[ Archives copiées ici du vieux forum. A l'origine, il y a eu les images, les textes étant un prétexte. Puis cela s'est étendu. Au final, chaque image et son texte a été postée séparément, sur une période du 27 oct. 2010 au 11 mars 2011. ]
Bribes de vie - Ou l'histoire d'une vie.
Les autres.. tous les autres... ils sont tous morts. Les 7 autres. Il ne reste que ma soeur et moi. Alixxe... Que les Naaru nous prennent en pitié, car nous allons mourir ici, ce soir. Sur ce monde que nous nommons désormais "notre monde", sur cette terre qui nous a accueillis après notre fuite. Tout ça.. pour ça..? Pourquoi?
Après l'écrasement du vaisseau, les elfes du continent sont venus à notre secours. Grâce à eux, peu de temps après notre arrivée, nous avons pu partir en petits groupes explorer les environs à la recherche d'éventuels survivants, d'autres qui, comme nous, auraient pu s'enfuir avant qu'il ne soit trop tard. Mais nous n'avons rien trouvé en descendant les côtes vers le sud, rien à part... La légion, de nouveau!
Trop tard pour passer inaperçu, ils nous ont pris par l'arrière. Nous n'avons pas pu sauver les premiers et, petit à petit, tous sont tombés sous leurs coups. Jusqu'à maintenant où nous sommes les dernières survivantes du groupe... Pas pour longtemps.. Alixxe, ma soeur.. Je te jure que je te sauverai, que tu le veuille ou non... Par les Naaru, ils arrivent! Que la Lumière me garde, car je ne compte pas voir l'aube!
Ce n'est pas la douleur, non; plutôt la surprise, en premier... Le choc, l'incrédulité. Puis vient la prise de conscience, et cette impression.. en même temps que la douleur... celle de sentir la lame fouiller ses chairs, pénétrer profondément en soi, celle d'être éventrée, de sentir le métal froid transpercer le corps de part en part et de se sentir partir tandis que l'on est jeté à terre, agonisante... Jamais je n'oublierai ça. Fuir tant de temps et tomber face aux ennemis de toujours, de cette manière. Mais elle est sauvée... Alixxe.
Alors que l'attaque était imminente, je rassemblai toute ma foi et toute ma force pour invoquer la protection de la Lumière, bénie par les Naaru, sur ma soeur; Alixxe, blessée, à l'arrière, se retrouva entourée d'un bouclier saint, un bouclier de pure Lumière, protégée des démons tant que je serai en vie mais incapable de faire quoique ce soit pour m'aider, désormais et jusqu'à la fin. Je lui criai de fuir, d'utiliser sa magie pour retourner d'où nous venions. Désormais à l'abri des créatures mange-magie qui l'avaient contrainte au silence, elle était libre, sous ma protection, de se téléporter aux restes du vaisseau. Que quelqu'un survive, malgré tout.. Qu'elle puisse raconter... Moi, je ne puis désormais que les ralentir.
Pourvu qu'elle comprenne mon acte, qu'elle me pardonne un jour. Tant que tu seras en vie, ma soeur, tes pensées et tes souvenirs nous garderons près de toi. Tu seras notre manière d'exister malgré tout, moi, nos parents, nos compagnons... A travers toi, c'est notre famille toute entière qui survis. Nous ne devions pas mourir toutes les deux ce jour.
Désormais... les ténèbres se rapprochent, ma vision s'assombrit. Je ne vois plus rien. Le froid et le silence m'envahissent, inexorablement. Je souris, ou du moins en pensée, car je l'ai vu partir, disparaître dans cet éclat caractéristique de magie et ne laisser derrière elle qu'un nuage de poussière. Ironie du sort... Si j'avais su qu'à son arrivée, choquée, traumatisée, peut être encore atteintes des conséquences de la téléportation dans ce monde mal connu, elle aurait oublié jusqu'à son nom...
- Alors?
- Alors.. quoi?
- Le combat!
- Ah.. Divertissant.
- Tu a vu cette rage, cette furie? Et quelle fin tragique, ce sacrifice, c'est.. pitoyable. Je suis sûr qu'elle fera une magnifique recrue!
- Tu dis ça à chaque fois.
- Je sais! Mais là je le pense.
- Ca aussi tu le dis à chaque fois...
- Arrête d'être pessimiste, je te dis que ce sera un très beau chevalier. Elle va ressasser ses actes en exécutant Sa volonté, ce sera grandiose. Allez viens, allons récupérer son corps avant que ces démons ne la mettent vraiment en pièce. J'ai besoin de me défouler, on va en étriper quelques uns en passant et puis on rentrera.
- Ca me va. Au final, la mission servira à quelque chose, n'est-ce pas? Rien à craindre de ces résidus de la Légion, et tu ramène un trophée... Encore faut-il qu'elle passe l'épreuve...
Il paraît que lors de la mort, on revoit sa vie défiler devant ses yeux. Ce n'est pas tout à fait exact. En fait, on revoit des moments marquants qui ont jalonnés notre vie. Avant que l'obscurité m'enveloppe totalement et à jamais, des souvenirs s'imposèrent à moi.
La naissance de ma soeur, ma première armure, nos fous rire de jeunes filles, le premier baiser, mon intronisation de redresseur de tord et celui d'Alixxe en tant que maîtresse magicienne du feu... Nous étions inséparables, complices à un tel point que si nous avions été jumelles, nous ne l'aurions pas été plus. Et nous avons fait les 400 coups à cette période... A côté des corvées habituelles et des entraînements, nous étions de vraies garces, vraiment. Nous prenions les garçons avant de les jeter, notre réputation ne les empêchaient pas d'essayer encore et encore de nous approcher, de nous draguer, mais encore et encore nous jouions avec.. jusqu'à que je rencontre Khaled. Plus persévérant que les autres, plus sérieux peut être dans ses idées. Il devint mon époux, un frère pour Alixxe. C'était une période heureuse, malgré la fuite et l'exil perpétuel. Une certaine innocence nous baignait encore, la fierté de nos parents nous faisaient chaud au coeur. Et puis...
Khaled est mort, après quelque chose comme 6 de vos siècles vécus ensembles. Sur une planète que nous pensions sûre, lors de son exploration, bien avant Draenor. Celle que nous attendions pour concevoir notre enfant. Nous nous trompions. Jamais nous n'en aurions.
" La Draenographie en 3 dimensions montre deux Draeneï, sur fond de lac et de plaines verdoyantes.
Une est assise sur un rocher, peau foncée, cheveux pâles coupés courts, visage rond et souriant. Elle porte une robe écarlate brodée d'argent.
La seconde Draeneï est debout à côté du rocher, sa peau est plus claire et ses cheveux foncés. Son visage est plus fin et anguleux. Elle porte une armure d'argent ornée de dorure, un bouclier finement gravé est posé à ses pieds. "
Draenor. Cette image me revient en tête, brusquement, alors que ma conscience s'effiloche. Les temps les plus heureux de ma vie. Notre planète, oui, nous l'avions faite nôtre. Enfin nous avions un foyer paisible et prospère, après tant de temps passé à fuir, tant de massacres, tant d'amis perdus. Nous nous pensions en sûreté. Encore une fois c'était une erreur, mais avant ça... Oui, nous avons pu oublier le passé sur Draenor. Alixxe enseignait sa passion pour la magie, quant à moi j'avais des responsabilités en tant que garde du sanctuaire sacré de Shatrath. Nous avions un avenir, enfin.
A ce moment je ne le savais pas encore, mais cette image où nous étions toute deux dans les plaines de ce qui deviendrait "Nagrand" était la seule qui subsisterait de notre vie d'avant et que j'arriverai à sauver dans l'Exodar.
Je pars... Les ténèbres se referment sur cette ultime pensée de ma vie. J'aimerai la garder à jamais, mais il est temps désormais. Le froid, la peur et la douleur disparaissent dans un puit sans fond où je me sens tomber. Adieu, Alixxe... Soit heureuse.
J'ai réussi l'épreuve et revêtu la tenue sombre. Champion parmi des innombrables, relevée de la mort sans l'avoir désiré, imprégnée d'une puissance qui n'était pas la mienne, je suis devenue une nouvelle marionnette aux mains de votre ennemi. Sa volonté est venue s'imposer à moi, repoussant mon esprit aux tréfonds de mon inconscience, muet spectateur de mes actes désormais teintés de rouge.
Que d'atrocités, que de meurtres et de tortures aurais-je commises en Son nom, alors que j'ignorai jusqu'à son histoire. Votre histoire. Ce n'était pas ma place, mais quelque sombre hasard a décidé de m'y mettre. Arthas. Pour lui je décimais des villages entier, femmes, enfants, vieillards. J'égorgeai les hommes, éventrai les femmes enceintes avant de jeter leur foetus même pas encore mort dans un coin de ravin. Ils me nommaient la Dame Sombre et me craignaient plus encore que mes hommes qui n'étaient pourtant pas meilleurs que moi. A croire qu'une femme qui commet de tels crimes est pire qu'un homme.
Et pourtant... Pendant tout ce temps, ces années, par ces yeux caché par le heaume noir, ce qui restait de moi observait avec horreur et découvrait qu'il y avait pire encore que tout ceci. Au fond de moi, dans quelque obscur recoin de mon être, j'aimais ça. Oui, je me délectais de cette furie, de ce sang, de tous ces morts. Et plus ma lame faisait de victime, plus il m'en fallait, et plus mon esprit, les derniers lambeaux de ma volonté, se terrait plus profondément encore, jusqu'à ne plus revenir à la surface et laisser toute la place à Sa volonté, à sa démesure et à ma soif de destruction.
Esclave servile, sans âme et sans volonté autre que celle de notre maître. Puissants comme 10 hommes, sans cesse relevés par les nécromanciens. Ainsi étions nous, serviteurs fidèles et sans pitié.
Ainsi sommes nous partis pour l'ultime bataille, celle qui devait mettre nos ennemis à genou et nous donner un avantage décisif. Cent, mille, une multitude... Qui a déjà tenté de compter les fourmis vaquant à leurs tâches sur leur fourmilière aurait une idée de notre armée. Chevaliers, goules et abominations à perte de vue. Des balistes nous suivaient de près, bientôt positionnées autour de la Chapelle qui se dressait au pied des montagne, insolente preuve matérielle de nos échecs à détruire les servants de la Lumière. Bientôt ils ne seraient plus, et nous serions vainqueurs. Comment en aurait-il pu être autrement? Et pourtant.
Cette terre, à peine avions nous avancés, nous sembla différente. Les voix, les appels, les milliers d'âmes pures précieusement gardées sous la surface nous parlaient, nous imploraient, tentaient d'insinuer le doute et de briser la volonté du maître. Mais la charge fût ordonnée. Et l'élan fût brisé. Sur cette terre consacrée, leur forces étaient décuplées tandis que nous luttions physiquement, mais aussi contre ces voix qui nous envahissaient, contre ces sentiments qui s'accumulaient contre nous, en nous, bonté, mansuétude, pitié... La Lumière elle même tentait de nous briser. Mais elle ne pût que nous affaiblir, jusqu'à qu'IL apparaisse. Fordring. Le but, l'Ennemi de notre maître. Et tout changea... A jamais.
Quelque chose se passa. Nous tous le ressentîmes. Quelque chose... qui dépassait l'entendement. Comment faire comprendre à ceux qui n'y étaient pas les événements qui suivirent? Ce ne sont que des mots et ils ne suffiront pas, mais il peuvent expliquer.
Alors que nous ne comptions plus les pertes, que nos troupes se faisaient décimer, nos goules et nos abominations pulvérisées, et que les armées des croisés tenaient bon, contrairement à toute attente, notre maître, le Roi Liche, Arthas en personne, se matérialisa sur le champ de bataille pour défier l'humain, Tirion Fordring. Tout sembla se figer alors, comme si le temps lui même voulait observer de plus près. Et à cet instant, nous furent abandonnés par celui là même qui nous avait crée. "Je les ai bien envoyé à la mort...". Nous étions des appâts, même les plus forts d'entre nous, même ceux qui dirigeaient les troupes, tous... de simples appâts pour un seul homme. Nous savions que nos existences lui étaient dédiées, mais pas de cette manière. Et à ce moment même, l'air tout entier sembla d'un coup saturer de puissance et le monde bascula.
Un fantôme. Un esprit, un souvenir porté par l'espoir. Mograine...
Certains disent que ce n'était qu'une hallucination, d'autres que c'était une matérialisation des souvenirs de son fils. D'autres encore le nient simplement... Mais quoique que cela ait pu être, quoique que l'on puisse en penser, c'était suffisamment réel pour que le plus puissant d'entre nous, le champion du Roi Liche, trouve la force de briser ses chaînes et se retourne contre le maître. Le reste est légende.
Je sais qu'en moi, dans mon inconscient le plus profond, quelque chose se brisa, se délia, les chaînes qui me tenaient depuis tant d'années se relâchèrent. Comme un noyé que l'on tire de l'eau, subitement, ce qui fût moi, enfoui au plus sombre de mon être, mon esprit ou mon âme revint à la conscience et soudain mon corps fût à nouveau en mon contrôle. Mais quel choc... Je sais qu'après la bataille, après que notre maître fût obligé de fuir, nous sommes restés là, attendant le coup de grâce qui nous délivrerait enfin. Mais il ne vint jamais, au contraire. Et tout devint flou...
J'ai encore en tête le contact de mon arme dans ma main, le silence soudain autour de moi, brisé seulement par le bruit de ma course éperdue, tout droit, sans but, à travers les terres dévastées. Les bêtes et les créatures que je croisais ne faisaient pas long feu sous ma lame. Comme envahie par une folie sans nom, j'avançais sans m'en rendre compte, je fuyais les lieux de ma délivrance. Je n'étais plus tenue par le maître, mais ma volonté ne pouvait reprendre sa place; comme envahie par l'horreur de mes actes passé qui me revenaient en pleine figure, je ne voulais que ma propre destruction.
A un moment où la folie s'estompa, je m'arrêtai vers un plan d'eau claire. Lentement, de mes mains tremblantes et ensanglantées, je retirai mon casque et me penchai vers l'eau. Le reflet qui me fût renvoyé me rappelait à l'atroce vérité; ça n'avait rien d'un cauchemar, je n'allais pas me réveiller soudain. Je hurlait de toutes mes forces, jusqu'à que ma voix se brise, et je remis mon casque, jurant de ne plus laisser voir ce visage qui n'était plus le mien.
Enfin, après des jours, des semaines? Je ne le sais pas moi même. Je fini par arriver dans un vallonnement entouré de collines, non loin des ruines d'une ville. Mes pas désormais faibles me menèrent en une petite chapelle érigée sur un surplomb. Pourquoi là? Qu'est-ce qui m'y amena? Je levai les yeux vers la statue qui semblai me juger et un sentiment de vide absolu m'envahis, ni ténèbres ni Lumière, juste un grand vide et pour la première fois depuis que la Lumière m'avait été arrachée, il y a une éternité de ça, j'éprouvai une impression de paix et de calme absolus. Mes jambes me lâchant soudain, je m'effondrai au pied de la statue et tombait dans une inconscience proche de la mort. C'est là qu'ils me trouvèrent...
Bribes de vie - Ou l'histoire d'une vie.
Les autres.. tous les autres... ils sont tous morts. Les 7 autres. Il ne reste que ma soeur et moi. Alixxe... Que les Naaru nous prennent en pitié, car nous allons mourir ici, ce soir. Sur ce monde que nous nommons désormais "notre monde", sur cette terre qui nous a accueillis après notre fuite. Tout ça.. pour ça..? Pourquoi?
Après l'écrasement du vaisseau, les elfes du continent sont venus à notre secours. Grâce à eux, peu de temps après notre arrivée, nous avons pu partir en petits groupes explorer les environs à la recherche d'éventuels survivants, d'autres qui, comme nous, auraient pu s'enfuir avant qu'il ne soit trop tard. Mais nous n'avons rien trouvé en descendant les côtes vers le sud, rien à part... La légion, de nouveau!
Trop tard pour passer inaperçu, ils nous ont pris par l'arrière. Nous n'avons pas pu sauver les premiers et, petit à petit, tous sont tombés sous leurs coups. Jusqu'à maintenant où nous sommes les dernières survivantes du groupe... Pas pour longtemps.. Alixxe, ma soeur.. Je te jure que je te sauverai, que tu le veuille ou non... Par les Naaru, ils arrivent! Que la Lumière me garde, car je ne compte pas voir l'aube!
Ce n'est pas la douleur, non; plutôt la surprise, en premier... Le choc, l'incrédulité. Puis vient la prise de conscience, et cette impression.. en même temps que la douleur... celle de sentir la lame fouiller ses chairs, pénétrer profondément en soi, celle d'être éventrée, de sentir le métal froid transpercer le corps de part en part et de se sentir partir tandis que l'on est jeté à terre, agonisante... Jamais je n'oublierai ça. Fuir tant de temps et tomber face aux ennemis de toujours, de cette manière. Mais elle est sauvée... Alixxe.
Alors que l'attaque était imminente, je rassemblai toute ma foi et toute ma force pour invoquer la protection de la Lumière, bénie par les Naaru, sur ma soeur; Alixxe, blessée, à l'arrière, se retrouva entourée d'un bouclier saint, un bouclier de pure Lumière, protégée des démons tant que je serai en vie mais incapable de faire quoique ce soit pour m'aider, désormais et jusqu'à la fin. Je lui criai de fuir, d'utiliser sa magie pour retourner d'où nous venions. Désormais à l'abri des créatures mange-magie qui l'avaient contrainte au silence, elle était libre, sous ma protection, de se téléporter aux restes du vaisseau. Que quelqu'un survive, malgré tout.. Qu'elle puisse raconter... Moi, je ne puis désormais que les ralentir.
Pourvu qu'elle comprenne mon acte, qu'elle me pardonne un jour. Tant que tu seras en vie, ma soeur, tes pensées et tes souvenirs nous garderons près de toi. Tu seras notre manière d'exister malgré tout, moi, nos parents, nos compagnons... A travers toi, c'est notre famille toute entière qui survis. Nous ne devions pas mourir toutes les deux ce jour.
Désormais... les ténèbres se rapprochent, ma vision s'assombrit. Je ne vois plus rien. Le froid et le silence m'envahissent, inexorablement. Je souris, ou du moins en pensée, car je l'ai vu partir, disparaître dans cet éclat caractéristique de magie et ne laisser derrière elle qu'un nuage de poussière. Ironie du sort... Si j'avais su qu'à son arrivée, choquée, traumatisée, peut être encore atteintes des conséquences de la téléportation dans ce monde mal connu, elle aurait oublié jusqu'à son nom...
- Alors?
- Alors.. quoi?
- Le combat!
- Ah.. Divertissant.
- Tu a vu cette rage, cette furie? Et quelle fin tragique, ce sacrifice, c'est.. pitoyable. Je suis sûr qu'elle fera une magnifique recrue!
- Tu dis ça à chaque fois.
- Je sais! Mais là je le pense.
- Ca aussi tu le dis à chaque fois...
- Arrête d'être pessimiste, je te dis que ce sera un très beau chevalier. Elle va ressasser ses actes en exécutant Sa volonté, ce sera grandiose. Allez viens, allons récupérer son corps avant que ces démons ne la mettent vraiment en pièce. J'ai besoin de me défouler, on va en étriper quelques uns en passant et puis on rentrera.
- Ca me va. Au final, la mission servira à quelque chose, n'est-ce pas? Rien à craindre de ces résidus de la Légion, et tu ramène un trophée... Encore faut-il qu'elle passe l'épreuve...
Il paraît que lors de la mort, on revoit sa vie défiler devant ses yeux. Ce n'est pas tout à fait exact. En fait, on revoit des moments marquants qui ont jalonnés notre vie. Avant que l'obscurité m'enveloppe totalement et à jamais, des souvenirs s'imposèrent à moi.
La naissance de ma soeur, ma première armure, nos fous rire de jeunes filles, le premier baiser, mon intronisation de redresseur de tord et celui d'Alixxe en tant que maîtresse magicienne du feu... Nous étions inséparables, complices à un tel point que si nous avions été jumelles, nous ne l'aurions pas été plus. Et nous avons fait les 400 coups à cette période... A côté des corvées habituelles et des entraînements, nous étions de vraies garces, vraiment. Nous prenions les garçons avant de les jeter, notre réputation ne les empêchaient pas d'essayer encore et encore de nous approcher, de nous draguer, mais encore et encore nous jouions avec.. jusqu'à que je rencontre Khaled. Plus persévérant que les autres, plus sérieux peut être dans ses idées. Il devint mon époux, un frère pour Alixxe. C'était une période heureuse, malgré la fuite et l'exil perpétuel. Une certaine innocence nous baignait encore, la fierté de nos parents nous faisaient chaud au coeur. Et puis...
Khaled est mort, après quelque chose comme 6 de vos siècles vécus ensembles. Sur une planète que nous pensions sûre, lors de son exploration, bien avant Draenor. Celle que nous attendions pour concevoir notre enfant. Nous nous trompions. Jamais nous n'en aurions.
" La Draenographie en 3 dimensions montre deux Draeneï, sur fond de lac et de plaines verdoyantes.
Une est assise sur un rocher, peau foncée, cheveux pâles coupés courts, visage rond et souriant. Elle porte une robe écarlate brodée d'argent.
La seconde Draeneï est debout à côté du rocher, sa peau est plus claire et ses cheveux foncés. Son visage est plus fin et anguleux. Elle porte une armure d'argent ornée de dorure, un bouclier finement gravé est posé à ses pieds. "
Draenor. Cette image me revient en tête, brusquement, alors que ma conscience s'effiloche. Les temps les plus heureux de ma vie. Notre planète, oui, nous l'avions faite nôtre. Enfin nous avions un foyer paisible et prospère, après tant de temps passé à fuir, tant de massacres, tant d'amis perdus. Nous nous pensions en sûreté. Encore une fois c'était une erreur, mais avant ça... Oui, nous avons pu oublier le passé sur Draenor. Alixxe enseignait sa passion pour la magie, quant à moi j'avais des responsabilités en tant que garde du sanctuaire sacré de Shatrath. Nous avions un avenir, enfin.
A ce moment je ne le savais pas encore, mais cette image où nous étions toute deux dans les plaines de ce qui deviendrait "Nagrand" était la seule qui subsisterait de notre vie d'avant et que j'arriverai à sauver dans l'Exodar.
Je pars... Les ténèbres se referment sur cette ultime pensée de ma vie. J'aimerai la garder à jamais, mais il est temps désormais. Le froid, la peur et la douleur disparaissent dans un puit sans fond où je me sens tomber. Adieu, Alixxe... Soit heureuse.
J'ai réussi l'épreuve et revêtu la tenue sombre. Champion parmi des innombrables, relevée de la mort sans l'avoir désiré, imprégnée d'une puissance qui n'était pas la mienne, je suis devenue une nouvelle marionnette aux mains de votre ennemi. Sa volonté est venue s'imposer à moi, repoussant mon esprit aux tréfonds de mon inconscience, muet spectateur de mes actes désormais teintés de rouge.
Que d'atrocités, que de meurtres et de tortures aurais-je commises en Son nom, alors que j'ignorai jusqu'à son histoire. Votre histoire. Ce n'était pas ma place, mais quelque sombre hasard a décidé de m'y mettre. Arthas. Pour lui je décimais des villages entier, femmes, enfants, vieillards. J'égorgeai les hommes, éventrai les femmes enceintes avant de jeter leur foetus même pas encore mort dans un coin de ravin. Ils me nommaient la Dame Sombre et me craignaient plus encore que mes hommes qui n'étaient pourtant pas meilleurs que moi. A croire qu'une femme qui commet de tels crimes est pire qu'un homme.
Et pourtant... Pendant tout ce temps, ces années, par ces yeux caché par le heaume noir, ce qui restait de moi observait avec horreur et découvrait qu'il y avait pire encore que tout ceci. Au fond de moi, dans quelque obscur recoin de mon être, j'aimais ça. Oui, je me délectais de cette furie, de ce sang, de tous ces morts. Et plus ma lame faisait de victime, plus il m'en fallait, et plus mon esprit, les derniers lambeaux de ma volonté, se terrait plus profondément encore, jusqu'à ne plus revenir à la surface et laisser toute la place à Sa volonté, à sa démesure et à ma soif de destruction.
Esclave servile, sans âme et sans volonté autre que celle de notre maître. Puissants comme 10 hommes, sans cesse relevés par les nécromanciens. Ainsi étions nous, serviteurs fidèles et sans pitié.
Ainsi sommes nous partis pour l'ultime bataille, celle qui devait mettre nos ennemis à genou et nous donner un avantage décisif. Cent, mille, une multitude... Qui a déjà tenté de compter les fourmis vaquant à leurs tâches sur leur fourmilière aurait une idée de notre armée. Chevaliers, goules et abominations à perte de vue. Des balistes nous suivaient de près, bientôt positionnées autour de la Chapelle qui se dressait au pied des montagne, insolente preuve matérielle de nos échecs à détruire les servants de la Lumière. Bientôt ils ne seraient plus, et nous serions vainqueurs. Comment en aurait-il pu être autrement? Et pourtant.
Cette terre, à peine avions nous avancés, nous sembla différente. Les voix, les appels, les milliers d'âmes pures précieusement gardées sous la surface nous parlaient, nous imploraient, tentaient d'insinuer le doute et de briser la volonté du maître. Mais la charge fût ordonnée. Et l'élan fût brisé. Sur cette terre consacrée, leur forces étaient décuplées tandis que nous luttions physiquement, mais aussi contre ces voix qui nous envahissaient, contre ces sentiments qui s'accumulaient contre nous, en nous, bonté, mansuétude, pitié... La Lumière elle même tentait de nous briser. Mais elle ne pût que nous affaiblir, jusqu'à qu'IL apparaisse. Fordring. Le but, l'Ennemi de notre maître. Et tout changea... A jamais.
Quelque chose se passa. Nous tous le ressentîmes. Quelque chose... qui dépassait l'entendement. Comment faire comprendre à ceux qui n'y étaient pas les événements qui suivirent? Ce ne sont que des mots et ils ne suffiront pas, mais il peuvent expliquer.
Alors que nous ne comptions plus les pertes, que nos troupes se faisaient décimer, nos goules et nos abominations pulvérisées, et que les armées des croisés tenaient bon, contrairement à toute attente, notre maître, le Roi Liche, Arthas en personne, se matérialisa sur le champ de bataille pour défier l'humain, Tirion Fordring. Tout sembla se figer alors, comme si le temps lui même voulait observer de plus près. Et à cet instant, nous furent abandonnés par celui là même qui nous avait crée. "Je les ai bien envoyé à la mort...". Nous étions des appâts, même les plus forts d'entre nous, même ceux qui dirigeaient les troupes, tous... de simples appâts pour un seul homme. Nous savions que nos existences lui étaient dédiées, mais pas de cette manière. Et à ce moment même, l'air tout entier sembla d'un coup saturer de puissance et le monde bascula.
Un fantôme. Un esprit, un souvenir porté par l'espoir. Mograine...
Certains disent que ce n'était qu'une hallucination, d'autres que c'était une matérialisation des souvenirs de son fils. D'autres encore le nient simplement... Mais quoique que cela ait pu être, quoique que l'on puisse en penser, c'était suffisamment réel pour que le plus puissant d'entre nous, le champion du Roi Liche, trouve la force de briser ses chaînes et se retourne contre le maître. Le reste est légende.
Je sais qu'en moi, dans mon inconscient le plus profond, quelque chose se brisa, se délia, les chaînes qui me tenaient depuis tant d'années se relâchèrent. Comme un noyé que l'on tire de l'eau, subitement, ce qui fût moi, enfoui au plus sombre de mon être, mon esprit ou mon âme revint à la conscience et soudain mon corps fût à nouveau en mon contrôle. Mais quel choc... Je sais qu'après la bataille, après que notre maître fût obligé de fuir, nous sommes restés là, attendant le coup de grâce qui nous délivrerait enfin. Mais il ne vint jamais, au contraire. Et tout devint flou...
J'ai encore en tête le contact de mon arme dans ma main, le silence soudain autour de moi, brisé seulement par le bruit de ma course éperdue, tout droit, sans but, à travers les terres dévastées. Les bêtes et les créatures que je croisais ne faisaient pas long feu sous ma lame. Comme envahie par une folie sans nom, j'avançais sans m'en rendre compte, je fuyais les lieux de ma délivrance. Je n'étais plus tenue par le maître, mais ma volonté ne pouvait reprendre sa place; comme envahie par l'horreur de mes actes passé qui me revenaient en pleine figure, je ne voulais que ma propre destruction.
A un moment où la folie s'estompa, je m'arrêtai vers un plan d'eau claire. Lentement, de mes mains tremblantes et ensanglantées, je retirai mon casque et me penchai vers l'eau. Le reflet qui me fût renvoyé me rappelait à l'atroce vérité; ça n'avait rien d'un cauchemar, je n'allais pas me réveiller soudain. Je hurlait de toutes mes forces, jusqu'à que ma voix se brise, et je remis mon casque, jurant de ne plus laisser voir ce visage qui n'était plus le mien.
Enfin, après des jours, des semaines? Je ne le sais pas moi même. Je fini par arriver dans un vallonnement entouré de collines, non loin des ruines d'une ville. Mes pas désormais faibles me menèrent en une petite chapelle érigée sur un surplomb. Pourquoi là? Qu'est-ce qui m'y amena? Je levai les yeux vers la statue qui semblai me juger et un sentiment de vide absolu m'envahis, ni ténèbres ni Lumière, juste un grand vide et pour la première fois depuis que la Lumière m'avait été arrachée, il y a une éternité de ça, j'éprouvai une impression de paix et de calme absolus. Mes jambes me lâchant soudain, je m'effondrai au pied de la statue et tombait dans une inconscience proche de la mort. C'est là qu'ils me trouvèrent...