol plané en arrière. Le démoniste mort-vivant se releva, courut après son ennemi juré, l'agrippa au vol, le jeta violemment au sol et mit littéralement en pièces le gnome, avec ses poings, ses pieds, l'envoya valser dans les arbres et finalement absorba son âme avec un petit drain d'âme bien senti.
Varimathras ne comprenait pas bien ce qu'il venait de se passer, et d'ailleurs, un portail s'était ouvert derrière lui. Le démon y rentra en haussant les épaules.
Varimathras était de retour dans la cave du manoir hanté. Le Spectre Vert constituait son comité d'accueil.
Spectre Vert: Eh, je crois que je me suis planté dans mes gigowatts, il est possible que je t'ai envoyé dans le futur en fait.
Varimathras: Ah ouais?
Spectre Vert: D'après mes derniers calculs, tu as dû atterrir aux alentours de la fin de la saison 3. Donc, je t'ai ramené ici, parce que je n'envoie que dans le passé, question de principe. Et j'espère que t'as pas changé la trame du temps, l'avenir, et tout et tout.
Varimathras: Ah, euh, je sais pas.
Spectre Vert: De toute façon, j'ai un autre plan qui pourrait te causer du tort. En fait, le truc c'est que...
Varimathras attrapa une bouteille de rhum vide, récita une formule damnée, et enferma le Spectre Vert vite fait bien fait.
Varimathras: J'ai plus le temps de jouer mon vieux. Mais c'était sympa quand même. Allez, sans rancune.
Le nathrezim balança la bouteille dans un coin de la cave, et remonta l'escalier vers le rez de chaussée, le coeur léger.