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    L'élite de l'Alliance

    Greyam
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    L'élite de l'Alliance Empty L'élite de l'Alliance

    Message par Greyam Dim 26 Aoû 2012 - 14:48

    (Une petite histoire sans doute inspirée par une certaine nostalgie de WoW.Et de mon chevalier de la mort aux convictions patriotiques.)



    L'élite de l'Alliance



    Le paysage était indistinct, rempli d'ombres voire tout simplement flou à certains endroits.Le ciel lui-même aurait paru irréel au chevalier de la mort s'il avait pris la peine de lever la tête.

    Mais le Caporal Sackard, plus souvent appelé par son surnom de "Kessoth le bleu", n'avait pas pour habitude de faire attention à des détails aussi peu importants.

    Et encore moins lorsqu'il comparaissait devant un tribunal militaire.

    -Je suppose que vous savez pourquoi vous êtes ici, caporal, dit le Lieutenant Fritz après un silence bref mais pesant.

    Son visage n'était pas flou, pas plus que celui des trois autres officiers installés à la tribune.Kessoth aurait préféré qu'ils le soient.

    -Non monsieur, répondit simplement Kessoth en baissant les yeux.

    Le sourire de Fritz s'effaça et il ouvrit la bouche mais l'homme à sa droite le prit de vitesse.

    -Alors permettez-moi de vous éclairer, dit le Capitaine Bosch.Vous avez sans doute remarqué, depuis le temps que vous êtes l'un des nôtres, que vous êtes le seul membre de votre compagnie à...présenter certaines caractéristiques que l'on pourrait qualifier d'originales, voire d'incongrues...

    Kessoth ne se sentit pas plus éclairé, ce que ses juges parurent remarquer.

    -Mon cher collègue veut dire que vous êtes le seul mort-vivant de toute la VIIème Légion, clarifia le Capitaine Maller.

    Il était en effet réputé pour son franc-parler.

    -Cela nous pose un certain nombre de problèmes, comme vous vous en doutez peut-être, poursuivit le capitaine.Comme le taux de confiance qu'on peut vous accorder, par exemple.Qui nous dit que vous n'allez pas nous trahir au profit des Réprouvés ? Ils sont de la même race que vous après tout.

    Kessoth en resta petrifié de stupeur.Mais même s'il avait eu une brillante réplique en tête, le capitaine Bosch intervint trop vite pour lui laisser le temps de dire quoi que ce soit.

    -Bien entendu nous avons toujours laissé le bénéfice du doute à nos hommes, quels que soient les soupçons pesant sur eux.Mais voilà...les nouvelles directives en provenance d'Hurlevent sont très claires.Nous devons faire le ménage dans nos rangs et respecter des quotas de renvoyés.

    Kessoth tenta d'émettre quelques sons mais ceux-ci lui restèrent en travers de la gorge.

    -Sérieusement, dit le lieutenant Fritz, vous vous êtes bien regardé ?Vous êtes un zombie mon vieux, et pas très frais en plus.Sans votre tabard et votre armure, il y a belle lurette qu'un de vos propres camarades vous aurait tranché la gorge en vous prenant pour l'ennemi.Et puis franchement...un mort-vivant dans la VIIème Légion...ça ne fait pas très sérieux.Nous sommes censés être l'élite de l'Alliance, pas un ramassis de cadavres en décomposition !

    Ca ne fait pas très sérieux ?! Kessoth, qui n'avait sans doute jamais plaisanté de toute sa vie, n'en aurait pas cru son oreille si la phrase n'avait pas généré des échos infinis dans son esprit.

    -Nous ne sommes cependant pas des ingrats, poursuivit le Capitaine Bosch, qui essayait apparemment d'atténuer le choc tout en niant la réalité.Un soldat dont la carrière militaire est aussi longue et...ahem...riche que la vôtre ne part pas de l'armée sans certaines compensations.

    Il finit sur un sourire complice que Kessoth ne lui rendit pas.Non seulement parce que le manque de chair sur son visage rendait cette opération difficile, mais surtout parce qu'il n'imaginait pas comment on pourrait "compenser" son renvoi de la Légion.L'armée, c'était toute sa vie.Et même plus.

    -Une carrière militaire "riche" ?! s'exclama Fritz.C'est comme ça que vous appelez le fait d'avoir participé au massacre de Stratholme, d'avoir rejoint la Croisade écarlate pour finalement se faire zombifier par le Fléau ?

    -Vous oubliez sa libération puis ses années de service parmi nous, fit Bosch avec un sourire crispé.

    Kessoth tenta d'implorer le Commandant Harbinder du regard, mais celui-ci refusait de le regarder.Il resait assis à son fauteuil, le visage fermé.Il ne peut sans doute rien faire, pensa Kessoth.Il avait inconsciemment pris l'habitude d'excuser les défaillances de son supérieur.

    -Quoi qu'il en soit, poursuivit le capitaine, votre départ est déja inscrit dans notre registre.Vous devrez avoir quitté les lieux d'ici demain soir, après avoir rendu le matériel militaire que vous prêtait le royaume pour la durée de votre engagement.

    -Je...mon matériel, monsieur ? réussit à bafouiller Kessoth.

    Le lieutenant Fritz lui expliqua avec un plaisir manifeste.

    -Il veut dire votre armure, votre arme, tout ce qui vient de chez nous et qu'on vous a prêté en fait.Même vos rations.

    -Je...mon casque aussi ? Je l'ai récupéré sur un cadavre, il ne vient pas de l'armurerie...

    Il exhiba le heaume en question, qu'il tenait dans sa main gauche.Le Lieutenant Fritz lui accorda un bref coup d'oeil.

    -Un heaume d'officier, hein ? Vous l'avez volé à qui ?

    Kessoth ne répondit rien, paralysé par l'indignation.

    -Le vol est un délit grave, mon vieux.Dans d'autres circonstances ça pourrait vous valoir un renvoi pur et simple.Mais dans votre cas...disons tout simplement qu'il est difficile à aggraver, haha.

    -Mais, intervint rapidement Bosch, nous ne sommes pas des ingrats, comme nous vous l'avons déja dit.Vous pouvez garder votre casque, considérez cela comme un cadeau pour vos années de bons et loyaux services.Mais n'oubliez pas de rendre le reste.

    -Vous devrez partir au plus tard demain soir, compléta le Capitaine Maller.

    -Mais je...qu'est-ce que je vais faire après ? demanda Kessoth, qui ne parvenait toujours pas à y croire.

    Mais il ferait ce qu'on lui demandait.Il avait toujours fait ce qu'on attendait de lui.

    -Bah...fit Fritz.Un homme plein de ressources comme vous devrait réussir sa reconversion...

    -J'ai entendu dire que Stromgarde cherchait des paysans, intervint Maller de manière inattendue.Vous pourriez toujours tenter votre chance là-bas.

    -Un...un paysan ? bredouilla le caporal.

    -Ca vous pose un problème ? dit Fritz.

    -Allons, vous n'avez peut-être jamais connu ce mode vie, mais il n'a rien de difficile, tenta de le rassurer Bosch, citadin de toujours.Imaginez-vous sous un soleil radieux, entouré de verdure et de collègues de travail mélomanes...

    Mélomanes ? pensa Kessoth.

    -...avec pour seules tâches quotidiennes la moisson et la traite des vaches...

    La traite des vaches ?!

    -... ce sera une vie infiniment plus douce que celle que vous avez eu à supporter en tant que soldat.Une sorte de retraite paisible en somme.

    Paisible ? Kessoth n'aurait jamais osé contredire un supérieur mais toute cette affaire semblait de plus en plus tenir du malentendu.Il avait eu à se rendre dans des fermes à plusieurs occasions et celles-ci n'avaient rien eu de paisible.Il se rappelait encore le mal qu'il avait avec les torches au début, mais il avait vite pris le coup de main.

    Et il y avait bien sûr les régulières missions d'escorte du percepteur écarlate.Sans avoir à s'occuper du blabla ou de l'analyse de comptes,Kessoth n'avait d'ailleurs jamais appris à lire, il s'y ennuyait toujours.Les éternelles plaintes des ingrats qui refusaient de participer à l'effort de guerre, que ce soit en nourriture, en argent ou en membres de la famille, l'avaient toujours indigné et agacé.

    Et on lui ordonnait maintenant de devenir un de ces civils qu'il méprisait tant...pas un civil utile, comme par exemple un forgeron ou un marin, mais un civil de la pire espèce, un paysan !Kessoth détestait les paysans, l'espèce de civil qu'on lui avait d'ailleurs le plus demandé de tuer.Il en avait massacré encore plus que de boulangers, une engeance pourtant complètement exterminée par les purges de la Croisade écarlate.

    Le capitaine Bosch continuait de parler, mais Kessoth n'écoutait pas.Il regardait ses juges et bourreaux.Leurs visages, naguère si familiers,bien plus que le sien, lui semblaient maintenant complètement étrangers.Kessoth, gagné par une sorte de lucidité nettement supérieure à la sienne,était maintenant capable de leur percevoir un trait commun jusque-là complètement insoupçonné.

    Un trait qui n'avait rien d'humain, du moins à ses yeux pourtant morts depuis des années.

    C'étaient des fils.Chaque officier présent en avait un.Assez épais, il leur partait d'entre les omoplates pour rejoindre le ciel.Non, comprit Kessoth, pas le ciel, mais quelque chose d'autre, quelque chose de gigantesque qui flottait dans les airs.

    Une main, s'aperçut-il.C'était une main.Le paysage jusqu'ici brumeux et indistinct s'éclaira soudain et il put distinguer tous les autres soldats de la région.Tous sans exception étaient reliés à cette main monstrueuse, obéissaient à sa sinistre volonté.

    C'était de sa faute si l'Alliance essuyait tant de défaites ces dernières années, de sa faute si tant de braves soldats s'étaient sacrifiés en vain tandis que ces salauds de civils se goinfraient à l'arrière.Kessoth le sentait, il le sentait au plus profond de lui-même, pourtant sacrément profond.

    Il ne s'aperçut de l'évidence qu'en sentant son dos tressaillir puis se raidir de manière inexpliquable.Lui aussi était relié à cette main.

    Il tenta de hurler, de dégainer sa claymore et de trancher net ce maudit fil mais il ne pouvait tout à coup plus contrôler ses mouvements.Son corps, qui lui était pourtant resté fidèle après avoir dépassé la date limite, ne lui obéissait plus.

    Il ne put que hurler en pensée :"NOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOOONNNNNNNNNN...." et se résigner à son s...

    -Kessoth ? Kessoth ? Qu'est-ce qui t'arrive mon vieux ? demanda une voix inquiète.Mais bon sang, arrête de te griffer le dos !

    -Je...hein..?

    Kessoth le bleu ouvrit les yeux.Il se trouvait à son poste habituel, sur le Mur.Il leva les yeux.Aucune main monstrueuse, ni aucun satané fil.

    -Depuis le temps que je te connais, c'est la première fois que je te vois dormir, constata le sergent Trunsk.

    C'était un vieux camarade, et l'un des rares à le traiter normalement.

    -Ca ne te réussit pas on dirait.Je comprends pourquoi tu ne dors jamais maintenant !

    Il rit comme s'il venait de plaisanter alors qu'il n'avait fait qu'énoncer une réalité.

    -Je n'avais pas dormi depuis...depuis que j'ai changé,constata Kessoth.Qu'est-ce que ça veut bien vouloir dire ?

    Trunsk haussa les épaules.

    -Que t'avais bien besoin d'un petit somme ?

    Kessoth réfléchit à la question.Se ramollisait-il ?Son rêve avait-il une signification sérieuse ?Peut-être devait-il quitter l'armée, comme dans le rêve ?

    Mais non, c'était ridicule.L'armée était toute sa vie et ce rêve était stupide, comme tous les rêves l'étaient, tous ceux qu'il se souvenait avoir fait en tout cas.

    Franchement ,toute cette histoire de main et de fils, comme si lui et les autres n'étaient que de vulgaires pantins au service d'une volonté invisible, malfaisante et toute-puissante...c'était n'importe quoi.Kessoth obéissait aux ordres, commme tout bon soldat.Il n' avait pas à s'interroger et à douter.Il faisait ce qu'il avait à faire, sans culpabilité ni honte.

    Et faire son travail ne faisait pas de lui un pantin.Il s'en serait aperçu quand même.

    -Ahhh, mais je réfléchis trop ! dit-il à voix haute pour se vider la tête.

    Ces pensées corruptrices devaient cesser.Ce qui était toujours plus facile avec ses médicaments, qu'il s'empressa d'aller chercher dans son sac et d'avaler.

    -Ca va, vieux ?demanda Trunsk d'un air inquiet.Tu avais déja pris double dose de ces trucs hier...tu vas finir par faire une overdose !

    -Merci, sergent, tout va très bien.Je vais reprendre mon poste sur le champ.

    Il se redressa et se tourna en direction du Nord, là d'ou venait l'ennemi.

    Un regard par dessus la rambarde lui apprit cependant que l'offensive réprouvée tant attendue n'était pas pour cette nuit.

    Le sergent vint se placer à côté de lui, une chope de bière remplie à la main.

    -Tu crois vraiment qu'ils vont attaquer un jour ? demanda-t-il.

    -Ils viendront, sergent, affirma Kessoth.C'est dans leur nature maléfique.

    Trunsk émit un grognement sceptique puis avala sa bière, mais Kessoth n'y prêta pas attention.Les médicaments l'avaient aidé à comprendre la signification de son rêve.C'était la nature des Réprouvés que le rêve lui avait montré.De sinistres pantins maléfiques...ça ne pouvait être qu'eux.Le rêve s'était juste trompé en les remplaçant par des soldats humains de la VIIème Légion.Même les rêves pouvaient se tromper, de l'avis de Kessoth.

    -Ils viendront, répéta Kessoth.Et ce jour-là...ils devront affronter l'élite de l'Alliance.






    Dernière édition par Greyam le Lun 22 Oct 2012 - 22:54, édité 5 fois
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    Message par Greyam Lun 10 Sep 2012 - 22:09

    (Une histoire cette fois-ci consacrée à un autre de mes personnages et qui se déroule dans le passé.)


    L'élite de la Horde

    Il y a 10 ans, dans les environs du mur de Stromgarde.

    L'honneur...l'honneur était ce qui permettait de faire la différence entre un véritable guerrier et un amateur, entre un orc et un humain.C'était du moins l'avis de Grush, qui était souvent d'humeur à philosopher lors des journées pluvieuses.

    Et cette journée l'était sacrément, pluvieuse.Grush ne pouvait voir le Refuge de l'Ornière depuis son campement, mais il imaginait aisément les humains en armure rouge lutter contre des coulées de boue massives.

    -Bien fait pour eux, marmonna-t-il.S'il y a bien une race qui mérite de se noyer dans la merde, c'est les humains.

    Il y a peu, Grush aurait à vrai dire lui aussi été en train de travailler à sauver les récoltes de la pluie dans la ferme que cultivait son clan.Mais il avait abandonné ce mode de vie plusieurs mois auparavant pour effectuer un retour aux sources.Un retour à un mode de vie honorable.

    Quelques uns de ses camarades l'avaient d'ailleurs suivi avec enthousiasme, mais beaucoup étaient restés à leur poste et avaient voulu continuer à se déshonorer en cultivant la terre.Grush avait fait de son mieux pour les convaincre.Ils étaient une race de conquérants, pas de paysans !Ils étaient nés pour guerroyer en entonnant des chants de bataille, pour se gorger du sang de leurs ennemis et détruire tous ceux qui ne pouvaient pas leur résister !

    Grush ayant grandi dans un camp d'internement, il était trop jeune pour se souvenir de sa race à son époque la plus glorieuse, lorsqu'ils avaient fait trembler le monde entier.Mais malgré ça, il avait toujours su au fond de lui quelle était sa nature, la nature de tous les orcs.Et ces années insupportables passées en tant que paysan l'avaient conforté dans l'idée qu'il se faisait de sa race.Les orcs étaient des guerriers incroyablement féroces, une élite faite pour régner !

    Ils n'étaient pas destinés à être des fermiers aussi dociles que des moutons ! Grush avait expliqué tout ça à ses frères de clan, mais ces crétins n'avaient pas écouté !

    Ceux-ci étaient faibles et corrompus, engagés depuis trop longtemps sur la voie de la paysanerie pour pouvoir être sauvés.Alors Grush avait dû les tuer.

    Cela avait été facile.Après la dispute, Grush avait rassemblé ses partisans et avait improvisé un plan de bataille, un plan qui s'était révélé brillant.Lorsque la nuit était tombée, Grush et ses orcs avaient discrètement quitté les baraquements pour aller récupérer des haches à l'armurerie.

    Après quoi la purification avait débuté.

    Grush frissonna de plaisir en se rappelant cette nuit si glorieuse.Tous ces cris, tout ce sang...ç'avait été magnifique.Lui-même s'était de surcroît personnellement illustré en abattant Borsk, le chef de clan, d'un puissant coup de hache dans le dos, ce qui lui avait par la suite permis de se proclamer nouveau chef de clan en toute légitimité.

    Mais le plan avait eu un léger accroc.Certaines femelles, qui avaient réussi à fuir le carnage, avaient rejoint le dortoir des enfants puis avaient fui avec eux jusqu'au Trépas-d'Orgrim.Grush et ses partisans avaient alors compris qu'ils devaient fuir, car la Horde n'hésiterait pas à les déclarer hors-la-loi, quand bien même ils étaient au contraire les seuls orcs à perpétuer le véritable héritage de la Horde et à suivre la véritable voie de l'honneur.

    L'honneur...l'honneur était ironiquement à la fois la valeur la plus sacrée et la moins respectée de la Horde.L'honneur était...

    -Chef ! Chef ! beugla Torg, interrompant ses réflexions.

    -Qu'est-ce qu'il y a ? demanda distraitement Grush.

    L'orc sourit.

    -On est tombés sur deux humains qui s'étaient perdus.Deux jeunes.Est-ce qu...

    -Tue-les, ordonna Grush, qui n'écoutait qu'à moitié.

    -Ben justement, on les a tués mais...

    -Quel est le problème alors ? grogna Grush.

    Il avait l'habitude d'interrompre les explications pour demander des explications.

    -Ben...avec Cresk, on s'est dit...comme on avait pas fait de bonne bouffe depuis longtemps...

    Il hésita.Grush n'avait pas autant de scrupules.

    -Tu veux demander à Starg de nous les préparer pour ce soir ?

    Torg acquiesca.

    -Très bien, ça nous changera de la vache qu'on doit se farcir depuis une semaine.

    Torg courut voir Starg, rayonnant.

    Grush partageait son enthousiasme.Ce n'était qu'au cours de l'hiver dernier, un hiver particulièrement rude, que son clan et lui avaient découvert les vertus culinaires de la race humaine.Il s'était tout d'abord attendu à ce qu'ils aient un goût de cochon, au vu de leur apparence, mais la chair humaine s'était en fait révélée plus proche de celle du poulet.

    Et ils n'avaient pas mangé de poulet depuis leur exil.

    Détruire ses ennemis, les déguster en ragoût...c'était ça l'honneur.Grush était stupéfait du faible nombre d'orcs à l'avoir compris.A croire que tous les autres membres de sa race avaient dégénéré après la Deuxième Guerre...

    Grush leva les yeux.L'averse semblait se calmer ; la pluie avait viré au simple crachin.Il profita de cette accalmie pour embrasser ses grunts du regard.Il les trouvait magnifiques.

    Mais peu nombreux.Ils n'étaient à vrai dire que cinq, lui compris, à faire partie du clan.Ils avaient été sept à quitter leur ferme, mais deux de ses frères étaient récemment tombés au cours d'un combat contre ces humains à foulard orange.

    Grush sourit en se remémorant cette glorieuse bataille.Les humains avaient été une vingtaine et ils en avaient tué la moitié, en perdant seulement deux des leurs !

    Malgré leur infériorité évidente, les humains s'étaient obstinés étonnamment longtemps avant de rompre les rangs et de fuir.Le chef orc pensait savoir pour quelle raison.

    Leur campement était accolé au mur de Stromgarde mais Grush n'avait pas choisi l'emplacement au hasard.Il l'avait installé juste devant un énorme trou qui perçait le mur et permettait de le traverser.

    C'était le seul moyen de passer d'Arathi aux terres de l'ouest sans utiliser la route principale, et Grush suspectait que c'était la route qu'empruntaient les humains aux écharpes oranges.Avec un peu de chance, son clan s'était installé en plein milieu d'une voie de passage importante.Ce qui promettait de futures belles batailles en perspective.

    Sauf si les humains étaient trop effrayés pour retenter leur chance, ce qui obligerait Grush à...

    -Chef ! Chef ! cria Cresk.

    -Quoi encore ? fit Grush, agacé.

    -Ben...Starg dit qu'il n'a plus de sauce au gingembre pour accompagner les humains.

    Il semblait à première vue soumis, mais Grush crut voir une lueur insolente dans son regard.

    -Plus de sauce au gingembre...? répéta lentement le chef orc d'un ton menaçant.

    -C'est ce que j'ai dit, chef.Starg dit qu'il va les assaisonner à la sauce au poivre.

    -Mais je déteste la sauce au poivre ! explosa Grush.

    -Ben va falloir faire avec parce que...

    Mais Grush en avait assez entendu.Il avait manifestement affaire à un début de rébellion qu'il allait devoir étouffer dans l'oeuf.

    D'une main, il agrippa son ingrat de subordonné, puis de sa main droite, resserrée en un énorme poing, lui assenna un formidable uppercut qui fit faire à Cresk un vol plané de plusieurs mètres.La carrure de Grush, proche de celle d'un demi-ogre, lui permettait généralement d'imposer son autorité sans problème.

    Loin d'être calmé cependant, il se dirigea à grands pas vers la hutte de Starg.Le cuistot allait avoir droit à un sérieux recadrage.

    Il avait fait la moitié du chemin, lorsqu'on l'interpella.

    -Chef ! Chef ! beuglait Torg.

    -Quoi encore ?!

    -Regardez !

    Torg lui indiqua quelque chose dans son dos.

    Grush ne s'attendait pas à cette réponse.Méfiant, il se tourna vers la direction indiquée...et écarquilla les yeux.Un humain approchait du campement.

    Son armure de cuir ressemblait à celle des humains à foulard orange mais il ne portait pas le foulard susdit.Plus curieux encore, il trainait un gros sac derrière lui.

    Grush le regarda approcher, vaguement conscient que son clan se rassemblait derrière lui.

    L'humain s'arrêta une fois à portée de voix, visiblement peu désireux d'approcher de trop près les orcs.

    -Halte ! cria Grush avec un temps de retard.Que viens-tu faire ici, crétin d'humain ?

    -Salutations, grands et puissants orcs, dit humblement l'humain.Je transporte un ravitaillement qui doit absolument arriver à Austrivage, mais la route principale est actuellement parcourue par des Réprouvés.

    Il marqua une courte pause, comme pour laisser le temps aux orcs d'assimiler ces informations puis poursuivit.

    -J'ai donc décidé de tenter ma chance par ici.Naturellement, je suis prêt à vous payer un droit de passage.

    -Un droit de passage ? répéta Grush avec un sourire carnassier.

    -Oui, répondit l'homme.Je dispose d'un peu d'argent et...

    -Laisse tomber ton argent, grogna l'orc, qui avait toujours son problème de sauce au poivre en tête.

    Il s'avança vers l'humain, qui recula à la même vitesse, en laissant son sac par terre.Il devait être conscient qu'en cas de fuite il ne pourrait pas le transporter.

    Mais Grush se moquait bien de l'humain à cet instant.Il s'empara du sac et l'ouvrit brutalement pour découvrir...un véritable trésor.

    Le sac était rempli de poulets déja cuits, et même découpés pour certains.Il y avait en plus de ça une montagne de pots hermétiquement scellés, probablement remplis de sauces onctueuses, de nombreuses outres sans doute remplies d'alcool fort, une bonne quantité de pommes de terres...

    Un cri d'alerte interrompit son inventaire.L'humain s'enfuyait à toutes jambes.Certains orcs firent mine de le prendre en chasse malgré sa forte avance, mais Grush les rappela.Toute envie de meurtre l'avait déserté, et il ressentait maintenant une faim dévorante.

    -STAAAAAARG ! beugla-t-il.

    Le cuisinier courut le rejoindre.

    -Oui chef ?

    -Oublie nos deux humains ! Tu vas me préparer ces poulets, ordonna Grush en lui désignant les carcasses et les pots de sauces.

    -Tout de suite chef ! répondit l'autre.

    Il allait s'éloigner avec le futur dîner quand Grush lui agrippa un bras.

    -Une dernière chose, Starg...

    Le cuisinier se raidit, visiblement nerveux.

    -Oui chef ?

    -Si tu me les assaisonnes avec de la sauce au poivre, je te tue.

    -Je...compris, chef ! bredouilla Starg.Je ne vous décevrai pas !

    Grush le libéra, certain que le cuistot ne mentait pas.Après quoi il alla aiguiser sa hache.

    L'attente allait être difficile.








    Starg mit finalement une petite heure pour préparer le tout, soit bien moins de temps qu'il ne lui fallait habituellement.Peut-être était-ce dû à une motivation plus forte qu'à l'accoutumée, mais Grush suspectait plutôt l'excellente préparation dont avaient fait l'objet les poulets d'être à l'origine de cette rapidité.

    Quoi qu'il en soit, le dîner fut excellent.La cuisson était parfaite, les poulets semblaient avoir été copieusement nourri de leur vivant et la sauce noire qui les accompagnait était délicieusement exotique, bien que trop épicée pour les papilles peu habituées de l'orc.

    L'absence de Cresk, toujours assommé un peu plus loin dans le camp, contribuait également au bien-être du chef orc.Lequel, après son cinquième poulet, décida de s'arrêter avant d'exploser.

    Il émit un rot sonore puis jeta ses restes dans un buisson.

    -Sacré festin, Starg !lança-t-il au cuisinier assis à sa droite.On devrait se mettre à attaquer des convois de ravitaillement, ça nous ferait des bouffes comme celle-là tous les jours !

    Il appuya ses dires d'une grande claque dans le dos du cuisinier.Lequel s'écroula.

    -Starg ? grogna Grush, surpris.Tu as abusé de la bière ou quoi ?

    Il se pencha vers son frère de clan et constata, abasourdi, que celui-ci était pris de convulsions.Un regard envers les autres orcs lui apprit qu'ils n'étaient pas en meilleur état.

    Puis cela le prit également.Il sentit d'abord une étrange chaleur qui devint très vite un brasier, suivi de l'impression que son estomac fondait, se dissolvait.

    -N...non...murmura Grush, horrifié lorsqu'il comprit ce qui s'était passé.

    L'humain les avait eus.Ce sale lâche avait sans aucun doute prévu sa réaction et avait donc copieusement rempli les pots de sauce avec du poison dans le but d'exterminer son clan.Grush se promit de survivre à cette perfidie pour retrouver l'humain et lui faire payer au centuple ce qu'il avait fait.

    Atrocement faible, il réussit néanmoins à lever son bras droit puis tenta désespérément de s'enfoncer les doigts dans la gorge.

    Au seuil de l'inconscience, il eut l'impression d'y parvenir.Puis il s'écroula, dos au sol, et tout disparut.






    Il faisait nuit noire lorsque Walrym Low revint au campement.Malgré l'obscurité, ce dernier avait pris soin de ne pas allumer de torche, conscient que la mission n'était peut-être pas encore terminée.Dans le pire des cas, si les orcs s'étaient révélés plus malins que prévu, elle était peut-être même un échec total.

    Un rapide examen des orcs étendus autour du feu de camp lui appris que ce n'était pas le cas.Les quatre orcs avaient succombé, trois d'entre eux ayant été emportés par le poison tandis que le quatrième et le plus massif semblait s'être étouffé dans son propre vomi.Mais malgré ce résultat encourageant, l'assassin restait sur ses gardes.Le rapport un brin confus de la précédente tentative de reprise de cet emplacement hautement stratégique estimait le nombre de ces orcs à une demi-douzaine.

    D'après la compétence dont avait fait preuve l'équipe d'assaut du Syndicat, Walrym supposait qu'il pouvait tout aussi bien rester deux orcs que quatre, voire aucun.

    C'est donc avec la plus grande prudence que le syndiqué poursuivit son examen des lieux.Une prudence dont il se félicita très vite car un cinquième et dernier orc était allongé à quelques mètres des autres.Walrym se pencha pour prendre son pouls...

    Et l'orc ouvrit subitement les yeux.

    -On essaie de me faire des choses pendant mon sommeil ? grinça Cresk.

    L'orc tendit le bras et Walrym bondit en arrière, craignant que l'orc cherche à lui attraper une jambe.Il ne tarda pas à s'apercevoir de son erreur, l'orc ayant en réalité voulu le faire reculer pour pouvoir se lever.

    -Tu te ramollis chef, poursuivit ce dernier.

    Mais il s'interrompit en voyant à qui il avait affaire.

    -Qu...un humain ?!

    Walrym, encouragé par cette soudaine hésitation et le fait que l'orc n'avait ni arme ni armure, dégaina ses deux poignards et se lança à l'assaut.

    Mais Cresk eut un réflexe de protection instinctif et l'une des lames se planta profondément dans son bras droit tandis que l'autre ne faisait qu'effleurer le gauche.La douleur parut faire reprendre ses esprits à l'orc, lequel bondit avant et porta à l'humain une gifle particulièrement violente.

    Ce dernier se protégea à son tour avec ses bras et le deuxième poignard de Walrym fut projeté au loin puis disparut dans la nuit.

    Walrym n'en éprouva pas de gros regrets.Ses armes étaient efficaces contre d'autres humains mais contre l'orc elles avaient eu l'air de vulgaires jouets.

    Il était néanmoins conscient de l'affaiblissement de sa position et, pendant les quelques secondes dont il disposa avant que l'orc ne revienne à la charge, passa mentalement en revue son répertoire de sorts.L'opération ne prenait heureusement que peu de temps, et il trouva presque immédiatement le sort qu'il lui fallait.

    Lorsque Cresk revint à l'attaque, sûr de sa victoire, il reçut un sort de foudre qui lui grilla les sourcils.C'était un sort mineur mais très efficace, en particulier lorsqu'on visait les yeux, et le grunt fut aveuglé pendant de longues secondes.

    Walrym en profita pour battre en retraite dans un buisson tout proche, une stratégie qu'il aurait adopté même s'il n'avait pas perdu ses poignards, l'orc ayant en effet réagi à la décharge par une rage aveugle et agressait sauvagement le vide autour de lui.

    Et puis après tout l'assassin du Syndicat avait encore une arme en réserve.Silencieusement, il saisit son arc, prit une flèche dans son carquois et visa son ennemi.

    Il était presque impossible de le rater à cette distance, et l'orc prit une première flèche dans le dos.Une deuxième l'atteignit alors qu'il se retournait.

    Walrym s'attendait à ce que l'orc s'écroule ou fuit en titubant, mais celui-ci le surprit en le chargeant, un cri de guerre aux lèvres.

    Devant tant de bravoure, l'assassin ne pouvait répondre par la lâcheté.Il baissa son arc, puis fit demi-tour et courut à travers le camp, l'orc à ses trousses, misant sur le fait que celui-ci ne tarderait guère à se vider de son sang.Dix minutes de course nocturne plus tard, et alors qu'il commençait à se demander s'il n'avait pas fait une erreur de calcul, il entendit enfin l'orc s'écrouler.

    Walrym revint alors sur ses traces, soulagé.Il avait commencé à croire que l'orc le poursuivrait toute la nuit.Une fois arrivé devant sa cible, un examen rapide lui confirma que l'orc ne se relèverait pas cette fois.Même s'il respirait encore, le grunt était en effet à l'agonie.Walrym récupérait un de ses poignards, toujours planté dans le bras de l'orc, lorsque Cresk trouva la force d'ouvrir les yeux.

    -Lâche, murmura l'orc.Lâche...

    -Oui, répondit Walrym.

    Et il lui trancha la gorge.

    -Mission accomplie, déclara l'assassin.

    Et rares étaient ses missions aussi enrichissantes.C'était la première fois qu'il affrontait un orc et il y avait de nombreuses leçons à tirer de ce combat, sur les forces et faiblesses de cette race et donc les méthodes d'assassinat à appliquer sur eux.

    De plus, il avait réussi là ou toute une équipe avait échoué.Ce point lui vaudrait probablement une promotion, ou en tout cas une prime, d'autant plus qu'il avait conçu lui-même le plan qu'il avait ensuite mis à exécution.

    Walrym sourit.Il adorait son travail.

    Plus jeune, il voulait devenir mage, en dalaranien typique.Mais les résultats peu brillants qu'il obtenait, ainsi que le mépris dont faisaient preuve les professeurs à son égard, à commencer par son père, avaient fini par le dissuader de devenir un de ces barbus en robe.

    Il n'avait cependant quitté la ville que peu de temps avant l'examen de fin d'études, qui donnait à ceux qui le réussissaient le statut officiel d'apprenti.La situation était alors particulière car le Fléau approchait de la ville en détruisant tout sur son passage, et Walrym ignorait si l'examen avait finalement eu lieu.Probablement pas.

    La ville était sans doute déja tombée.Walrym n'avait cependant aucun moyen de le savoir, ayant fui la ville des jours avant ce désastre avec un sac rempli de précieux ouvrages ainsi que de quelques reliques.Il pensait en effet à l'époque s'orienter vers la profession de voleur.Mais le Syndicat, alors tout récent, l'avait rapidement recruté et il était devenu un bandit, pour finir par se spécialiser dans l'assassinat.

    Il se demanda ce que diraient ses anciens professeurs s'ils le voyaient aujourd'hui.Mais c'était une éventualité pour le moins improbable.Pour autant que le savait Walrym, personne n'avait survécu à la destruction de Dalaran.Et s'il y avait eu des survivants, ils ne s'en étaient pas vanté.

    Lorsqu'il avait appris la nouvelle de la destruction de la cité, Walrym avait éprouvé une grande satisfaction.Il avait en effet trouvé délicieusement ironique que les mages qui l'avaient toujours sous-estimé aient ensuite été détruit par une magie beaucoup plus puissante que la leur.Mais le temps passant et son professionnalisme augmentant, il avait fini par regretter la ville.Dalaran avait en effet recelé un potentiel incroyable, tant en matière de vol que d'assassinat.On y trouvait autant de reliques extrêmement précieuses que de personnalités gênantes, et Walrym regrettait aujourd'hui de ne pas pouvoir y retourner faire la démonstration de ses nouveaux talents à ses anciens professeurs.

    En particulier à son père, ce vieil ivrogne beaucoup trop fier de son talent pour la magie, le seul talent dont il pouvait d'ailleurs se vanter.Walrym s'était cependant déja occupé de sa mère d'une certaine manière, puisque celle-ci n'avait pas survécu à l'accouchement.Il lui arrivait de se demander en quoi sa vie serait différente si elle y avait survécu.Il finissait généralement par se dire que sa vie aurait été la même.Ce n'était après tout pas une enfance difficile qui l'avait poussé sur la voie du crime, mais plutôt le fait que le crime payait plus que le travail honnête.Et qu'il était beaucoup plus divertissant.

    Walrym avait du mal à imaginer un métier aussi intense que celui d'assassin.Il avait à une époque pensé que celui de mage s'en approchait mais aujourd'hui il estimait impossible l'existence d'un mage au quotidien aussi mouvementé que le sien.Peut-être qu'en vieillissant Walrym se lasserait de ce mode de vie et lui préfererait un travail plus paisible, avec un bureau et des horaires fixes, pourquoi pas, mais il en doutait sérieusement.

    A vrai dire il doutait d'avoir l'occasion de vieillir, avec les combats incessants qui avaient lieu dans la région et le Fléau qui envahissait tout le nord-ouest.Peut-être que l'assassin devrait, s'il décidait un jour de changer d'orientation professionnelle, choisir une région moins sauvage.

    Mais il aurait le temps d'y réfléchir plus tard.Pour l'heure, il avait un rapport à faire à son supérieur.

    Walrym Low se mit donc en route pour Stromgarde tandis qu'à l'est, l'aube se levait sur ces terres désolées.
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    Message par Greyam Mer 12 Sep 2012 - 18:27

    (Une petite histoire pour montrer ce que faisait Kessoth à la même époque, dix ans dans le passé donc.)


    Une journée de travail



    -Non ! Je ne vous laisserai pas faire !

    Le paysan se débattait entre les mains des deux soldats qui le maitrisaient.

    -Et pourquoi ça ? demanda le chef du groupe, le Capitaine Red.Tu tiens tant que ça à te faire tuer ? Reste tranquille et il ne t'arrivera rien.

    -Il ne m'arrivera rien ?! s'exclama Jens le fermier.Si vous emportez tous mes stocks, ma famille et moi allons mourir de faim !

    -Je suis sûr que vous vous débrouillerez très bien, affirma Red d'une voix dépourvue de toute sincérité.

    Il semblait se désintéresser complètement de la question.

    -Et accélérez le rythme, vous autres ! lança-t-il aux soldats qui vidaient les silos à grain.

    -Non, arrêtez tout ! lança une voix.

    C'était le maire de la ville, Monsieur Louis.Il s'arrêta une fois arrivé auprès des écarlates, un peu essouflé.Il avait apparemment couru depuis chez lui.

    -Tiens tiens, monsieur le maire...constata le Capitaine Red.Auriez vous quelque chose à redire à notre collecte ?

    Monsieur Louis semblait quelque peu effrayé mais il prit visiblement sur lui.

    -Et comment que j'ai quelque chose à y redire ! Notre accord était clair, nous vous payons un impôt en échange de votre protection ! Vous n'avez pas à malmener nos citoyens pour le plaisir !

    Le Capitaine Red lui jeta un regard méprisant.

    -Comme vous l'avez si justement dit nous avons un accord.Le citoyen Jens a refusé de payer l'impôt.

    L'intéressé protesta :

    -Mais vous avez tenté de prendre beaucoup plus que d'habitude ! Pourquoi faites-vous ça ?!

    Un coup de poing bien placé le réduisit au silence.Agacé, le Capitaine Red laissa tomber le masque plus ou moins affable qu'il avait affiché jusque-là.

    Kessoth était surpris qu'il ait tenu aussi longtemps.

    -Voyons,par quoi commencer...grinça-t-il.Par le fait que vous êtes faibles et nous forts ? Mais c'est là une évidence...

    Il s'arrêta le temps de faire profiter le maire de son sourire le plus cruel avant de poursuivre.

    -Le ramassis de minables que vous êtes n'a aucun droit.La Croisade écarlate est la loi sur ces terres.Pas vrai les gars ?

    Il s'était adressé aux deux hommes qui maintenaient Jens immobiles.

    -Clair et net cap'taine, acquiesca Garth, un fusilier.

    -Oui monsieur, répondit Kessoth.

    Il fallait toujours répondre par l'affirmative quand le Capitaine posait ce genre de questions.

    Le Capitaine Red sourit.

    -Vous voyez ? demanda-t-il.La majorité est d'accord avec moi.Et la majorité a toujours raison.C'est bien ce que vous croyez, vous autres démocrates ?

    Le maire le fixa.Il semblait ne pas en croire ses yeux.

    -Vous...vous êtes un monstre...

    L'écarlate sourit.

    -Alors vous feriez bien de m'obéir sans discuter n'est-ce pas ?

    Mais la rage prit le pas sur l'instinct de survie du maire.

    -Jamais ! cracha celui-ci. Vous avez violé notre accord ! Quittez immédiatement ma ville !

    -Dommage...soupira le capitaine d'un ton faussement déçu.

    Il dégaina son épée à deux mains et embrocha le fermier Jens.Les soldats aux alentours continuèrent leur tâche comme si de rien n'était, habitués à ce genre de spectacle, mais le soldat Kessoth entendit quelques cris étouffés parmi les paysans qui étaient venus assister à la scène.

    Ces derniers estimèrent tout à coup plus sain de rentrer chez eux et ils détalèrent comme des lapins.

    Quant au maire, il regardait le cadavre de son ancien électeur, paralysé par l'horreur.

    -Garth, Kessoth, embarquez-moi ce crétin et suivez-moi, ordonna le capitaine d'un ton qui n'augurait rien de bon.Les autres aussi.On part pour l'hôtel de ville.

    Il avait visiblement quelque chose en tête, comme souvent.

    Dix minutes plus tard, ils étaient arrivés sur la place centrale du village, sur laquelle une foule de villageois s'était déja rassemblée.La nouvelle de l'arrivée des croisés avait dû se répandre comme une trainée de poudre.

    -Parfait, jubila Red.Je craignais d'être obligé d'aller les tirer de chez eux un par un.

    Il s'éclaircit la voix puis se mit à crier :

    -Citoyens de Norpshire ! Votre représentant a refusé d'honorer notre accord ! A présent, observez ce qui arrive à ceux qui trahissent la Croisade écarlate !

    Le maire, dans un état toujours proche de la catatonie, fut forcé de s'agenouiller par Kessoth et le capitaine, après avoir pris un moment pour savourer l'instant, aspergea sa victime du contenu d'une de ses gourdes, qui était remplie d'huile.

    Un murmure parcourut la foule.Mais Red, tout comme Kessoth, savait par expérience qu'elle n'interviendrait pas.Elle n'intervenait jamais.

    Le Capitaine Red alluma une torche.Puis il l'appliqua sur Monsieur Louis.

    Ce qui parut le réveiller.Le maire émit un gémissement de douleur qui devint de plus en plus sonore puis ne tarda pas à hurler et à pousser d'autres sons abominables.Des sons que Kessoth avait entendu bien trop souvent.

    Désireux de trouver une diversion, n'importe laquelle, Kessoth regarda la foule.Ce ne lui fut malheureusement pas d'un grand réconfort.

    Il avait l'impression que tous les regards l'accusaient silencieusement, ce qui ne tarda pas à le rendre fou de rage.Ces chiens faisaient de leur mieux pour le culpabiliser !

    Comme il leur en voulait de le faire se sentir si mal ! Kessoth ne faisait pourtant que suivre les ordres ! Ce n'était pas sa faute si ce pauvre type était en train de se faire immoler par le feu !

    Le capitaine Red le lui avait bien dit lorsqu'il l'avait pris à son service :Ne vous inquiétez pas soldat, quelles que soient les atrocités auxquelles je vous ordonnerai de vous livrer, j'en prends toute la responsabilité sur moi.Vous n'aurez donc jamais à en répondre.

    Et pourtant il culpabilisait. Mais ce n'était évidemment pas de la faute de son supérieur.C'était de la faute des civils.

    Il porta à nouveau son regard sur eux.Les villageois devaient être une bonne cinquantaine, tandis que les écarlates n'étaient que douze.Et pourtant ils ne faisaient rien.

    En unissant leurs forces ils auraient pu libérer leur maire, peut-être même chasser le capitaine et ses hommes de leur village.Mais ils ne bougeaient pas.Ils ne faisaient que regarder, chacun priant sans doute pour ne pas être le prochain.

    C'était la même chose à chaque fois qu'ils punissaient un villageois devant ses camarades.Et c'était tout bonnement répugnant.Le capitaine avait raison, se dit Kessoth.

    Les civils ne valaient pas mieux que des animaux.

    Les cris de Monsieur Louis cessèrent enfin, celui-ci ayant été réduit à l'état de carcasse carbonisée, et le Capitaine Red, un grand sourire aux lèvres, donna l'ordre d'aller récupérer le grain et de rentrer.

    Une heure plus tard, ils avaient terminé et quittèrent enfin le village.Après avoir passé la ferme de feu le fermier Jens à la torche, évidemment.

    -Ah, ces démonstrations publiques...dit le Capitaine Red.Je crois que je ne m'en lasserai jamais.






    Dernière édition par Greyam le Lun 22 Oct 2012 - 22:46, édité 1 fois
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    Message par Greyam Mer 10 Oct 2012 - 20:57

    (Et encore une aventure d'un de mes personnages !)



    Comment j'ai gagné la guerre.



    Il y a environ neuf ans, dans les environs d'Alterac...




    Henry le maléfique sirotait un verre de whisky, comme il le faisait tous les soirs pour s'endormir plus facilement, lorsqu'il entendit qu'on frappait à sa porte.

    -Je viens, je viens ! cria-t-il pour se faire entendre par dessus le boucan.

    Les coups s'interrompirent et le nécromancien avança jusqu'à la porte.Il se demandait ce qu'on pouvait bien lui vouloir à cette heure-ci.Mais bien entendu, et il bomba le torse de fierté à cette idée, un commandant du Fléau n'avait pas d'heures et consacrait l'intégralité de son temps à servir le roi-liche.

    Il ouvrit la porte et constata que son visiteur n'était autre que Robert, l'un de ses anciens employés à l'époque ou Henry se trouvait être un riche propriétaire terrien dans la région d'Andhoral.
    Riche mais insatisfait.Taraudé à la fois par l'amertume et la peur de la mort, il avait joint avec enthousiasme la plan de la maison Barov en échange de la vie éternelle et d'une place parmi les dirigeants du Fléau.

    Sur ordre des Barov, il avait permis aux membres du Culte des Damnés d'accéder à ses silos à grain et de les contaminer ; le grain avait ensuite été emmené comme si de rien n'était aux moulins et, une fois moulu en farine, envoyé aux boulangeries d'Andhoral et à des villages périphériques pour en infecter la population.
    C'était un plan brillant qui avait été couronné de succès au delà des espérances de ses concepteurs.Henry sourit en y repensant.Et dire qu'il avait été renvoyé de l'école militaire ! Le nécromancien avait en effet voulu entrer dans l'armée dans sa jeunesse, mais ces crétins d'officiers ne savaient apparemment pas reconnaître le talent lorsqu'ils le voyaient.

    Les multiples succès qu'il avait rencontré en tant que commandant du Fléau en étaient la preuve ! Les militaires s'étaient moqué de lui, ils l'avaient traité de savant fou, de déséquilibré...mais Henry avait fini par avoir sa revanche !Ces crétins étaient morts à présent, et pour certains grâce aux stratégies dont ils s'étaient moqué !
    Henry avait toujours su que l'empoisonnement des cultures et des cours d'eaux représentait l'avenir de la guerre moderne, et le Fléau s'était montré de son avis. Avec les moyens qui avaient été mis à sa disposition, il avait pu réaliser ses plans, ses plans brillants, et son maître Kel'Thuzad n'avait toujours eu qu'à s'en féliciter. Ha, ses anciens supérieurs seraient moins fiers d'eux s'ils le voyaient aujourd'hui !
    Ce qui ne risquait cependant pas d'arriver, à moins qu'il n'aille chercher leurs corps pour les réanimer.

    -Ahem...fit l'acolyte devant lui, et Henry revint à la réalité.

    Il avait tendance à se laisser distraire par ses réflexions introspectives.

    -Oui, Robert ? demanda Henry.

    Robert étant un membre du Culte des Damnés, il possédait encore un certain libre-arbitre, même s'il était tempéré par la potion d'obéissance qu'on faisait avaler aux nouvelles recrues lors de leur rite d'adhésion.

    -C'est à propos du plan de bataille...commença le cultiste.

    Henry l'interrompit impatiemment.

    - C'est pour ça que vous me dérangez ? On vient d'avoir une réunion de quatre heures sur le sujet !

    -Justement, continua Robert.Je trouve que certains points sont encore assez flous...

    Henry soupira.Les morts-vivants eux au moins ne discutaient jamais ses directives.Mais le nécromancien, en bon chef de guerre, connaissait l'importance de disposer de sous-officiers capables de réfléchir par eux-mêmes.

    D'autant plus que Robert était une vieille connaissance.Il l'avait suivi depuis ses débuts dans le Fléau et ne lui avait jamais fait défaut au cours des batailles auxquelles ils avaient tous les deux participé.

    Il avait donc droit aux réponses qu'il était venu chercher.

    -Je vous écoute, dit tranquillement Henry.

    -Eh bien tout d'abord, vous n'avez pas expliqué pourquoi l'ennemi fuira le combat au lieu de nous affronter...

    -Allons, Robert...je vous ai dit que le Syndicat était un ramassis de vauriens.Lorsqu'il verrons nos troupes déferler sur Alterac en nombre si supérieur au leur, ces lâches fileront vers le sud d'autant plus rapidement que c'est là-bas que se trouve leur quartier général et le gros de leurs troupes.A leurs yeux, Alterac sera une perte regrettable mais inévitable.Je suis d'ailleurs certain que leurs dirigeants craignent depuis longtemps notre avancée et ont un plan d'évacuation dans leurs tiroirs.

    Henry s'était exprimé d'un ton paternaliste, en prenant cependant soin de ne pas paraître arrogant.Il voulait rallier Robert à sa cause tout en douceur et non en l'intimidant.

    -Mais, objecta celui-ci, le Syndicat a une réputation d'organisation paramilitaire.J'ai entendu dire qu'ils ont conquis Stromgarde et effraient beaucoup Austrivage.Pourquoi dites-vous que ce sont des lâches ?

    -C'est très simple, mon cher Robert, dit tranquillement Henry.

    Il l'invita à entrer et fit signe à son majordome squelette, Frédéric, de remplir deux verres de liqueur.

    -Les syndiqués sont pour la plupart originaires d'Alterac, poursuivit-il tranquillement.Et voyez-vous, j'ai soigneusement étudié l'histoire de ce royaume.Celle-ci est très instructive.Alterac a, au cas ou vous l'ignorez, trahi l'Alliance au cours de la Seconde Guerre.Son roi a préféré laissé la Horde traverser ses montagnes que de les affronter, alors qu'une exploitation habile de ces cols lui aurait permis de tenir en échec les orcs pendant des mois, plus de temps qu'il n'en fallait à l'armée de l'Alliance pour accourir à la rescousse et prendre la Horde à revers.

    -Mais, objecta l'acolyte, ce n'est pas ce roi qui dirige le Syndicat.Leur chef actuel...

    -...Se trouve être son fils, termina Henry en souriant.La prise de Stromgarde était une vengeance contre les Trollemort, la dynastie des rois de ce royaume, qui ont découvert la traîtrise de Perenolde pendant la Deuxième guerre et mis fin à sa trahison.J'ai donc tout lieu de penser que le fils Perenolde est aussi lâche et traître que son père.

    -Certes, admit Robert, mais il a tout de même vaincu Stromgarde, ce qui prouve une certaine compétence, non ?

    Henry fut heureux de cette question, à laquelle il s'attendait.Robert avait toujours été d'un naturel inquiet.

    -C'est tout le contraire ! Alterac a beau n'être que ruines aujourd'hui, sa population n'a que peu souffert des nombreux conflits qui ont ravagé les Royaumes de l'est et Perenolde a pu recruter une véritable armée d'hommes de mains.Tandis que Stromgarde...eh bien c'est aussi une ruine, mais son armée a subi de très lourdes pertes au cours de la Deuxième Guerre et des années qui ont suivi.Aujourd'hui encore on y trouve plusieurs clans d'ogres et de trolls, ainsi que des orcs.Le syndicat a d'ailleurs conclu une alliance avec un clan ogre pour tenir la cité...

    Henry s'interrompit avant de commencer à partir en hors-sujet puis reprit son discours.

    -Quoi qu'il en soit, lorsque Perenolde a mené ses hommes à l'assaut de Stromgarde, il n'a rencontré qu'une résistance mineure et une armée stromgardienne tellement réduite et démoralisée qu'il n'en a fait qu'une bouchée !

    -Mais il était tout de même prêt à se battre, insista Robert.

    -Seulement parce qu'il était sûr de gagner, expliqua Henry.Je peux vous garantir qu'il n'ignorait rien de la situation calamiteuse de Stromgarde.Je suis même près à parier qu'il avait placé des hommes à lui dans le château avant de lancer l'assaut.

    -C'est donc un stratège habile, s'obstina Robert.

    -Tout à fait.Et un bon stratège sait quand battre en retraite, ce qu'il ne manquera pas de faire, s'il ne l'a déja fait, lorsqu'il sera informé de notre avancée.

    Robert ouvrit la bouche, visiblement encore une fois prêt à protester, mais la patience du nécromancien avait ses limites.

    -J'espère avoir apaisé vos inquiétudes, Robert, déclara Henry d'un ton sec.

    Il se leva pour raccompagner son subordonné jusqu'à la sortie.

    -Eh bien, à vrai dire...

    -Bien le bonsoir, l'interrompit Henry en le poussant hors de chez lui.

    Il referma sa porte puis grimaça.Le mouvement avait réveillé son arthrose.

    Prenant mentalement note de réclamer dès la fin de cette campagne la vie éternelle, et sans rhumatismes, qu'on lui avait promis à Kel'Thuzad, il retourna s'asseoir à son fauteuil.

    Une petite merveille, ce fauteuil.L'ancien maire de Strahnbrande avait dû être un homme de goût pour un choisir un si moelleux, avec un revêtement en cuir et un dossier particulièrement bien pensé.

    Peut-être le ferait-il emporter par ses serviteurs une fois Alterac conquise.Car Henry ne doutait pas de tout ce qu'il avait assuré à Robert.Dès qu'ils les verraient arriver, ces lâches de syndiqués fuiraient la queue entre les jambes pour se terrer à Stromgarde tels les rats qu'ils étaient.

    Et Alterac leur tomberait alors dans les mains, tel un fruit pour...bien mûr.Prendre le contrôle des hauteurs était l'une des premières leçons qu'il avait appris à l'école des officiers et, contrairement à tant d'autres, il s'agissait d'une leçon précieuse.

    Contrôler Alterac donnerait un avantage considérable au Fléau.Depuis cette position, ses troupes n'auraient aucun mal à descendre en force sur Austrivage et Moulin-de-Tarren, après quoi c'est toute la G...l'ancienne Lordaeron qui tomberait entre leurs mains.

    Bien entendu il resterait des résistants irréductibles, comme la Croisade écarlate et les Réprouvés, voire les étranges hommes-loups qui étaient apparus dans les environs de Gilnéas.
    Mais ces idiots combattaient pour une cause perdue.Ils étaient partout minoritaires, retranchés dans quelques bastions ou de petites zones et harcelés en permanence par les glorieuses forces du roi-liche.

    D'ici trois ou quatre ans ces rebelles seraient balayés, Henry aurait parié sa tête là dessus.

    Après quoi...plus rien ni personne ne pourrait les arrêter.

    Le nécromancien finit son verre.Il s'aperçut alors que c'était le sixième de la soirée.

    -Je vais me coucher, lança-t-il à son serviteur squelette.N'oublie pas de replacer les bouteilles dans leurs cubes de glace.

    Frédéric se mit à la tâche sans un mot, image même du dévouement et de l'efficacité, et son maître ne put s'empêcher de sourire.La discipline de fer des morts-vivants était l'une des raisons qui faisait qu'au final le Fléau l'emporterait.

    Et le monde connaîtra alors notre puissance...pensa-t-il, sans toutefois se laisser distraire.Retourner à sa chambre en fin de soirée était toujours un exercice difficile.

    Il avait presque atteint l'escalier, en titubant quelque peu à cause de la boisson, lorsqu'on frappa à nouveau à sa porte.

    Henry jura bruyamment.Si c'était encore une fois Robert qui venait pleurer sur son épaule il lui ordonnerait de s'occuper de nourrir les goules jusqu'à la fin de cette campagne...

    Il réussit à atteindre la porte sans accident puis l'ouvrit d'un coup sec, espérant la faire percuter un Robert sans défense.Mais il n'y eut aucun impact.Supris, le nécromancien regarda dehors.Il n'y avait personne.

    -Bizarre...murmura-t-il.

    Des années plus tôt, lorsqu'il dirigeait des humains en pleine santé au lieu de morts-vivants soumis, il aurait suspecté une mauvaise plaisanterie.Mais ce n'était pas le genre de ses nouveaux serviteurs.Même ceux qui avaient conservé un certain libre-arbitre se tenaient à carreaux.

    Pensif, il se caressa la barbe.Devenait-il déja sénile ? Avait-il imaginé ce bruit ? C'était l'explication la plus probable mais Henry n'avait aucune intention de l'accepter.Ce qui ne laissait plus qu'une seule possibilité...celui qui avait toqué à sa porte était là pour le tuer.Il claqua la porte, la verrouilla et cria :

    -Frédéric ! Va réveiller Georges !

    Georges était son abomination la plus puissante et il la gardait toujours auprès de lui.Mais son appétit féroce avait contraint le nécromancien à le laisser en stase la plupart du temps pour le réveiller seulement avant les combats.Combats qui n'allait d'ailleurs probablement pas tarder.A moins qu'il ne soit effectivement devenu sénile...

    Non ! s'insurgea-t-il. Je suis dans la fleur de l'âge !

    Avec ses cinquante-neuf ans il était loin d'être un vieillard ! Sans compter la vie éternelle, probablement sous forme de l'état de liche, que Kel'Thuzad ne tarderait pas à lui accorder !

    Mais ces considérations futiles pouvaient attendre.Revenant à l'instant présent, Henry se rendit compte qu'il n'avait pas entendu accourir son serviteur squelette.

    -Frédéric ? appela-t-il d'un ton chevrotant, tout en boitant vers les escaliers.

    Car si l'ennemi avait neutralisé le squelette...

    Un violent coup dans le dos le fit plonger à la rencontre du sol.Sans avoir eu ne serait-ce que le temps de crier, Henry mordit la poussière et se brisa la machoire.Il sentit qu'il était tombé sur quelque chose.Un os humain, qui ne pouvait qu'appartenir à Frédéric.

    Le lustre m'est tombé dessus, tout comme lui, pensa-t-il un instant de manière irrationnelle.Mais il dut rapidement déchanter quand on le retourna violemment sur le dos.Un homme qui portait un masque orange le devisagea d'un regard étrange, à la froid froid et scrutateur.

    Il est le mage et moi la nouvelle espèce de murloc qu'il vient de découvrir, se dit Henry, encore à moitié assommé.

    Mais une vision horrible lui fit reprendre son ses esprits.Une dague s'approchait de sa gorge.Il tenta de gargouiller quelques mots qui lui restèrent coincés en travers de la gorge.Il s'aperçut alors que le syndiqué lui avait plaçé une main sur la bouche.

    Terrifié, il essaya de se débattre sans parvenir à bouger ses membres, qu'il ne sentait d'ailleurs déja plus.Etait-il vaincu, lui, l'un des plus puissants nécromanciens de Kel'Thuzad ?

    Non ! protesta-t-il mentalement. Ce n'était pas un simple assassin entré par...mais comment était-il entré d'ailleurs ? Henry avait entendu frapper puis était resté en travers du passage presque tout le temps jusqu'à l'apparition de l'assassin, lequel était de toute évidence à l'intérieur depuis un certain temps puisqu'il avait tué Fredéric.L'homme avait-il un complice ?

    Mais non, comprit Henry, c'était bien plus machiavélique.Il avait...

    Une douleur intense, quoique curieusement lointaine, interrompit ses réflexions.Ce...ce salopard venait de lui trancher la gorge !Incrédule, Henry vit son assassin retirer la lame couverte de sang.

    Mon sang.Stupéfait, Henry observa la dague, qui semblait étonnament lointaine.Il avait à vrai dire l'impression de voir par les yeux de quelqu'un autre.

    Et puis il ne vit plus rien du tout.









    Walrym Low continuait à dévisager le cadavre d'un air curieux.C'était ça le fameux commandant du Fléau contre lequel on l'avait tant mis en garde ? Vu de près celui-ci avait l'air encore plus banal.Ce n'était en définitive qu'un homme d'un âge avancé, pas un monstre terrifiant.

    A moins que...Walrym donna quelques coups de pieds dans le cadavre.Celui-ci ne réagit pas.L'assassin patienta une demi-minute, dans l'hypothèse ou le nécromant allait se relever sous forme de mort-vivant.Rien ne se passa.

    Décevant jusqu'au bout.Mais le syndiqué n'en avait néanmoins pas encore terminé.Le seigneur Perenolde lui avait donné l'ordre de fouiller les lieux à la recherche d'un phylactère pour empêcher une éventuelle résurrection d'Henry le Maléfique et Walrym se mit donc en quête d'un quelconque artefact magique qui serait entreposé dans le batiment.

    Un rapide examen du premier étage lui révéla qu'il ne contenait rien de précieux, hormis quelques bouteilles d'alcool.Il descendit donc à la cave, non sans vérifier que le cadavre n'avait pas bougé, et l'explora à son tour.

    Il ne tarda pas à se rendre compte que l'endroit servait aussi d'entrepôt.De nombreuses caisses y trainaient, ainsi que ce qui semblait être une abomination inerte bien qu'attachée à une table d'opération.Le nombre de caisses le fit soupirer.Il allait mettre au moins une heure à toutes les ouvrir...

    Mais un professionnel respectait toujours les demandes de son employeur.Walrym s'empara donc d'un pied-de-biche et fit sauter le couvercle de la première caisse.A l'intérieur se trouvait...

    Une armure ? Oui c'était bien ça.Une armure de cuir soigneusement emballée et si puissamment enchantée que même lui pouvait en sentir les émanations magiques.Mais ce n'était pas la seule originalité de l'armure.Son apparence, un mélange de noir, de blanc et de violet détonnait.En particulier le masque, une imitation de crâne aux yeux violets.

    C'était un peu trop kitsch pour Walrym, mais la coupe impeccable de l'armure et ses enchantements l'intéressaient.Il tendit les mains pour s'en emparer...et fut interrompu par un cri.

    -Arrête ! beugla une voix.Je t'interdis de poser tes sales pattes dessus !

    L'assassin se retourna pour faire face non pas au cadavre réanimé du nécromancien mais à son fantôme.

    Il ne perdit pas de temps pour passer à l'action.En un instant il fut sur son ennemi, qu'il poignarda en plein coeur.Enfin qu'il essaya de poignarder car ses lames ne firent que traverser le spectre.

    Celui-ci éclata de rire.

    -Tu ne peux pas me tuer, imbécile ! Plus personne ne le peut désormais ! Je durerai aussi longtemps que le roi-liche !

    Il acheva sa phrase avec un rire dément et Walrym dut reconnaitre qu'il était impressionné.Il n'avait jamais été question d'un cas de figure de ce genre pendant son briefing chez le Seigneur Perenolde.Mais le Syndicat n'avait jamais très bien été informé au sujet du Fléau, qu'on ne pouvait ni espionner ni infiltrer au contraire de Stromgarde et d'Austrivage.

    Il avait au moins appris une chose : les attaques physiques ne semblaient plus inquiéter le nécromancien.Ce qui posait problème.

    -Tu as compris n'est-ce pas ? ricana Henry le Maléfique.Tu ne peux rien contre moi ! Alors profite de tes derniers instants pour regretter de m'avoir sous-estimé ! HaHaHAHAHahAhaHA !

    Walrym ne réagit pas.Il semblait en effet ne lui rester qu'une seule option, la fuite.Mais le fantôme se tenait juste devant les escaliers...

    -Ca y est, c'est fait ? demanda son ennemi.

    -Pas encore...j'aurais besoin d'une minute supplémentaire, improvisa Walrym.

    -Prends tout ton temps.

    L'assassin paranoïaque sourcilla à cette dernière réplique.Qu'est-ce que le vieux spectre voulait dire ? La première analyse qui lui vint à l'esprit fut que le fantôme souhaitait le voir plongé dans le désespoir avant de le tuer lentement pour sa vengeance.

    Mais le ton sur lequel il avait prononcé cette phrase...il n'y avait eu aucun sarcasme, aucune cruauté dans sa voix.Au contraire celui-ci avait presque soupiré.Ce qui signifiait qu'avec un peu de chance...

    Le syndiqué décida de tester sa théorie.Si jamais il se trompait, il n'aurait plus le choix et tenterait de courir jusqu'au premier étage en traversant le fantôme.Mais s'il avait raison...eh bien la partie était gagnée.Il prit une grande inspiration puis se lança.

    -J'ai terminé, finissons-en.

    -...Déja ? dit le mort sur un ton qui se voulait grinçant.

    Mais il avait eu une hésitation trop marquée, un ton trop hésitant.

    -En effet, dit Walrym en souriant.

    Le nécromancien eut l'air gêné.

    -Tu en es sûr ? Sûr et certain ?

    Walrym faillit éclater de rire.

    -Oui.Qu'attendez-vous, vieillard ?

    La provocation réussit.

    -Je n'attends rien ! RIEN ! Et maintenant tu vas mourir !

    Il agita les mains de manière si convaincante que l'assassin faillit douter l'espace d'un instant.Mais il fut vite rassuré.Il ne sentit aucune fluctuation magique, ne vit aucune lueur révélatrice d'un sort.

    -Vous ne pouvez pas utiliser la magie, n'est-ce pas ? Pas plus que je ne peux vous blesser avec mes dagues.

    Le fantôme stupéfait ouvrit la bouche sans qu'aucun son en sorte.Mais ce n'était pas nécessaire.Comme d'habitude, Walrym avait gagné.

    Tournant le dos au spectre,il se remit à examiner l'armure si spéciale qui avait attiré son attention.C'était en effet un travail d'artiste.Prudemment, car elle pouvait être piégée, il entreprit de la détacher de son support.

    -Imbécile, lança Henry dans son dos, tu crois avoir gagné ?! Tu me sous-estimes ! Comme tu ne peux pas me chasser, tu l'as dit toi-même, je vais te hanter jusqu'à ta mort ! Je ne cesserai de te harceler jour et nuit, jusqu'à ce que tu deviennes complètement fou ! D'ici quelques mois je t'aurai fait craquer, tu verras ! Tu me supplieras de...

    Walrym l'ignora.Il avait toujours eu un don pour ça.Tout petit déja il pouvait passer une journée entière en classe sans rien écouter de ce que racontait l'enseignant.Et son talent pour le mensonge et l'improvisation lui permettait généralement de donner le change lorsqu'il était interrogé.

    Walrym aimait s'imaginer que s'il avait été plus attentif en cours il aurait pu devenir en mage compétent.Ce qui lui avait manqué avant tout était en effet la motivation.Mais il devait admettre qu'il ne se souvenait plus si la perte de celle-ci avait suivi ou précédé ses mauvais résultats.

    -...je te raconterai les supplices qu'on infligeait à nos prisonniers écarlates jusqu'à ce que tu te suicides en avalant ta langue !

    L'assassin avait sorti l'armure de son conteneur, lequel n'était heureusement nullement piégé.De plus près la finition dont elle avait bénéficié ainsi que les puissants enchantements qui l'imprégnaient étaient encore plus perceptibles.Le masque en particulier semblait truffé de sortilèges.

    -...et à ce moment on voyait qu'ils n'aimaient pas tant le feu que ça, après tout ! HahaHAHahA...

    Walrym fut soudain tenté d'essayer l'armure sur le champ.L'infiltration de la base du Fléau avait été particulièrement difficile et nécessité trois des quatre potions d'invisibilité que Perenolde lui avait fourni.Avec cette armure il pourrait fortement augmenter ses chances d'en sortir vivant.

    Il enleva son masque orange et essaya celui en forme de tête de mort, à titre d'essai.

    -...brûlait ! Il br...

    Une étrange sensation de calme envahit un Walrym surpris.Inattentif comme il l'était, il mit une minute à se rendre compte de sa source.Il n'entendait plus le spectre fou.Le masque avait-il le pouvoir de révoquer les fantômes ? Mais non, c'était ridicule...

    Il se retourna et ne vit personne.Henry le Maléfique semblait s'être évaporé.Perplexe, le syndiqué ôta son masque...et vit le mort réapparaitre en même temps que son monologue délirant.

    -...dans le chaudron avec une pomme dans la bouche !

    Le spectre semblait ne rien avoir remarqué.Walrym remit le masque.Il disparut à nouveau.

    Intéressant.Il n'était pas certain de comprendre le fonctionnement précis du masque mais celui-ci semblait dans une certaine mesure le préserver des influences extérieures.Raison de plus pour l'emmener avec lui.

    Il s'était déja remis à la tâche lorsque l'abomination attachée sur une table émit un grognement.Walrym la regarda, intrigué, mais le monstre dormait toujours et semblait simplement souffrir d'un sommeil agité.

    L'assassin ne perdit pas de temps pour enfiler le reste de l'armure et remonter à l'étage principal.Il constata rapidement qu'aucun comité d'acceuil ne l'attendait.Comme il l'avait supposé, le fait que le nécromancien soit apparu si vite devant lui indiquait qu'il ne pouvait plus communiquer avec ses troupes.

    Un grondement suivi d'un grand fracas venant de la cave qu'il venait de quitter lui fit revoir son jugement.Le fantôme avait bel et bien tenté de jouer la montre le temps de réveiller l'abomination !

    Il s'était déja attardé trop longtemps.Walrym crocheta la serrure de la porte d'entrée et sortit dans la nuit.





    Plus tard...





    L'acolyte Robert s'éveilla en grimaçant.Il avait passé une mauvaise nuit.

    En sortant de la maison qu'on lui avait allouée, et qu'il partageait avec deux autres cultistes, il constata d'ailleurs que l'aube venait tout juste de se lever.

    Un bruit le fit se retourner et il vit l'acolyte Rodrick sortir à sa suite.

    -Tu es déja debout ? s'étonna Robert.

    -Tu m'as réveillé, crétin ! grogna Rodrick.Sans compter que tu n'as cessé de gigoter toute la nuit...

    Robert était l'acolyte avec le plus d'ancienneté à faire partie du groupe, ce qui voulait dire qu'il serait amené à prendre le commandement des opérations si leur glorieux chef décédait.
    Mais les cultistes ayant tendance à considérer leurs chefs comme immortels, ils n'accordaient aucun respect spécifique à leurs éventuels successeurs.

    -Désolé,répondit finalement Robert.Je suis un peu inquiet c'est tout.

    L'autre soupira.

    -Tu es toujours inquiet.

    Robert s'aperçut qu'il s'était inconsciemment mis à marcher vers l'ancien batiment de la mairie, suivi par Rodrick.

    -Quoi, tu veux le réveiller ? s'étonna son camarade.

    Robert n'était pas certain lui-même de la réponse.Un mauvais pressentiment le tenaillait.

    -Je vais juste jeter un coup d'oeil, vérifier que tout va bien.

    Rodrick soupira à nouveau et le planta là, probablement pour aller se recoucher.

    En approchant du batiment, l'acolye sentit une vive inquiétude le gagner.La porte était grande ouverte.

    -Non, non....répéta Robert.

    Mais si.Dès son entrée il eut la confirmation de ses pires craintes.Son vieux maître gisait au sol, mort.
    Et aucun des membres du Fléau de l'expédition n'ayant le pouvoir de ressusciter un être de sa puissance, il était parti pour de bon.

    Il y avait cependant encore pire.Cet assassinat ne pouvait avoir été perpétré que par un membre du Syndicat, ce qui équivalait à une déclaration de guerre.

    Visiblement, Henry le Maléfique s'était trompé.S'il avait encore été de ce monde, ses dons de stratège auraient pu lui permettre d'obtenir quand même la victoire.

    Mais lui, Robert, n'était pas de la même trempe.

    Il entendit quelqu'un s'étrangler de surprise derrière lui.Rodrick ne s'était pas recouché tout compte fait.

    -Mais qu'est-ce qu'on va faire ?! s'affola ce dernier.

    -Nous allons rassembler les troupes et battre en retraite, répondit Robert d'un ton inhabituellement autoritaire.

    Il défia du regard Rodrick mais celui-ci s'inclina puis partit faire circuler la consigne.

    La campagne d'Alterac était terminée.








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